Solidarité avec la Guyane en grève générale

mercredi 5 avril 2017.
 

G) Grève générale en Guyane (Philippe Juraver, PG)

Cette région de France située en Amérique du Sud, la deuxième plus grande région de France par sa superficie, la plus riche au monde en matière de biodiversité tant animale que végétale, fierté industrielle en France et en Europe par son industrie spatiale ne retient aucune attention particulière du gouvernement Hollande.

44% de la population est en dessous du seuil de pauvreté. « On tire des fusées sur fond de bidonvilles » disait François Mitterrand. Ça n’a pas changé en 2017.

Le Parti de Gauche rappelle que la France est une et indivisible. Tous les Français naissent égaux en droit. La dignité n’est pas le privilège de certains.

Le Parti de Gauche apporte tout son soutien au peuple de Guyane en grande souffrance.

F) Un grand mouvement social en Guyane : « Le résultat d’une situation coloniale » (NPA)

Entretien. Fabien Canavy est secrétaire adjoint du MDES (Mouvement pour la décolonisation et l’émancipation sociale). Avec lui, nous revenons sur la mobilisation qui secoue la Guyane depuis quelques jours.

Quelle est ton appréciation du mouvement actuel ?

C’est un mouvement qui touche toute la Guyane. Il est parti d’une revendication sur l’insécurité qui est pour nous une conséquence de la façon dont notre pays est traité depuis des centaines d’années. C’est le résultat d’une situation coloniale où l’on ne met pas de développement, où l’on ne met pas de l’éducation et qui conduit au chômage de masse et à toutes sortes de déviances : insécurité, trafic de drogue, alcool, suicide (notamment chez les jeunes autochtones).

On assiste aujourd’hui à un mouvement de grande ampleur qui s’interroge sur les causes. Par exemple, ce barrage sur le rectorat, pour l’éducation, pour des constructions scolaires (il faut construire 5 lycées, 10 collèges et 500 places en primaire d’ici à 2020), pour des programmes liés aux réalités de la Guyane, pour plus d’enseignants, des classes avec moins d’effectifs, un enseignement de qualité, et des enseignements en langues maternelles (il y a au moins 6 nations autochtones en Guyane, 4 groupes Bushinengé [descendants d’esclaves qui ont marronné], etc.) qui touche toutes les composantes de la société.

Et il y a un glissement des protestations du départ vers la recherche des causes et donc des solutions à la situation désastreuse actuelle. C’est un mouvement très positif qui est en train de se renforcer et il faut être vigilant, face au gouvernement qui va essayer de le fissurer, le diviser et l’affaiblir.

Des revendications qui remontent de toute la Guyane, c’est un mouvement assez inédit...

Oui et non. Oui par son ampleur, mais en Guyane, à peu près tous les 10-15 ans, il y a des mouvements sociaux où l’on voit surgir des revendications de toute nature, logiques et naturelles, de la part de populations qui souffrent dans leur quotidien à cause de leur conditions de logement, de l’absence de travail, et de la négation de leur culture. Du coup, des revendications de départ concernant l’insécurité, on assiste aujourd’hui à la remontée de multiples revendications.

En quoi consiste le collectif « Pou Lagwiyann dékolé » (« Pour que la Guyane décolle ») ?

C’est une fédération des collectifs qui essaie d’organiser les différentes revendications qui viennent de partout : associations, syndicats de profs, EDF, collectifs étudiants, lycéens et citoyens (Sic) qui sont actifs sur toute la Guyane, de Maripa-Soula, de Camopi, de Saül (les communes dites isolées car on ne peut y aller qu’en pirogue ou en petit avion). On espère que ce collectif des collectifs organise les revendications, mais fasse aussi en sorte que la mobilisation se maintienne !

Quelle est la place du MDES dans ce mouvement ?

Nous l’accompagnons de toutes nos forces, avec tous nos moyens, aussi bien par notre présence active sur les barrages que par nos prises de parole, par nos publications. Nous avons un tract qui s’appelle BIDIM, où l’on explique que le MDES connaît depuis 25 ans les causes de la grogne, et que ce qui nous arrive était prévisible. Et il s’agit de s’attaquer au mal par la racine, en grande partie liée à la situation coloniale en Guyane.

Que pense le MDES de la délégation interministérielle qui est arrivée en Guyane ?

C’est une marque de mépris du gouvernement français et aussi une manière de diviser, car nous voyons bien que certains secteurs vont essayer de négocier leur bout de gras avec la délégation. C’est préjudiciable au mouvement.

Le mouvement pourrait-il se diviser de cette façon ?

La garantie du mouvement, c’est l’engouement populaire, et nous l’avons déjà vu en 2008 pendant les grandes manifestations contre la hausse des prix du carburant [la Guyane avait été bloquée pendant deux semaines en fin d’année 2008, inspirant ensuite le LKP de Guadeloupe en 2009]. La population y avait été le garant du maintien de la mobilisation, alors que les transporteurs routiers voulaient se retirer du mouvement car il avait eu une satisfaction partielle. La population avait dit « Non, vous restez sur place car nous avons demandé plus ! » Et c’est ce qui s’est passé...

Quels sont les ministres attendus en Guyane ?

C’est le collectif des 500 frères qui a demandé la venue des ministres de l’Intérieur, de la Santé, des Finances et de l’Agriculture, pour traiter des problèmes de fond que nous connaissons.

Un dernier mot ?

Je souhaite que l’enthousiasme se maintienne, car aujourd’hui nous n’avons pas le droit d’abandonner le peuple guyanais qui se mobilise sur les barrages.

Propos recueillis par Leila Soula

par CANAVY Fabien , SOULA Leila

Source : https://npa2009.org/actualite/inter...

E) Guyane. Plus de 10.000 manifestants pour la "journée morte" (L’Humanité)

Plus de 10.000 manifestants battaient le pavé mardi à Cayenne et Saint-Laurent-du-Maroni pour la "journée morte" marquant le deuxième jour de la "grève générale illimitée" en Guyane, a constaté une correspondante de l’AFP.

Alors que 250.000 personnes vivent en Guyane, la préfecture a comptabilisé respectivement 8.000 et 3.500 participants dans ces deux villes, les deux plus grandes du territoire. La mobilisation a été qualifiée d’"historique" par des marcheurs. "Je n’ai jamais vu autant de monde sortir dans la rue", a remarqué l’un d’eux, alors qu’un autre confiait n’avoir "jamais vu une mobilisation d’un tel niveau". Dans Cayenne, l’avenue de Gaulle, qui mène au centre historique, était noire de monde à 10H00 (15H00 heure de Paris). Les manifestants défilaient en chantant, dans une ambiance bon enfant.

Beaucoup de drapeaux guyanais étaient brandis, ainsi que des banderoles reprenant le slogan "nou bon ké sa" - "ça suffit" en créole guyanais - qui a fleuri ces derniers jours sur les nombreux barrages installés dans les villes du territoire. Les "500 frères", un mouvement de citoyen créé récemment pour lutter contre "l’insécurité en Guyane", composé d’hommes toujours cagoulés, a ouvert le cortège, suivi d’un groupe amérindien.

"Nous voulons que l’Etat nous donne les moyens. Ca fait trop longtemps que ça dure, l’Etat doit reconnaître la population guyanaise", a affirmé une manifestante. Un autre a réclamé un "plan de développement pour qu’il y ait du boulot pour tout le monde", "parce que ce n’est pas le cas et ça le sera de moins en moins". 37 syndicats réunis au sein de l’Union des travailleurs guyanais (UTG) ont voté samedi à la quasi-unanimité en faveur d’une "grève générale illimitée", à partir de lundi.

D) Solidarité avec les luttes et mobilisations en Guyane (Ensemble !)

La Gwiyann lévé ! La Guyane debout !

Une série de mobilisations se déroulent en Guyane depuis plusieurs semaines à l’initiative de divers collectifs. Elles ont pour point commun un ras-le-bol général et le souhait de voir enfin la Guyane pouvoir vivre de ses richesses. Le mouvement s’est généralisé depuis le 23 mars, bloquant en particulier les voies de communication, et entraînant la paralysie de toutes les activités économiques, des écoles, services et administrations. L’unanimité des syndicats membres de l’Union des Travailleurs de Guyane (UTG), la principale organisation syndicale du pays a appelé vendredi à la grève générale, à durée illimitée, à partir de ce lundi 27 mars 2017.

Au delà de ses contradictions, voire de ses ambivalences, ce mouvement de masse remet notamment en cause la manière dont la France et l’Europe utilisent la Guyane pour les besoins du Centre Spatial Guyanais de Kourou, tout en concentrant tous les moyens publics pour ce site, et en laissant le reste du pays en souffrance.

Collectifs et syndicats réclament notamment : des moyens publics pour que le Centre Médical de Kourou CMK reste public (face à une annonce de privatisation) et ait les moyens de fonctionner ; des constructions de collèges et de lycées ; une amélioration des routes et des transports ; d’autres conditions de travail dans le secteur de l’énergie électrique ; d’autres conditions pour la pêche et l’agriculture ; une autre répartition des marchés de construction du pas de tir de la future fusée Ariane 6 ; d’autres règles d’exploitation forestière ; l’arrêt de la violence et de la criminalité…

La mobilisation a reçu le soutien de l’ensemble des élu-e-s de Guyane. Ils et elles réclament notamment la venue de ministres français-es en Guyane, afin que des accords puissent être signés immédiatement. Les promesses non tenues de François Hollande à la Guyane lui sont rappelées et les élu-e-s espèrent obtenir, avant la fin du quinquennat, des décisions qui engagent l’État français.

Le choix du gouvernement de n’envoyer en Guyane qu’une mission interministérielle sans ministres est reçue comme une marque de mépris par de nombreux-ses acteurs et actrices du mouvement en cours.

Ce mouvement met en lumière la situation coloniale de la Guyane et des autres possessions françaises d’Outre-mer.

« Ensemble ! » exprime sa solidarité aux Guyanaises et Guyanais en lutte, soutient leur mobilisation et appelle à contribuer à la réussite de la grève générale pour arriver à des solutions sociales, écologiques, démocratiques et solidaires en Guyane, pour son droit de vivre de ses richesses, aujourd’hui accaparés par quelques-uns.

Il est nécessaire d’engager une concertation de l’ensemble de la population vivant en Guyane, avec ou sans papiers, et de s’opposer aux tentations de recherche de bouc-émissaires parmi les plus pauvres et fragiles des habitant-e-s de Guyane, souvent venu-e-s dans des conditions difficiles des pays voisins.

L’implication et le soutien de toutes les forces sociales, écologiques, démocratiques et solidaires est essentielle pour que la mobilisation permette une réelle émancipation de la Guyane, des Guyanaises et des Guyanais, dans le respect des populations, y compris étrangères et sans-papiers, ainsi que de la nature et de l’environnement.

« Ensemble ! » appelle l’ensemble des forces de gauche et du mouvement social de France à organiser de manière unitaire la solidarité avec les Guyanais et les Guyanaises.

Communiqué d’Ensemble !, le 26 mars 2017.

C) La solidarité doit se développer sans délai avec les travailleurs et la population de Guyane (CGT)

Le mouvement de toute une population est méprisé par un Premier Ministre finissant qui prend, en guise de réponse, les accents du colonialiste qui parle effectifs de police et gendarmerie contre les travailleurs grévistes. Bernard Cazeneuve reste buté sur une délégation ministérielle aux vagues intentions qui pourrait annoncer une violente répression.

Ce département français d’Amérique, voisin du Brésil, de 245 000 habitants pour 83 846 km2, est passé du statut de colonie pénitencière (abritant les bagnes de la République) à territoire ultra pauvre sacrifié sur l’autel du pas de tir de Kourou.

Pendant que la base de lancement européenne est protégée par le 3e régiment étranger d’infanterie de la Légion, le 9e régiment d’infanterie de marine, la base aérienne 367, sans compter une base navale et un nombreux contingent de gendarmes, le peuple est à moitié sous le seuil de pauvreté, soit un Guyanais sur deux.

Dans ce pays qui parle créole et la langue de Molière, 10 000 jeunes en âge d’être scolarisés n’ont pas de place dans des établissements vétustes. Le taux de chômage y est effroyable. La Guyane représente pour son malheur un des quartiers les plus pauvres, les plus négligés que la République ignore.

Les 37 syndicats du pays ont opéré un vaste mouvement unitaire et lancé une grève générale illimitée par soutien aux travailleurs de la logistique de Kourou. Et la population, rassemblée, se reconnaît dans ce mouvement qui porte les exigences globales de toutes et tous.

La Guyane en lutte, c’est Nuit Debout rouge Brésil  ! Nous nous reconnaissons dans un mouvement ultra-majoritaire qui refuse une journée de plus de voir la vie des Guyanais volée par le lobby ultra-riche de l’Aérospatiale.

Nous nous engageons, dans nos luttes comme dans nos actions, à développer la solidarité avec le peuple guyanais et son mouvement gréviste. Cette tâche est pour nous celle de tous les syndicalistes.

En ce sens, et pour donner écho aux souffrances de ce peuple travaillant dur, qui ne diffèrent aucunement de la misère et de la précarité dans laquelle cantonnent les riches et les puissants le peuple de France, notre premier rendez-vous sera social, le 22 avril.

Tous ensemble pour le Premier Tour social.

Donnons l’écho à la colère des travailleurs  !

B) Crise en Guyane : la porte-parole de Jean-Luc Mélenchon a critiqué, lundi 27 mars, l’absence de ministres en Guyane, pour répondre à des revendications "basiques"

La porte-parole du candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, invitée de franceinfo lundi 27 mars, a regretté l’envoi de fonctionnaires au lieu de ministres en Guyane où commence aujourd’hui une grève générale. Selon Raquel Garrido, "la dignité politique implique que lorsque 240 000 Français revendiquent des droits basiques, à l’éducation, l’eau, l’électricité, à des hôpitaux, la moindre des choses, c’est de se déplacer pour écouter, surtout quand on a fait des promesses non tenues". La porte-parole du candidat de la France insoumise a ajouté : "C’est une question de dignité. La responsabilité politique pour moi, c’est de la dignité politique."

A) Guyane : le syndicat UTG vote la grève générale à partir de lundi

Les 37 syndicats réunis au sein de l’Union des travailleurs guyanais (UTG) ont voté samedi à l’unanimité la grève générale, à compter de lundi sur ce territoire ultramarin confronté à un mouvement social, a annoncé à l’AFP le secrétaire général de l’UTG, Albert Darnal.

Alors que la Guyane est touchée depuis plusieurs jours par un mouvement social d’ampleur, cette grève générale a été décidée pour protéger les salariés grévistes dans des secteurs très divers, a précisé M. Darnal. Cette annonce intervient alors qu’une mission interministérielle, dépêchée par le gouvernement et conduite par Jean-François Cordet, conseiller maître à la Cour des comptes et ancien préfet de Guyane, doit arriver dans l’après-midi à Cayenne.

Elle est également composée de plusieurs hauts fonctionnaires connaissant bien la Guyane et issus de différents ministères, dont Michel Yahiel, commissaire général de France Stratégie et ex-conseiller social de François Hollande. Un peu plus tôt, à Paris, le Premier ministre Bernard Cazeneuve avait appelé à "l’apaisement" et au "dialogue" en Guyane. "J’appelle à l’apaisement, j’appelle au calme, j’appelle au dialogue parce que rien ne se construit dans le désordre et l’affrontement", a-t-il déclaré en marge d’une visite au Salon du livre, à Paris.

"Nous avons pris des dispositions de manière à ce que le dialogue puisse s’engager en Guyane, que nous puissions prendre des mesures le plus rapidement possible qui doivent être prises", a souligné le chef du gouvernement. "La situation est toujours tendue. Nous n’avons plus de barrages sauvages, mais ça reste compliqué", a pour sa part déclaré à l’AFP la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts.

Elle a souligné que la mission interministérielle devait notamment examiner les demandes de "court et moyen termes". "Par exemple, nous tenons à souligner qu’il n’y aura pas de retrait de la Croix Rouge du centre médical de Kourou", a-t-elle insisté Une dizaine de barrages obstruaient depuis jeudi une dizaine de ronds-points stratégiques du littoral guyanais, bloquant notamment l’entrée de Cayenne.

Ce mouvement de protestation regroupe des salariés d’EDF, des collectifs contre l’insécurité, un collectif dénonçant l’insuffisance de l’offre de soins et les retards structurels en matière de santé, ou encore des socio-professionnels et des transporteurs. Les manifestations et blocages ont notamment conduit Arianespace à ajourner le lancement de la fusée Ariane 5, vitrine économique du territoire. Le rectorat a décidé de fermer les établissements scolaires jusqu’à nouvel ordre.

Source AFP


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