Ma libellule (François Fabié)

samedi 13 mai 2017.
 

En te voyant toute mignonne,

Blanche dans ta robe d’azur,

Je pensais à quelque madone

Drapée en un pan de ciel pur ;

*

Je songeais à ces belles saintes

Que l’on voyait, du temps jadis,

Sourire sur les vitres peintes,

Montrant du doigt le paradis ;

*

Et j’aurais voulu, loin du monde

Qui passait frivole entre nous,

Dans quelque retraite profonde,

T’adorer seul à deux genoux…

*

* *

Soudain, un caprice bizarre

Change la scène et le décor,

Et mon esprit au loin s’égare

Sur de grands prés d’azur et d’or,

*

Où, près de ruisseaux minuscules,

Gazouillants comme des oiseaux,

Se poursuivent les libellules,

Ces fleurs vivantes des roseaux.

*

– Enfant, n’es-tu pas l’une d’elles

Qui me suit pour me consoler ?

Vainement tu caches tes ailes :

Tu marches, mais tu sais voler.

*

Petite fée au bleu corsage,

Que je connus dès mon berceau,

En revoyant ton doux visage,

Je pense aux joncs de mon ruisseau !

*

Veux-tu qu’en amoureux fidèles

Nous retournions dans ces prés verts ?

Libellule, reprends tes ailes,

Moi, je brûlerai tous mes vers ;

*

Et nous irons, sous la lumière

D’un ciel plus frais et plus léger,

Chacun dans sa forme première,

Moi courir, et toi voltiger.

François Fabié, Fleurs de genêts


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