Dette : les Grecs saignés à blanc

jeudi 18 mai 2017.
 

Un air de déjà-vu. C’est ce qui ressort du dernier accord négocié entre le gouvernement grec (ce qui reste de Syriza, la majorité du parti l’ayant désormais abandonné) et les institutions européennes, créancières directes de la Grèce depuis qu’elles se sont substituées aux créanciers privés. Ce nouvel accord est un énième naufrage de la stratégie d’accomodements avec l’Union européenne.

La prochaine échéance de remboursement des « partenaires européens » est fixée en juillet. Simplement, les 7 milliards d’euros réclamés sont absents des caisses du pays, d’autant plus que les scénarios de relance économique, de rupture monétaire ou de redistribution fiscale ont été écartés au cours de la crise de l’été 2015 qui a vu la capitulation d’Alexis Tsipras. Aussi l’Eurogroupe a-t-il imposé de nouvelles conditions à la Grèce pour lui éviter le défaut de paiement. Il exige 3,6 milliards d’économies nouvelles. Elles passent par une diminution des retraites (-9 % en moyenne) et un accroissement de la fiscalité sur les plus pauvres (les personnes qui perçoivent moins de 5900€ par an, soit 491€ par mois en moyenne, ne seront plus exemptées d’impôt sur le revenu). Il s’agit de la quatorzième réduction du montant des pensions de retraite depuis 2009 ! Et ces coupes ont des conséquences bien au-delà des retraités, car les pensions servent à financer les études des petits-enfants, à dépanner les enfants, à régler les frais de santé familiaux imprévisibles...

Pour faire avaler cela au Parlement, tenu de voter en quatrième vitesse des textes pas toujours traduits en grec, Alexis Tsipras argumente qu’il adoptera des mesures anti-pauvreté d’un montant équivalent. Mais alors pourquoi prendre aux pauvres sous prétexte de leur rendre autant ? Et fort courageusement, les réformes ne rentreront en application qu’en 2019 et 2020… comme cadeau de bienvenue au prochain gouvernement. Face à cette continuité de la crise, le Fonds Monétaire International a rappelé que la dette publique grecque (issue en majeure partie de mécanismes spéculatifs et en croissance constante depuis les premiers plans d’austérité) n’est ni soutenable ni remboursable. Encore une fois, le gouvernement allemand a jeté la note du FMI à la poubelle. Il préfère montrer les muscles afin de gagner les élections fédérales de septembre sur une ligne dure, et finir de clouer au pilori un gouvernement qui avait eu quelques velléités de relever la tête.

Hadrien TOUCEL


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message