Raquel Garrido (La France insoumise) : L’affaire Ferrand, "c’est l’affaire du gouvernement"

samedi 3 juin 2017.
 

Contrairement à beaucoup d’adversaires politiques de la majorité présidentielle, la porte-parole de La France insoumise n’a pas appelé à la démission de Richard Ferrand, mardi sur Europe 1.

INTERVIEW

"C’est leur affaire", a estimé Raquel Garrido, la porte-parole de La France insoumise, mardi dans Europe nuit à propos de la polémique impliquant Richard Ferrand. La porte-parole du parti de Jean-Luc Mélenchon s’est par ailleurs dite "étonnée" de la réaction d’Édouard Philippe, au 20H de France 2. À la question de savoir si le ministre de la Cohésion des territoires pouvait rester au gouvernement, le Premier ministre a répondu : "Je dis oui, après avoir parfaitement compris, avoir parfaitement conscience de l’exaspération des Français, de leur émotion, de leur agacement".

"Pas très courageux comme façon de faire". "Je suis étonnée qu’il fasse ça. C’est se mettre en danger, mettre en danger le gouvernement pour quelqu’un qui n’en vaut pas la peine", a-t-elle lancé au micro d’Europe 1. "Ça me donne l’impression qu’il appelle lui-même les électeurs de sa circonscription à le battre afin de se débarrasser du problème dans quelques jours. Je ne trouve pas ça très courageux comme façon de faire", a-t-elle encore souligné. "Dans le fond, le Premier ministre devrait lui-même donner son opinion".

"Leur cape n’était pas si blanche". Cependant, la porte-parole de La France insoumise ne s’est pas jointe aux nombreux appels à la démission du ministre. "Je ne suis pas certaine qu’il faille qu’il démissionne. C’est leur affaire. Ils se sont survendus comme étant les tenants de la moralisation, et aujourd’hui on s’aperçoit que leur cape n’était pas si blanche", a-t-elle conclu.

D) Richard Ferrand soupçonné de "mélange des genres" entre intérêts publics et privés

Source : http://www.lemonde.fr/politique/art...

Déjà épinglé dans le cadre d’une affaire immobilière impliquant sa compagne, le ministre de la Cohésion des territoires est accusé par une enquête du Monde d’avoir mêlé vie publique et affaires privées depuis une vingtaine d’années. Des faits qui ne revêtent pas forcément un caractère illégal, mais qui donnent une impression de "mélange des genres".

L’étau se resserre-t-il autour de Richard Ferrand ? Alors que de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer la démission du ministre de la Cohésion des territoires, épinglé pour une affaire immobilière impliquant sa compagne, le journal Le Monde pointe de nouveaux éléments attestant de ce que le quotidien appelle un "mélange des genres" entre affaires privées et vie publique.

Une enquête publiée dans l’édition du journal imprimée ce mardi et datée de mercredi évoque plusieurs faits, dont aucun "ne revêt a priori" un "caractère illégal", précise la publication, mais dont certains appellent des clarifications. Tour d’horizon, point par point, de ces révélations.

Un échange de bons procédés avec la nouvelle directrice ?

Le ministre a dirigé les Mutuelles de Bretagne de 1998 à 2012, un organisme à but non lucratif financé par ses adhérents, jusqu’à son élection comme député. L’article du Monde évoque tout d’abord un possible échange de bons procédés entre Richard Ferrand et Joëlle Salaün, qui lui a succédé à la tête des Mutuelles, comme directrice générale. Après son élection comme député, il a continué à travailler pour les Mutuelles, obtenant un poste de chargé de mission auprès de la nouvelle directrice, payé 1250 euros par mois, pendant toute la législature de 2012 à 2017.

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Le conseil d’administration de l’organisme aurait nommé Joëlle Salaün sur proposition de Richard Ferrand, alors qu’elle était son ancienne adjointe. Par la suite, quand Richard Ferrand est arrivé à l’Assemblée, il aurait embauché comme assistant parlementaire le conjoint de Joëlle Salaün, Hervé Clabon. Un recrutement que le futur ministre aurait omis de signaler à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) dans sa déclaration d’intérêts de 2014. Interrogé par Le Monde, le ministre conteste toute irrégularité.

"J’ai fait ma déclaration [auprès de la HATVP] le 25 janvier 2014. A cette date, Hervé Clabon ne travaillait pas avec moi dans le cadre d’un contrat de travail, même s’il était très présent", fait-il valoir.

Contacté par BFMTV, Hervé Clabon dément certains points évoqués par Le Monde.

Des contrats des Mutuelles pour la compagne de Ferrand ?

Le Monde s’intéresse ensuite à l’actuelle compagne de Richard Ferrand, Sandrine Doucen, qui aurait bénéficié de plusieurs contrats grâce aux Mutuelles.

"Outre des consultations juridiques régulières pour les Mutuelles de Bretagne, l’avocate aurait secondé M. Ferrand à la direction générale de l’organisme au tournant des années 2000, alors qu’elle s’apprêtait à passer le concours d’avocat", écrit le quotidien.

D’autres contrats pour son ex-femme ?

L’ex-femme de Richard Ferrand, Françoise Coustal, aurait, elle aussi, bénéficié de plusieurs contrats après le divorce du couple, en 1994. Une information que l’intéressée a confirmé, au moins pour un contrat, auprès de BFMTV.

D’après le quotidien, cette artiste plasticienne a obtenu plusieurs marchés d’aménagements de locaux gérés par le réseau des Mutuelles, de 2002 à 2013. Dont un pour le chantier d’un Ehpad ouvert par les Mutuelles à Guilers, près de Brest. Elle a réalisé l’aménagement sonore et visuel de la résidence, à la demande du Logis Breton, l’opérateur du projet. Le patron de l’opérateur confirme que Françoise Coustal lui avait été conseillée par les Mutuelles de Bretagne.

Le Monde ajoute que "1,66 million d’euros de subventions publiques ont été accordées, pour la construction et l’équipement de cet Ehpad, par le conseil général du Finistère, où M. Ferrand a été élu de 1998 à 2011". A l’époque, il était l’un des vice-présidents du conseil général.

"Aucun conflit d’intérêts", répond Richard Ferrand, interrogé par Le Monde, "puisqu’il s’agit d’un prestataire sollicité par les responsables des services, en l’occurrence sous l’autorité de ma successeure et en pleine connaissance des compétences de l’intéressée. Tout le monde sait que nous avions été mariés."

Les intérêts des Mutuelles défendus à l’Assemblée ?

L’enquête évoque enfin une proposition de loi déposée par Richard Ferrand et d’autres députés socialistes en 2012, "visant à permettre aux réseaux mutualistes de réserver à leurs adhérents des prix plus avantageux, dans le cadre de leurs réseaux dit ’fermés’ – une option alors réservée aux assurances privées".

La présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée, Catherine Lemorton, précise qu’elle ignorait alors que Richard Ferrand travaillait toujours pour les Mutuelles. "Richard Ferrand m’avait dit qu’il avait travaillé pour les Mutuelles de Bretagne, mais pour moi c’était du passé", précise-t-elle.

Le ministre se défend sur ce point également, qui pourrait témoigner d’un conflit d’intérêts. Il explique qu’il a soutenu cette proposition de loi pour satisfaire une promesse faite par François Hollande lors de sa campagne présidentielle. "Devais-je m’abstenir de défendre un principe au prétexte que je connais bien le sujet ?", fait valoir le ministre, qui garde la même ligne de défense depuis les premières mises en cause. Reste à savoir jusqu’où cette ligne tiendra.

C) Entre politique et affaires, enquête sur le mélange des genres de Richard Ferrand (Le Monde)

Selon nos informations, le ministre mêle depuis vingt ans vie publique et affaires privées. Plusieurs de ses proches, dont son ex-femme et sa compagne, en ont bénéficié.

Richard Ferrand a-t-il tiré profit de sa qualité de directeur général des Mutuelles de Bretagne de 1998 à 2012, un organisme à but non lucratif financé par ses adhérents, pour favoriser ses intérêts et ceux de ses proches ? L’enquête du Monde démontre que le nouveau ministre de la cohésion des territoires, soutien de la première heure d’Emmanuel Macron et élu local depuis la fin des années 1990, pratique, depuis vingt ans, un mélange des genres assumé entre politique et affaires, intérêts publics et privés.

Pris dans la tourmente des révélations du Canard enchaîné du 24 mai sur un montage ayant permis à sa compagne d’acquérir un bien immobilier d’une valeur de 580 000 euros, financé grâce aux loyers des Mutuelles de Bretagne, Richard Ferrand a conservé, pour l’instant, la « confiance » du premier ministre, Edouard Philippe. Les révélations sur l’ex-secrétaire général d’En marche ! tombent pourtant mal pour le nouveau chef de l’Etat, Emmanuel Macron, qui a décidé de faire de sa loi de moralisation de la vie publique l’un des premiers actes forts de son quinquennat.

Richard Ferrand peut aussi compter, depuis une semaine, sur le soutien sans faille de l’état-major du réseau mutualiste. La direction actuelle de ce regroupement de soixante-dix mutuelles finistériennes n’a pas hésité à monter au créneau pour exprimer son soutien et défendre le bien-fondé de ce contrat.

Et pour cause : après son élection comme député, en 2012, c’est une proche collaboratrice de Richard Ferrand qui lui a succédé à la tête des Mutuelles de Bretagne. Au moment de rejoindre l’Assemblée nationale, le conseil d’administration a nommé sur sa proposition son ancienne adjointe, Joëlle Salaün, au poste de directrice générale. Il a obtenu dans le même temps de conserver un poste de chargé de mission auprès de la nouvelle directrice, rémunéré 1 250 euros par mois, pendant toute la législature de 2012 à 2017. Rémunéré sur l’enveloppe...

B) Les petits arrangements familiaux de Richard Ferrand (Le Point)

Les Mutuelles de Bretagne ont loué des locaux à l’épouse de Richard Ferrand lorsqu’il en était le directeur général. "Rien n’a été caché", se défend-il.

Source : http://www.lepoint.fr/politique/les...

Alors que François Bayrou doit bientôt porter à l’Assemblée la loi de moralisation de la vie politique, Richard Ferrand, nouveau ministre de la Cohésion des territoires, est épinglé ce mercredi par Le Canard enchaîné. Le palmipède exhume une vieille histoire de l’époque où Ferrand était directeur général des Mutuelles de Bretagne, entre 1993 et 2012. Le 25 janvier 2011, le conseil d’administration se réunit ainsi en vue de trouver un nouveau local pour héberger un centre de soins à Brest.

Sur les trois offres qui émergent, une seule retiendra l’attention de la direction. Il s’agit de la Saca, une société civile « qui n’a pas encore d’existence légale, et qui n’est même pas encore propriétaire des surfaces qu’elle propose à la location », assure l’hebdomadaire. À sa tête : Sandrine Doucen, avocate et compagne de Richard Ferrand, une qualité qui n’est pas mentionnée sur le procès-verbal de la réunion...

« Rien n’a été caché », se défend Ferrand

Le 24 février suivant, la SCI est enregistrée au greffe du tribunal de commerce, et un deuxième actionnaire, un ami du couple habitant dans l’Aveyron, s’offre une action symbolique... Ne reste plus qu’à contracter un prêt auprès du Crédit agricole, qui financera 100 % du prix d’acquisition, soit plus de 400 000 euros... Selon l’hebdomadaire, « six ans après la création de la société, la valeur des parts a été multipliée par 3 000. » Une magnifique plus-value !

Contacté par Le Canard enchaîné, Ferrand se défend de ce qu’il désigne comme des « dénonciations calomnieuses » : « C’était la proposition la moins chère ! Le prix était conforme au marché, et rien n’a été caché. » « Richard Ferrand n’avait pas de pouvoir décisionnaire dans le choix du local. C’est le conseil d’administration qui l’a choisi », a quant à lui répondu Benjamin Grivaux, candidat aux législatives à Paris et porte-parole de La République en marche. Alors que Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, a lancé au micro d’Europe 1 : « Cela meurtrit évidemment Richard qui est un homme d’une probité exceptionnelle [...], mais une chose est sûre, il n’y a rien d’illégal, il n’y a rien qui ne serait pas moral », a-t-il certifié.

A) Comprendre les accusations visant le ministre Richard Ferrand

Le ministre de la cohésion des territoires a été accusé par « Le Canard enchaîné » d’avoir organisé en 2011 un montage immobilier avec sa femme.

Depuis la publication par Le Canard enchaîné, mercredi 24 mai, de révélations sur une affaire immobilière concernant le ministre de la cohésion des territoires, Richard Ferrand, le gouvernement Macron est attaqué par une partie de la classe politique. Et ce alors que le ministre de la justice, François Bayrou, doit présenter une des premières lois du quinquennat, relative à la « moralisation de la vie publique ».

Qu’est-il reproché à Richard Ferrand ?

Le ministre est accusé d’avoir permis à son épouse d’emporter un marché immobilier lors de la location d’un logement commercial par une mutuelle dont il était alors le directeur.

Richard Ferrand fut, de 1993 à 2012, le directeur général des Mutuelles de Bretagne, qui fédèrent plusieurs mutuelles de santé du Finistère. Selon Le Canard enchainé, lorsque la société s’est mise en quête, en 2011, de locaux commerciaux à louer pour un nouveau centre de soins, la préférence a été donnée à la Saca, une société civile immobilière (SCI), qui allait notamment être dirigée par l’avocate brestoise Sandrine Doucen, épouse de Richard Ferrand.

Une SCI qui n’existait pas encore légalement, toujours selon l’hebdomadaire. La décision du conseil d’administration a été prise avant même que la Saca ne soit enregistrée au greffe du tribunal de commerce et ne fasse l’acquisition de ces locaux.

« L’achat des locaux de la rue George-Sand n’a lieu que le 1er juillet suivant. Le Crédit agricole du Finistère accepte de prêter à la Saca 100 % du prix d’achat et la totalité des frais dits “de notaire”, soit un peu plus de 402 000 euros, remboursables en quinze ans. »

Outre une rénovation complète des locaux par la mutuelle pour 184 000 euros, toujours selon Le Canard, la valeur des parts de la SCI « a été multipliée par 3 000 » six ans plus tard.

Source http://www.lemonde.fr/politique/art...


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