Comment Sarkozy connaît la France populaire : UBE SOLITUDINEM FASCIUNT, PACEM APPELANT !!!

vendredi 27 avril 2007.
 

... Outre qu’on ne peut préjuger de la qualité de la campagne que fera Ségolène Royal, s’il y a une raison de ne pas désespérer, c’est précisément que Sarkozy est un cas de figure encore jamais vu à l’Elysée : il ne sait rien de la gauche. Il déteste la gauche. Il méprise le fait d’être de gauche. Il n’y voit aucune noblesse. Il trouve ça ridicule, archaïque, martien. Depuis le début de la Ve République, c’est le premier leader de la droite en position éligible qui n’a ni une assise électorale hors de Paris, ni le moindre tropisme de gauche. Il cite laborieusement des morts de gauche, comme un enfant ânonne une fable de La Fontaine sans en comprendre le sens profond ; il se gargarise de Blum, de Jaurès et même de Mitterrand, auquel il attribue une phrase de Giscard, mais, vite, il se désinfecte en se frottant à l’identité nationale, rempart contre le métissage de l’immigration et à la prédestination génétique, vieille scie de la droite la plus conservatrice, limite eugénisme Nazi.

Évidemment, son entourage, qui travaille vite et bien, a repéré cette faille. Son speechwriter, Henri Guaino, est bien conscient du problème.

Du coup, il l’oblige à surjouer une sensibilité de gauche à laquelle il ne comprend rien. Son discours de dimanche soir en témoigne. Alors que toute sa politique n’est que dureté pour les faibles et tendresse pour les forts, le voilà qui décline la liste de toutes les faiblesses et des infirmités humaines qu’il cherchera à « protéger ». Oui, il a dit « protéger » ; comme l’organisateur du racket protège les rackettés en leur assurant que personne d’autre ne les rackettera, comme le maquereau protège les prostituées qui doivent se consacrer à gagner son pain de Jules.

Il y a chez Sarkozy une véritable naïveté. Il est né à droite, il a été élevé à droite, à vingt ans il battait déjà les estrades de droite, il a été élu maire d’une des municipalités le plus à droite de France, Neuilly, ville symbolique d’une bourgeoisie héréditaire, voire « génétique ». Il a tué son père en politique, Jacques Chirac, qu’il trouvait trop à gauche, pour rejoindre un Balladur plus purement de droite.

Non seulement il ne connaît rien à la moitié du pays qu’il veut gouverner, mais il n’a aucune sympathie pour elle. La pensée de gauche, dont il ignore tout, lui fait peur, le dégoûte. Il n’y voit qu’un assistanat où se développe l’oisiveté de l’ouvrier, mère de tous les vices. La gauche, « c’est des fainéants ». C’est aussi des « pédés » qui veulent élever des enfants. Des femmes qui font ce qu’elles veulent. Des gosses qui sèchent l’école pour « dealer ». Des ratés qui ne veulent pas devenir chef. Ceux qui se prennent sur la tête le pot de géranium qui tombe du huitième. Les abrutis qui font partie des charrettes de licenciement. Bref, des pas contents qui veulent que la société les entretienne. Des profiteurs génétiques. Des grignoteurs de marge bénéficiaire. Des naufrageurs du CAC 40. Des rats du navire « Entreprise ». Des égorgeurs de mouton dans la baignoire. Des cultureux qui aiment l’art contemporain, la musique chiante, et le théâtre subventionné. Des multirécidivistes. Des intermittents du spectacle. Des psychanalystes.

C’est la population d’un pays dont il ne parie pas la langue, et dont il ne voit pas l’utilité d’en apprendre les rudiments. C’est une langue régionale qui menace l’unité du monde. La langue d’un complot qui s’ourdit en permanence contre lui. Contre la réussite. Contre l’argent. Contre l’ordre naturel. Contre le bon sens darwinien.

Un président de la République n’a pas à être d’accord avec tout le monde, mais il doit faire avec. Même s’il a des préventions pour tel ou tel élément de la société, il faut qu’il ait un élan d’adhésion à cette totalité qui compose le peuple. Or, Sarkozy joue un peuple contre un autre. Il n’aime pas la France.

SArkozy n’aime que « la France qui gagne », qui en a marre d’être entravée par « la France qui perd ». Il joue « la France des entrepreneurs », contre la « France des assistés ». Il ne peut pas s’en empêcher. Ça devrait rendre méfiant une grosse partie de ses propres électeurs.

Son projet ne concerne qu’un certain pourcentage d’entre eux. Assez faible, d’ailleurs. Il ne fera pas de tri sélectif : il aura une grosse poubelle avec marqué « gauche » sur le couvercle. Il y mettra sans distinction ceux qui, de droite ou de gauche, ne sont pas obsédés par l’idée de passer devant le voisin au besoin en se faisant un marchepied avec son cadavre.

UBE SOLITUDINEM FASCIUNT, PACEM APPELANT !!!


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