L’homophobie recule à (trop) petits pas

jeudi 17 août 2017.
 

72 pays continuent de considérer l’homosexualité comme un crime.

C’est une progression lente et toujours fragile. «  Doucement mais sûrement, le nombre de lois qui criminalisent nos pratiques sexuelles décroît. D’un autre côté, les législations destinées à nous protéger contre la violence et les discriminations se sont multipliées ces dernières années  », notent Aengus Carroll et Lucas Ramon Mendos, les auteurs de la douzième édition du rapport sur l’homophobie d’État, produit chaque année par l’Association internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexes (Ilga). Au niveau global, des efforts croissants ont été entrepris à l’ONU pour prendre en compte cette problématique. À commencer par la création, en juillet, du poste d’«  expert indépendant chargé de la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre  ». En 2016, d’autres bonnes nouvelles ont été enregistrées, parmi lesquelles la décision de Belize et des Seychelles d’abroger leur loi criminalisant les actes sexuels entre personnes de même sexe adultes et consentantes, ramenant ainsi à 72 le nombre de pays qui criminalisent encore l’homosexualité dans le monde. L’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie du Sud sont les plus répressifs

Autre avancée, une reconnaissance croissante des unions, avec l’adoption de nouvelles lois dans ce sens en Slovénie et en Finlande, qui porte à 23 le nombre de pays qui reconnaissent les mariages homosexuels et à 28 le nombre de ceux qui offrent un statut protecteur à ces unions. En tout, ce sont 124 pays qui n’ont aucune législation anti-gays et 63 qui disposent d’une législation spécifique anti-discriminations. L’Amérique latine est le continent qui a le plus avancé cette année avec l’adoption par l’Organisation des États américains d’une résolution prenant en compte le respect des orientations sexuelles et deux jugements en faveur des droits des homosexuels rendus par la Cour interaméricaine des droits de l’homme.

«  Bien que les lois reconnaissant nos couples et nos familles augmentent, moins de 25 % des États du monde nous reconnaissent et nous protègent… Voilà qui donne à réfléchir  », relativisent les auteurs du rapport. L’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie du Sud sont les continents les plus répressifs. Parmi les 14 États dont la législation punit l’homosexualité par la peine capitale, deux sont en Afrique – Mauritanie et Soudan –, les autres étant regroupés dans un arc allant du Pakistan à l’Arabie saoudite. En Afrique, la situation est paradoxale. C’est la visibilité croissante des communautés homosexuelles qui a entraîné une augmentation des persécutions et de la répression d’État. C’est aussi le cas au Moyen-Orient, où «  malgré un environnement hostile, beaucoup d’États adoptent une attitude relativement détendue, quand les individus ne sont pas trop “expressifs” et respectent les codes régissant les comportements dans les espaces publics  », note le rapport. Au-delà de la criminalisation officielle, l’étude de l’Ilga pointe une augmentation des violences. C’est le cas par exemple en Asie du Sud, où «  une résurgence d’un conservatisme d’extrême droite et de l’extrémisme religieux a conduit à une augmentation des actes de violence contre des personnes LGBT  ».

Compte tenu de la permanence des persécutions, l’association alerte cette année sur les difficultés rencontrées par les LGTB cherchant asile. Leurs difficultés à faire reconnaître leur statut de réfugié sont souvent aggravées par leur orientation sexuelle. Et ce d’autant plus quand ils arrivent dans des pays qui pénalisent l’homosexualité, comme par exemple les Ougandais fuyant au Kenya voisin. Même dans l’Union européenne, «  bien que l’accès à l’asile soit clairement devenu une priorité pour de nombreuses organisations LGBT, il y a eu très peu de développements positifs  ». L’organisation cite l’absence de lieux d’hébergement spécifiques. Elle dénonce aussi les conséquences pour les personnes LGBT des modifications légales adoptées par certains pays pour limiter l’accès au statut de réfugié.

Camille Bauer Journaliste rubrique Société


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