Résultats du premier tour : la triple supercherie !

dimanche 29 avril 2007.
 

Le vote massif des Français serait bon pour la démocratie ; certes, certes ! Les citoyens, d’évidence, n’ont pas voulu que se répète le jour noir du 21 avril 2002 qui a vu la Gauche éliminée du choix entre le conservatisme et la... démocratie sociale. Ce vote massif vaut autant pour la Gauche que pour la Droite. Si les électeurs se sont tant mobilisés c’est parce qu’il s’agit bien d’un choix décisif pour l’avenir de la société française :

- le choix d’une société ultra libérale, atlantiste, qui remet en cause les traditions républicaines, laïques, les avantages sociaux et démocratiques acquis par une tradition de luttes sociales depuis la révolution de 1789.

- ou une société plus démocratique, plus ouverte, plus sociale et plus ...et plus quoi ? Quel dessein pour la France dans le camp de la Gauche ? Si c’est celui qui ressemble à ce qui se passe dans d’autres pays européens où la social-démocratie est au pouvoir, on ne voit pas toujours très bien la différence avec le programme de l’UMP, d’autant plus que ce dernier est habilement habillé des mots qui dissimulent la dure réalité des projets de casse sociale déjà mis en oeuvre depuis cinq ans.

Comment est-il possible que le total des voix de Gauche soit aussi bas ( 36 % ) après la défaite de la Droite aux régionales, aux élections européennes, les luttes contre la loi Fillion sur les retraites, la réforme Douste-Blazy de l’assurance - maladie, la remise en cause des 35 heures, le désastre de la politique de l’emploi, du logement et de la vie chère, le combat victorieux contre le CPE, les multiples lois sarkosistes qui portent atteinte aux droits et aux libertés ?

Première supercherie : voter utile pour la candidature Royale imposée par une OPA parfaitement réussie par le groupe social-libéral qui a contourné les caciques et les adhérents du PS pour imposer celle qui va mettre en oeuvre la transformation d’un parti où subsistait encore une résistance socialiste authentique en un parti blairiste clintorisé... C’était le premier acte, le deuxième se joue avec l’UDF, un changement d’alliance avec le nouveau parti démocrate de Bayrou, homme de la Droite démocrate-chrétienne qui va ainsi opérer sa jonction avec la Gauche sociale-chrétienne dont sont issues Hollande, Ségolène, Rocard, Delors, Kouchner...

Deuxième supercherie : voter utile pour la candidature Bayrou présentée aussi comme celle d’un changement alors que l’UDF a voté les 9/10 ° des lois des gouvernements Raffarin et Villepin et que son programme économique ne diffère pas fondamentalement de celui de l’UMP.

C’est d’ailleurs ce que proclamait le PS récemment. Et maintenant ? Il forme un groupe de travail avec l’UDF pour inclure des ministres UDF, pardon démocrates, dans un gouvernement qui serait présidé par Ségolène Royal...

Le Parti démocrate n’existe pas encore comme entité politique ; il sera loin de regrouper le vote imposant du candidat Bayrou dont bonne partie d’électeurs sont issues d’une Gauche qui a cru aux manipulations sondagières qui démontraient avant le premier tour qu’il serait le meilleur contre Sarkosy alors qu’il n’était pas en mesure de le gagner ... Ces votes là ne lui sont pas acquis, mais Ségo les lui offre sur un plateau pour le conforter....

Troisième supercherie : Sarkosy, candidat de la rupture, alors qu’il a participé pendant 4 ans sur cinq aux gouvernements présidés par Jacques Chirac. Le décalage entre ce qu’il prétend être, entre ce qu’il prétend faire et le programme de son parti - qui au-delà des mots - est un véritable plan de démolition sociale, d’affrontement entre les individus, les nations, le Nord et le Sud.

« Il se prétend porteur d’une ambition pour la France, mais ne vise qu’à satisfaire sa boulimie de pouvoir, et sa volonté de puissance. Il se dit déterminé et se révèle pur opportuniste. Il se prétend franc et direct, il est cynique et calculateur... » Le rédacteur de ces lignes n’est autre qu’Eric Besson qui est orfèvre en matière d’opportunisme...

Ce qui est certain c’est que Sarkosy a obtenu ce que Mitterand avait réussi en aspirant les voix du Parti communiste : il a vampirisé le vote Front National. Ce dont on pourrait se féliciter si ce n’était au prix d’un recyclage des thèmes favoris du FN, de la préférence nationale rebaptisée identité.

Sarkosy pensant acquis ce vote là, pousse son discours consensuel en direction de la gauche du Front, de ces votes contestataires du prolétariat perdu des cités oubliées par la Gauche. Et cela rassurera la Droite démocrate dont les notables élus grâce aux électeurs du RPR ont vite compris qu’elle était leur camp, en le ralliant aussitôt le premier tour passé.

Et l’autre Gauche ? 10, 60 % y compris avec les Verts alors qu’elle atteignait les 20 % en 2002.

La Gauche antilibérale paye le vote utile et la rançon de la division. Comment a t-elle pu en arriver là après la victoire du Non au référendum et la rédaction d’un programme commun des Collectifs ?

Le PCF paye ses méthodes et un discours archaïque, en rupture avec les classes populaires qu’il ne représente plus et avec les milieux gauchistes et altermondialistes qu’il fréquente mais dont il ignore les rites et la langue, englué dans son passé. Certes il représente plus que ce que donne à penser les miettes qu’il a recueillies. En outre il est pris dans ses contradictions internes, incapable de les surmonter pour aller vers un ailleurs, un dépassement dont toute la Gauche aurait besoin.

La LCR a un bon candidat, jeune, bon orateur, dynamique ; il fait mieux que Marie-Georges. Et pour quoi faire ? Remplacer le rôle folklorique des votes stérilisés d’Arlette qui cette fois s’effondre. C’est ce que propose Daniel Bensaïd en voulant cristalliser les 4,08 % du vote Besancenot . En quoi cela sera-t-il utile à la Gauche pour faire échec à la Droite ? La LCR pense - t-elle sérieusement rassembler une majorité sur son seul nom et son programme dans un avenir proche, crédible aux yeux des classes populaires ?

José Bové a pris sur le vote écologiste et a pu séduire des altermondialistes, mais il n’a jamais réussi à décoller. Il ne pouvait pas représenter les classes populaires, celles qui s’étaient mobilisées pour le Non au référendum contre le TCE, même s’il a séduit un peu des jeunes des quartiers.

Les Verts avec Dominique Voynet, ont largement subi le vote utile pour le PS, d’un électorat issu largement de ses rangs et qui y est retourné. Les Verts cependant, comme le PCF valent certainement plus que ce vote présidentiel.

Tous appellent à voter pour Ségolène. Et il faudra le faire pour battre Sarkosy car cet homme est dangereux, inquiétant. Et préparer l’avenir tous ensemble, c’est une évidente constatation. On ne peut ouvrir une autre voie à gauche que dans l’Union la plus large, celle de l’Alternative antilibérale dans le cadre plus large de l’Union de toute la gauche : l’UNION dans l’UNION. Pour cela il faut mobiliser la Gauche, celle qui ne s’était pas résolue au vote utile au premier tour, que l’on aurait tort d’ignorer pour le second. Il est nécessaire de rallier tous ceux qui ne veulent pas du programme UMP, sur des positions qui unifient la Gauche. C’est toujours dans l’unité que la Gauche a triomphé et a obtenu la dynamique qui permet la victoire.

Et après ? Il faudra reconstruire, patiemment, au-delà des intérêts et des égo partisans une organisation qui regroupent dans un contour et une forme qui reste à définir, les héritiers des traditions républicaines, socialistes communistes, auxquelles s’ajoutent les dimensions altermondialistes, écologistes, féministes, dans de nouveaux rapports entre des partis politiques piliers de la démocratie et le mouvement social et associatif. Rien ne se fera sans les uns ni les autres.

Il est nécessaire de retisser une culture de Gauche au sein des cités, des quartiers, ne pas laisser à la désespérance, aux illusions du discours nationaliste ceux qui ont n’ont pas acquis d’identité et ceux qui l’on perdu. Les intérêts de tous les salariés sont convergents, les plus défavorisés subissent à l’extrême ce que les autres salariés ressentent dans leur travail et leur vie quotidienne, dans leurs aspirations communes à un avenir meilleur pour leurs enfants.

Allain GRAUX

Président de PRS 21

le 27.04.2007


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