Allemagne : Contre le G20 une mobilisation énorme à Hambourg

mardi 18 juillet 2017.
 

- C) G20 à Hambourg : une mobilisation massive ! (Ensemble)

- B) Allemagne : Contre le G20 une mobilisation énorme à Hambourg (Union syndicale Solidaires)

- A) À Hambourg, la société civile a contesté le sommet du G20 et le néo-libéralisme (Reporterre)

C) G20 à Hambourg : une mobilisation massive ! (Ensemble)

Source : https://www.ensemble-fdg.org/conten...

Depuis la crise 2008, les chefs d’Etat et de gouvernement des 20 pays capitalistes les plus puissants se réunissent régulièrement sous le nom de G20 afin de promouvoir la domination du système économique en place.

Pourtant les problèmes du système sont nombreux : la croissance de la productivité des plus grands pays se caractérise par un niveau historiquement bas, le PIB réel par habitant est toujours en dessous du niveau d’avant la crise, les inégalités augmentent, la guerre et la misère provoquent de plus en plus de réfugiés et le réchauffement climatique est chaque jour plus réel. Autant de raisons pour protester contre cette réunion des représentants politiques de la classe dominante, et de proposer des mesures pour un monde solidaire. En effet, du 6 au 9 juillet la gauche allemande et internationale a organisé d’un côté un contre-sommet, le sommet de la solidarité, et de l’autre côté des manifestations et actions de blocage.

Les puissants du monde semblent avoir eu peur des mobilisations contre le G20. Ainsi, avant le sommet la police allemande a annoncé qu’elle utilisera « tout l’équipement de police qui existe ». Autrement dit, face à des manifestant.e.s elle aura recours à des véhicules blindés, des drones, des bateaux, des hélicoptères et mitrailleuses. Or, cette militarisation de la police ne semble pas suffisante. Elle se combine avec une politique de plus en plus autoritaire : la mairie de Hambourg, dirigée par le SPD et les Verts, a ainsi interdit le camping qui était prévu pour accueillir les opposants au G20 à Hambourg. Face a cette restriction de la liberté d’expression les organisateurs du « Camping de protestation anticapitaliste » ont obtenu gain de cause devant un tribunal administratif. Or, malgré cette décision de justice la police a empêché, y compris au moyen de la violence physique, le bon déroulement du camping. Heureusement, le club de foot hambourgeois proche des milieux antifascistes et antiracistes FC St. Pauli a ouvert les portes de son stade aux manifestant.e.s.

En dépit des différentes actions d’intimidation, de provocation et de violence de la part de la maire de Hambourg et de la police, des mobilisations importantes ont eu lieu. Dès jeudi 6 juillet, des actions très diverses ont commencé : un match de foot contre le G20, une soirée techno sous le titre « Va chercher 20 bières », un manifestation à vélo contre la pollution, une marche de zombies, de nombreux débats pour sortir du capitalisme et pour en finir avec la guerre, ou encore le sommet GAY20 qui a souligné les discriminations et les violences d’Etat dont souffrent les personnes LGBTI dans un certain nombre d’Etats-membres du G20. En parallèle, entre le jeudi 6 juillet et le samedi 8 juillet des actions de blocage de l’économie allemande ont eu lieu partout dans la ville et notamment dans le port de Hambourg. Toutefois, l’attention médiatique s’est concentrée sur la manifestation « Welcome to Hell » du 6 juillet, à laquelle plus de 12 000 personnes ont participé. C’est lors de cette manifestation que la police a réalisé sa promesse d’utiliser tout son équipement de haute technologie. En effet, même des journalistes de médias qu’on peut difficilement qualifier de sympathisant.e.s des luttes anticapitalistes comme le Huffington Post, le NDR ou encore le Deutschlandfunk, ainsi que des observateurs et observatrices parlementaires ont souligné que la police a attaqué une manifestation pacifique. De plus, la police était prête à causer des mort.e.s lorsqu’elle a à titre d’exemple tire avec le canon à eau sur des personnes qui se trouvaient sur le toit d’un immeuble.

Pourtant, le déchaînement politique contre les manifestant.e.s, qui a fait suite à cette manifestation, n’a pas empêché la poursuite des mobilisations. Pour preuve, sous le slogan « Solidarité sans frontière au lieu de G20 », la dernière manifestation de ces journées d’actions et de débat a réuni environ 100 000 personnes le samedi 8 juillet. Malgré un climat de haute tension entretenu par la police et une mairie qui, face à la critique du G20, répond par des mesures autoritaires, les journées de mobilisations ont permis de montrer l’opposition massive aux dominant.e.s de ce monde. Toutefois, le sommet de Hambourg a une nouvelle fois montré que la gauche ne peut pas ignorer les combats démocratiques qui sont de plus en plus urgents dans la période de crise actuelle : ainsi la réponse contre le G20 ne peut pas seulement être sociale et écologiste, elle doit aussi explicitement aborder l’autoritarisme et la violence des gouvernements et de leur police.

Ed Ouri

B) Allemagne : Contre le G20 une mobilisation énorme à Hambourg (par Union syndicale Solidaires)

Source : https://www.solidaires.org/Contre-l...

Solidaires était présent à Hambourg pour participer au sommet alternatif et aux manifestations de protestation et de blocage.

Sommet alternatif

Nous étions invités à participer à un débat syndical sur la démocratie en compagnie de syndicalistes d’Allemagne, d’Argentine et d’Inde, des syndicalistes en Allemagne ayant la préoccupation de marquer une présence syndicale dans ces évènements. Les échanges ont montré des préoccupations communes de démocratie comme outil de lutte des travailleurs et des travailleuses et de lien avec les mouvements sociaux. Nous avons aussi participé à d’autres débats avec blockupy sur la situation des mobilisations en Europe, sur les migrant-es et les sans-papiers, avec des interventions sur les droits sociaux à obtenir en Allemagne, en Belgique et en France. Et rencontré de nombreux-ses activistes avec lesquel-les Solidaires travaille dans les réseaux blockupy, l’altersommet, la transnationale social strike, attac...

Manifestations

Les 5 et 6 juillet ont été consacrés aux débats. Dès le 5 au soir une manifestation-danse a rassemblé 15000 personnes contre le G20, puis le 6 la manifestation « wellcome to hell » a été bloquée par la police sans qu’il y ait eu le moindre incident. Cet évènement comme les interventions brutales des forces de polices (20000 sur place) contre les camps où les activistes tentaient de camper, alors que la justice leur en avait accordé le droit, ont contribué à faire monter la tension.

Le 7, de très nombreuses actions convergentes de désobéissance civile ont eu lieu pour tenter d’entrer dans les zones interdites du centre ville et du quartier de la philharmonie où un concert devait être donné pour les dirigeant-es de la planète. Le mot d’ordre était « block G20, colour the red zone ». Les actions ont permis de créer une gêne et des retards significatifs dans l’organisation du sommet.

De très nombreuses manifestations ont eu lieu : culturelles, cyclistes, de jeunes et très jeunes, de migrant-es... et une grande manifestation le 8 rassemblant 60000 personnes dans laquelle tous-tes les participant-es aux diverses actions étaient invité-es à se retrouver et dans laquelle on a pu noter la très grande participation de militant-es kurdes, turc-ques...

Un contexte politique particulier

Le G20 était la première occasion de rencontre au sommet de plusieurs personnalités politiques très controversées : Poutine, Trump, Erdogan... pour ne citer que celles qui étaient les plus conspuées. De plus, le contexte en Allemagne des mobilisations pour l’accueil des réfugié-es, la situation particulière de Hambourg, ville militante et alternative et le fait que la décision ait été prise de tenir cette réunion en plein cœur de la ville, tout ceci a contribué faire de ces journées un évènement bien au delà de ce qu’en ont montré les médias dominants sur les affrontements entre les manifestant-es et la police.

Et la vidéo des morts vivants : https://vimeo.com/224458051

A) À Hambourg, la société civile a contesté le sommet du G20 et le néo-libéralisme

Source : https://reporterre.net/A-Hambourg-l...

Ville hôte du G20 Vendredi 7 Juillet et Samedi 8 Juillet 2017, Hambourg, en Allemagne, s’est transformée en forteresse pour cadrer les nombreuses manifestations prévues par les opposants.

Entre événements pacifistes et rassemblements radicaux, la question de la violence fait débat dans un climat de restriction des libertés publiques.

Des hélicoptères sillonnent le ciel, près de vingt mille policiers patrouillent dans les rues. Des canons à eaux sont déployés au moindre rassemblement. Depuis plusieurs jours, la seconde cité d’Allemagne est sous tension, transformée en une véritable forteresse pour accueillir le sommet du G20. Une situation que subissent ses habitants. « Ils auraient pu aller n’importe où ailleurs, à la campagne, par exemple, pour parler de leurs affaires tranquillement. Pourquoi le faire ici ? Ce n’est pas cool. Depuis deux semaines, il y a des policiers et des barrières partout. Tous les magasins sont fermés à cause de ces satanés politiques », explique Daniel, rencontré dans une des manifestations quotidiennes organisées par les anti-G20.

À côté de lui, une femme porte une pancarte qui résume le but du rassemblement, « je préfère danser plutôt que d’aller au G20 ». Elle aussi ne supporte plus la militarisation de sa ville. « La vie s’est arrêtée. Nous ne pouvons même plus utiliser normalement les transports en commun à cause des barrages, c’est vraiment pénible ». Si elle dénonce la criminalisation de ceux qui manifestent, elle ne craint pas de subir des violences policières malgré les nombreuses échauffourées de ces derniers jours. « Je connais mes droits et je sais ce que je peux faire. Ce qui me rend furieuse, c’est de marcher et de voir des policiers partout et d’être surveillée à chaque coin de rue ». Pour Jutta Sundermann, ancienne membre de l’Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) qui milite contre Monsanto au sein de l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) allemande Action Agricole, la tenue de ce sommet à Hambourg est une très mauvaise idée. « Après les débordements qui ont eu lieu à Gênes en 2001, les organisateurs avaient promis de ne plus faire ce genre de sommet dans une aussi grande ville. D’autant que Hambourg est un endroit où les alternatives sont bien vivantes ».

Elle regrette aussi le manque de dialogue entre les autorités et les organisateurs des rassemblements. « En 2007, à Rostock, lors du sommet du G8, nous avions parfaitement coopéré avec la mairie et le gouvernement, tout s’était très bien passé. Ce n’est absolument pas le cas ici ».

Jutta Sundermann n’est pas la seule à dénoncer les atteintes à la démocratie qui se multiplient depuis plusieurs jours. L’équipe d’avocats de la legal team d’Hambourg fustige notamment le démantèlement des campements, où dorment habituellement les opposants au G20. Mardi 4 Juillet 2017, le camp de l’Emil-Wendt-Park a été évacué par les forces de l’ordre à coups de gaz au poivre. Le même jour, celui d’Elbpark Entenwerder, un autre quartier de la ville, a dû être abandonné à cause du harcèlement policier. Les militants ont tenté d’installer des camps spontanés dans les nombreux espaces verts d’Hambourg, sans succès.

Les autorités utilisent les arrêtés contre la mendicité pour justifier les expulsions systématiques. « C’est une dramatique violation de nos droits démocratiques, comme nous le craignions », s’insurge Mathias Wisbar, un avocat hambourgeois membre de la legal team. Son confrère Martin Klingner réclame même la démission du chef de la police locale.

Les opposants ont installé leur quartier général au cœur du stade Millerntor, l’antre du club anarchiste et antiraciste du Football Club Sankt Pauli, une enceinte mythique située au centre du quartier éponyme, le cœur du Hambourg contestataire. Dans les gradins, on peut lire des inscriptions telles que « pas de football pour les fascistes » ou encore « personne n’est illégal ».

Fidèle à sa tradition politique, le stade accueille les conférences de presse organisées par les militants anti-G20. Le but clairement affiché est de lutter contre les rumeurs et la désinformation, encourager le fact-checking et promouvoir un journalisme critique face aux faits rapportés par les médias mainstream. Pour pallier le démantèlement des campements, le président du club de football a également proposé d’offrir deux cent couchages pour les participants venus de toute l’Europe. Les habitants d’Hambourg sont également nombreux à ouvrir leur porte ou à proposer une place dans leur jardin. Des hébergements de dernière minute sont répertoriés sur un compte Twitter baptisé « sans sommeil à Hambourg ».

Trouver un toit et passer une bonne nuit de sommeil est indispensable pour tenir le rythme du programme particulièrement dense des mobilisations, qui ont débuté Dimanche 2 Juillet 2017 avec la Protest Wave, une marche et un défilé de canoës le long de l’Elbe, le fleuve qui traverse la ville, pour défendre la démocratie et le climat et lutter contre les inégalités sociales. Au-delà de l’action dans les rues, les militants contre le G20 ont aussi choisi de mettre en avant la réflexion, avec l’organisation d’un Global Solidarity Summit, un cycle de conférences et de débats qui met en valeur les nombreuses alternatives à la politique menée par les leaders des grandes puissances mondiales. « Ici, nous sommes plutôt dans le domaine de la pensée. Nous pouvons offrir des solutions pour changer le système. Des idées différentes de celles proposées par le G20, qui ne sont pas en faveur d’un monde meilleur », explique Joachim Heier, coordinateur et membre d’ATTAC en Allemagne. Parmi les intervenants, Vandana Shiva, la célèbre militante écologiste indienne, connue pour son combat contre les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), qui a pris la parole durant la séance d’ouverture. Elle a choisi de lire un extrait du fameux ouvrage Indignez Vous, de Stéphane Hessel, « la non-violence doit être le principe de base de toute action et l’avènement d’une économie non violente et de structures étatiques non violentes doivent être la principale revendication ».

Justement, le recours à la violence pour protester contre les politiques d’austérité imposées par le G20 est une question délicate, qui divise parfois les militants. « Personnellement, je trouve que c’est un peu idiot d’avoir recours à la violence, car, en face, la réponse est toujours plus brutale », remarque Jutta Sundermann. « À la télévision et dans les journaux, on présente ceux qui se réunissent ici comme des casseurs. Mais je ne pense pas que ce soit cela. La police a détruit des camps pourtant autorisés par la justice, ce qui a entraîné une certaine violence dans les esprits », affirme de son côté Jürgen Janz, militant d’ATTAC en Allemagne.

Dans le quartier de Sankt Pauli, les commerçants ont collé des affiches pour montrer leur opposition au G20 et, surtout, pour demander aux manifestants d’épargner leurs vitrines.

La première grande manifestation attendue par de nombreux militants d’extrême gauche avait lieu Jeudi 6 Juillet 2017. Son nom était Welcome to Hell. Elle a donné lieu à des affrontements violents, la police empêchant la manifestation, rassemblant plus de dix mille personnes, d’avancer vers le lieu où doit se tenir le sommet des chefs d’état.

Avec un tel titre, Welcome to Hell, il n’est pas étonnant que la presse et les autorités craignent des problèmes à chaque manifestation, mais Andreas Blechschmidt, l’un des organisateurs, justifie cette appellation, « les politiques néolibérales et le capitalisme promu par les dirigeants du G20 font de la vie de millions de personnes un véritable enfer. La violence, c’est celle de Vladimir Poutine, de Donald Trump et de Recep Tayyip Erdogan. Ils sont à la source de toutes les brutalités qui ont lieu dans le monde ». Il espère que ces stigmatisations ne vont pas occulter aux yeux du grand public les revendications politiques portées par ce mouvement, « il est parfois nécessaire de protester de façon radicale pour prouver fermement notre désaccord envers ce système inique ».

Martin Bodrero et Laury-Anne Cholez


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