Débat avec Bayrou : un point de plus pour Ségolène Royal !

lundi 30 avril 2007.
 

Je pense que Ségolène Royal vient de marquer un superbe point ce matin dans le débat avec François Bayrou. Voilà ce que je viens d’en dire à l’AFP :

« Ségolène Royal vient de faire la démonstration qu’elle avait raison de vouloir ce débat avec François Bayrou. Pugnace et convaincante. Elle n’a rien cédé sur ses propositions. Il n’a plus été question des ministres Udf et c’est tant mieux. Ainsi les électeurs de François Bayrou ont pu se débarrasser des images caricaturales que François Bayrou lui-même avait répandues sur le compte de Ségolène Royal pendant le premier tour. Dans ces conditions on peut dire que le sol se dérobe sous les pieds de Nicolas Sarkozy. Il perd la main sur tous les plans et se fait marginaliser. Non seulement le débat a eu lieu en dépit de lui, non seulement ce débat permet un mouvement qui inverse la pente dans le sens de Ségolène Royal mais de surcroît la candidate socialiste a gagné en crédibilité aux yeux de tous. Le débat du 2 Mai se présente donc dans les meilleures conditions pour la gauche. ».

Et moi. Que dois je faire. Parler ou me taire ? Qu’est ce qui est utile à la cause que je défends contre la droite ? Cette question on se l’était posée avec Julien Dray en 1988 quand nous avons décidé de donner un interview d’une page au journal " Libération" pour protester contre "l’ouverture" réalisée par le gouvernement Rocard à des ministres venus du centre. Puis nous avons créé un courant actif pendant quinze ans pour ouvrir une alternative à cette orientation ou à sa menace... C’est dire que pour moi cette histoire ne date pas d’aujourd’hui et que si je suis fidèle à une orientation politique, je sais aussi en comprendre la difficulté de maniement dans certains contextes...

A présent, les uns me disent que j’ai bien fait de dire ce que je pense, les autres m’affirment que c’est très inopportun. Les moins aimables m’insultent. Les plus ardents me poussent à en dire davantage. Sur le terrain tout ce que je compte d’adversaires haineux au PS s’en donne à cœur joie, encouragés par les insultes que l’on peut lire sur mon compte sous la plume des bien pensant médiatiques. Un jour quelqu’un me tirera dessus pensant bien faire. Déjà un dévot délirant m’a pris par le col.

Il faut dire qu’on a enrôlé de drôles de zèbres ces temps derniers qui sont parfaitement ignorants de tous nos débats anciens, des enjeux et même des nuances de mots. Par exemple j’ai dit que j’étais mille fois d’accord avec le fait qu’il y ait un débat mais pas avec le fait de proposer qu’il y ait des ministres UDF. J’ai dit qu’il fallait à l’évidence engager le débat avec les électeurs mais refuser la négociation avec l’état major. Pour les esprits vulgaires, c’est tout du pareil au même. Si je suis contre les ministres c’est que je suis contre le débat, contre les électeurs de Bayrou et donc contre Ségolène Royal. Un point c’est tout.

Evidemment toute sorte de gros malins reprennent ces syllogismes par habileté. Quelques uns des messages qui viennent à la suite de mes notes les déclinent dans divers registres... Les faibles céderaient. De la sorte on pourra dire : « tout le monde est d’accord puisque personne ne proteste ». C’est le but de cette stratégie d’intimidation.

Pour ma part je navigue entre deux écueils : je ne veux rien faire qui contrarie l’objectif de victoire sur Sarkozy et je ne veux pas non plus être si peu que ce soit acteur par ma passivité d’un renversement d’alliance. Car je n’ai pas envie que ce renversement se fasse, contrairement à toutes sortes de gens qui s’en régalent d’avance, soit qu’ils le veuillent depuis longtemps soit qu’ils s’imaginent que de cette façon un magnifique espace s’ouvre devant eux...

Parler ici c’est agir. Ceux qui se taisent ont des préoccupations personnelles que je n’ai pas. Tenez compte du fait aussi que je suis tous les soirs devant une salle que j’appelle à voter pour Ségolène Royal. Je ne le fais pas contraint et forcé mais parce que je l’ai voulu et que je crois me rendre utile de cette façon dans la mesure où j’ai un peu de savoir faire pour convaincre, non ? Je ne veux ni démobiliser ni duper ceux qui me font confiance. Et je veux battre Sarkozy sans me renier. C’est ce fait qui me tient sur ce chemin et beaucoup d’autres comme moi.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message