Sexisme. Pour Google, le cerveau féminin reste primitif

mercredi 13 septembre 2017.
 

Pourquoi les hommes occupent-ils 80 % des emplois technologiques chez Google  ? En interne, ceux qui se sont émus de cette insupportable disparité entre les sexes ont trouvé une note explicative d’un ingénieur au cerveau qui ne semble guère avoir évolué. «  Les choix et les capacités des hommes et des femmes divergent, en grande partie, en raison de causes biologiques et donc ces différences peuvent expliquer pourquoi on n’a pas une représentation égale des femmes dans la tech et dans les fonctions de leadership.  »

Sans complexe et très sérieusement, il affirme que les aptitudes naturelles des hommes les amènent à devenir programmateurs en informatique, alors que les femmes sont naturellement enclines «  aux sentiments et (à) l’esthétique plutôt que vers des idées  ». On se croirait un siècle en arrière quand la biologie était ainsi mise en avant pour justifier la domination masculine dans tous les domaines de la société. La missive de l’ingénieur pourrait porter à rire si ce conservatisme n’était pas régulièrement brandi par des forces politiques aussi bien aux États-Unis que dans divers lieux de la planète.

Le rectificatif, émis par Danielle Brown, responsable diversité du mastodonte de l’Internet, est tout autant douteux. Google, estime-t-elle, défend depuis toujours «  une culture dans laquelle ceux qui ont des points de vue différents, y compris politiques, se sentent en sécurité pour les exprimer  ». Or le sexisme n’est pas une opinion, surtout quand il s’appuie sur la bêtise pour le répandre. Danielle Brown, confrontée à un tollé au sein de l’entreprise et dans les médias outre-Atlantique, tente toutefois d’apaiser les esprits en rejetant les propos de l’ingénieur  : «  Ce n’est pas un point de vue que moi et l’entreprise soutenons, promouvons ou encourageons.  »

Série de scandales et de démissions

Ce supposé «  point de vue  » tombe mal pour Google. La polémique intervient alors qu’une série de scandales et de démissions en lien avec les discriminations sociales ou/et sexistes est intervenue dans la Silicon Valley. Harcèlements et violences sexuels ont éclaboussé ce pôle industriel technologique de pointe, obligeant les sociétés en son sein à se séparer des agresseurs. Comme Travis Kalanick, le cofondateur d’Uber, qui a démissionné le 21 juin dernier. Ou encore l’investisseur Justin Caldbeck, qui a quitté son fonds d’investissement Binary Capital, après avoir fait des avances à six femmes alors qu’elles cherchaient à lever des fonds. Ces actes interviennent souvent dans les entreprises où domine la gent masculine, surtout quand les postes d’encadrement sont occupés quasi exclusivement par les hommes.

Mina Kaci, L’Humanité


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