Grève et manifestations du 12 septembre : succès encourageant

dimanche 17 septembre 2017.
 

- A) Code du travail : les chiffres sans appel de la mobilisation (actu-orange)

- B) P. Martinez : « C’est une première mobilisation qui s’annonce réussie »

- C) Déclarations syndicales (Solidaires, FSU, UNL, UNEF)

A) Code du travail : les chiffres sans appel de la mobilisation (actu-orange)

Source : http://finance.orange.fr/actualite-...

Les manifestations contre la réforme du Code du travail ont rassemblé 223.000 personnes mardi en France, selon le ministère de l’Intérieur, et 500.000 selon la CGT. Près de 200 manifestations étaient organisées à l’appel du syndicat, aux côtés de FSU et Solidaires.

Il s’agissait d’une première journée de manifestations à valeur de test pour l’exécutif mais aussi pour l’organisation syndicale, un peu plus d’un an après le mouvement de contestation contre la loi dite El Khomri. Les directions de la CFDT, de FO, de la CFE-CGC et de la CFTC n’avaient pas souhaité se joindre au mouvement, préférant se réserver pour de prochaines concertations.

"Très bonne journée"

Pour la CGT, qui était plutôt isolée dans cette journée d’action, le bilan est donc positif. "C’est plus de 400.000 manifestants sur toute la France aujourd’hui, pour une première, c’est une bonne première", a estimé Philippe Martinez, son secrétaire général, sur Europe 1. "Je pense que c’est une très bonne journée pour le monde du travail."

A Marseille, les manifestants, qui étaient entre 7.500 (selon la police) et 60.000 (selon la CGT) ont bénéficié du soutien du chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui s’est glissé dans le cortège. "Monsieur Macron a bien compris que c’était un bras de fer, il l’a voulu. Et maintenant c’est à nous de relever le défi", a déclaré le député au début du cortège. "Nous ne sommes pas en train de faire des barouds d’honneur, nous sommes en train d’organiser une défense implacable du Code du travail." "Nous allons le faire reculer", a-t-il ajouté. La France insoumise a appelé à un grand rassemblement le 23 septembre contre la réforme.

Première étape

A Paris, où quelques heurts ont été observés entre les manifestants et la police, le défilé a réuni 24.000 personnes selon la police et 60.000 selon les organisateurs. La manifestation est partie en début d’après-midi de places de la Bastille et d’Italie.

Pour le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, la mobilisation de mardi n’est que la première étape d’un processus, une nouvelle manifestation étant d’ores et déjà prévue par le syndicat le 21 septembre, la veille de la présentation des ordonnances au conseil des ministres.

B) Philippe Martinez : « C’est une première mobilisation qui s’annonce réussie »

Juste avant le départ du cortège parisien, le secrétaire général de la CGT estimait son appel à la manifestation contre les ordonnances sur le code du Travail entendu et suivi.

Quel bilan tirez-vous de cette journée de mobilisation ?

Philippe Martinez. Il s’agit d’une première mobilisation. Pourtant, la participation est très forte. À midi on était déjà à plus de 100 000 manifestants : 60 000 à Marseille, 3 000 à Quimper…. C’est une première mobilisation. Le travail va continuer pour expliquer le contenu de ces ordonnances. Mais cette première journée fait déjà la démonstration du niveau de mécontentement, confirmé par les sondages, puisque 57% de l’opinion soutient cette mobilisation contre la réforme du droit du travail. C’est une première qui s’annonce réussie.

Que vous inspire le fait de voir d’autres syndicats rejoindre la manifestation ?

Philippe Martinez. Je suis toujours content quand on est uni. Effectivement, c’est la réalité de ce qui se passe dans les entreprises. Au-delà de la CGT, d’autres organisations, syndicats des territoires et des professions, sont là aujourd’hui. C’est une bonne chose. Comme personne n’est content de cette réforme, ça se voit aussi dans la rue.

Contrairement à l’année dernière pour la loi El Khomri, aucun syndicat n’est satisfait de ces ordonnances. Car cette loi va plus loin que ce que voulait faire le gouvernement Valls dans lequel Macron était d’ailleurs ministre. La mobilisation a réussi à freiner les orientations du précédent gouvernement. Maintenant que Macron est devenu président de la République, il veut mettre à mal le contrat de travail, la présence des représentations syndicales dans les entreprises, il veut fusionner les instances représentatives. C’est un projet qui est d’abord destiné à donner les pleins pouvoirs aux employeurs, pas du tout un projet pour défendre les salariés. On nous dit qu’il l’avait annoncé durant sa campagne. Mais il n’a jamais donné le détail de ce qu’il comptait faire. Et les circonstances de son élection montrent que beaucoup de gens ont voté d’abord contre celle qu’il avait face à lui, qu’ils n’adhèrent pas à sa politique. Regardez sa cote de popularité actuelle. Nous ne sommes donc pas tout à fait à côté de la plaque aujourd’hui.

La deuxième mobilisation du 21 se fera avec d’autres syndicats ?

Philippe Martinez. On verra le 21. Aujourd’hui, on est le 12.

Allez-vous avoir des contacts avec le gouvernement après cette journée ?

Philippe Martinez. On verra ce soir ou demain matin. Nous, ce que l’on souhaite, c’est de remettre le travail sur le métier, que l’on discute d’un vrai renforcement des droits en général. De ceux qui en ont déjà et qu’il faut renforcer et de ceux qui n’en ont pas et à qui il faut en donner. Le gouvernement voit les choses d’une autre façon. Il considère que ceux qui ont des droits sont des privilégiés et qu’il faut donc les mettre au même niveau que ceux qui n’ont rien. On demande l’inverse. Il y a besoin que le gouvernement revoit sa copie.

C) Déclarations syndicales

Eric Besnel , porte-parole de Solidaire  : « C’est une première journée, un point de départ. On a dans un certain nombre de ville des mobilisations importantes, avec des arrêts de travail. D’autre part, on constate à Paris comme ailleurs que ça déborde le seul cadre de la CGT, Solidaire et FSU. On a des équipes de Force Ouvrière, de la CFE-CGC, de la CFDT. Du côté de la base existe un vrai désaccord par rapport à la construction d’une mobilisation et la volonté d’obtenir le retrait des ordonnances. C’est un élément important dans la période.

Michel Galin, secrétaire régional de la FSU  : « Nous syndiquons surtout dans la Fonction publique, mais tout ce qui touche les salariés, touche l’ensemble des travailleurs. Quand aujourd’hui le code du travail fragilise la situation des salariés du privé, La fragilisation des statuts des agents publics est aussi dans le viseur. Le combat des salariés du privé est donc aussi le notre. Des annonces ont été faites, pour payer différemment les gens selon qu’ils sont en fonction publique d’Etat ou territoriale, ou à l’hôpital. Comme pour la loi travail, l’idée est d’individualiser toujours plus la situation de chaque salarié vis-à-vis de son employeur, qu’il soit public ou privé. On ne peut pas laisser les salariés du privé seuls face à la casse du code du travail en disant que ça nous concerne pas. Parce qu’en vérité, ces mêmes mesures nous concerneront demain. On anticipe et explique à nos collègues toutes les implications. Sur les questions du code du travail et sur toutes les modifications dans la fonction publique, on est entrain de construire un mouvement convergent. Le temps presse pour les ordonnances, puisqu’elles vont être présentées au conseil des ministres la semaine prochaine. Mais ce quo compte est d’expliquer et de mobiliser le maximum de monde pour être dans le bon tempo et peser.

On sent de la grogne, du mécontentement. Cela ne se transforme pas encore en forte mobilisation. Mais on n’en est sans doute pas très loin et on fera tout pour l’exprimer. »

Clara Jabouley, présidente de l’Union nationale des lycéens : « L’UNL appelle les lycéens à se mobiliser parce que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ils sont eux aussi touchés par cette réforme. Notre avenir est remis en cause puisque notre insertion professionnelle après le lycée l’est. On ne veut pas d’un avenir précaire, mais d’un emploi stable quand on aura fini nos études. Et les lycéens subissent d’autres mesures du gouvernement comme la baisse des Aides personnelles au logement ou la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur.

Dans ces ordonnances, le CDI de projet nous fait plus particulièrement réagir. Ce n’est ni un CDD, ni un CDI, mais une embauche sur une mission qui peut s’arrêter du jour au lendemain. Les jeunes seront les premiers touchés. On les embauchera quand on aura besoin de main d’œuvre, ensuite on les jettera. Les jeunes sont toujours ceux qui sont sur un siège éjectable.

Lilâ Le Bas, présidente de l’UNEF : « Plus de douze organisations de jeunes sont réunies dans ce cortège unitaire. On a beaucoup de sujet sur la table : la loi travail, la question des bacheliers sans inscription, la dégradation des conditions d’étude avec des amphithéâtres surchargés, la baisse des APL. On va se faire entendre lors de cette rentrée universitaire. La question n’est pas de bloquer les facs, mais d’obtenir que le gouvernement revienne sur toutes ces mesures.

Propos rassemblés par Stéphane Guérard, L’Humanité


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