A nouveau sur les grandes fortunes

mercredi 17 juin 2020.
 

Eric Thouzeau Sélection 45

L’actualité récente ne fait que confirmer l’article intitulé « Une bourgeoisie toujours plus cupide » que j’ai publié sur mon blog il y a quelques semaines.

Une bourgeoisie toujours plus cupide (Eric Thouzeau)

Depuis il y a eu le cas, par exemple, de ces dirigeants de Danone (dont l’actuelle ministre du travail Muriel Pénicaud) qui ont vendu leurs stock-options en réalisant une belle plus-value (plus d’un million d’euros semble-t-il) au moment où Danone supprimait 900 emplois.

Faire fortune grâce à la recherche publique et à un paradis fiscal ?

La lecture de Presse-Océan nous apprend que le nantais Gilles Martin fait partie des plus grosses fortunes de France depuis plusieurs années déjà, avec 3,15 milliards d’euros. « Avec sa famille, Gilles Martin détient près de 40% du capital d’Eurofins Scientific, le leader mondial de l’analyse agroalimentaire, pharmaceutique et environnementale. Créé en 1987 à Nantes avec trois salariés, Eurofins était un petit laboratoire spécialisé dans la détection de l’ajout de sucre dans le vin, grâce à un procédé mis au point par les parents Martin, tous deux chercheurs à l’université ». Presse-Océan ajoute qu’Eurofins Scientific est devenu un véritable empire employant plus de 30 000 salariés répartis à travers plus de 375 laboratoires dans 41 pays. En 2016, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 2,5 milliards d’euros et dégagé un bénéfice net de 174 millions d’euros. Et incidemment, l’article nous apprend : « Depuis 2012, pour des raisons fiscales, le siège d’Eurofins Scientific est installé au Luxembourg ». Dans un article des Echos, Gilles Martin aurait justifié ce déménagement au Luxembourg parce que « le centre de gravité économique du groupe s’est déplacé progressivement vers l’Europe du Nord ». Rien à voir avec le fait que le Luxembourg soit un paradis fiscal organisé par Jean-Claude Juncker, alors premier ministre du Luxembourg (1995-2003) et aujourd’hui président de la Commission européenne ? A quel naïf le fera-t-on croire ?

Résumons-nous : un laboratoire nantais a été créé grâce à un procédé mis au point dans le cadre de la recherche publique (le travail de deux chercheurs de l’université). Et tout cela se termine par une localisation dans un paradis fiscal, le Luxembourg, et une fortune personnelle accumulée sans doute après beaucoup de travail, notamment…celui des salariés du groupe. Et qui dit que, comme beaucoup d’entreprises, ce laboratoire n’a pas reçu des aides publiques de différentes collectivités (métropole, Région) sans oublier différentes aides d’Etat dont dernièrement le CICE ?

Réduire la dépense publique…en faveur des entreprises privées ?

Le contrôle des aides publiques aux entreprises, leur conditionnalité et leur possible remboursement sont des sujets qui avaient amené la majorité de gauche au Conseil régional des Pays de la Loire à mettre sur pied une Commission régionale de suivi des aides (CRESA)…que la majorité de droite de Bruno Retailleau n’a plus réunie. Les néo-libéraux de tout poil (conservateurs, macronistes et socio-libéraux) fustigent la dépense publique, mais pourtant aucun n’interroge l’utilité de certaines aides publiques aux entreprises.

Et pour lutter contre l’évasion fiscale (des particuliers et des entreprises) il faut une réelle volonté de s’en prendre (par l’impôt) à tout un certain nombre de privilégiés et de « grandes fortunes ». Cela doit être une des priorités politiques d’une gauche de gauche. Tout au contraire, l’ex-banquier d’affaires Macron entend quasi-supprimer l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et alléger la fiscalité sur les revenus financiers, deux mesures faites pour favoriser les hauts revenus. Normal pour un gouvernement et une majorité de droite, non ?


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