Mobilisation. A Tours, les jeunes contre la loi travail bravent la peur du lendemain

dimanche 22 octobre 2017.
 

Reportage en Indre-et-Loire, où étudiants et jeunes salariés témoignent des difficultés qui s’accroissent et de la difficulté de faire grève quand on est précaire.

Dans le cortège tourangeau qui s’élance de la place de la Liberté, Mathilde, chasuble CGT sur les épaules, avance en tête. Elle vient d’être licenciée d’une entreprise de maintenance de chauffage et de plomberie où elle entretenait les chaudières pour un parc locatif important. « L’entreprise a perdu des contrats et des appels d’offres », explique-t-elle. « Avec la clause de mobilité, ils ont voulu m’imposer d’aller à Angoulême chaque semaine ! J’ai refusé et ils m’ont licenciée. » Pour elle, sa situation rentre dans le cadre de ce que souhaitent Macron et son gouvernement pour les salariés : « Prendre des travailleurs et pouvoir les jeter quand on n’en a plus besoin ». Les craintes de Mathilde se portent aussi sur la remise en cause des conventions collectives. « Dans le bâtiment, il y a un mort tous les deux jours. Si le droit de retrait inclus dans les conventions collectives disparaît, il y aura une multiplication des accidents du travail », relève-t-elle.

« Je crains aussi pour mes parents »

Venue avec deux de ses amies, Léa a fait le choix de ne pas se rendre à ses cours de 2e année de licence de sociologie exceptionnellement ce jour-là pour exprimer son refus des ordonnances de la loi travail XXL, et plus généralement « de toute la politique de Macron ». Évoquant la baisse de 5 euros des APL, elle témoigne de la difficulté de ses collègues de faculté à gérer les fins de mois. « Ça me révolte qu’on puisse prendre à ceux qui n’ont déjà pas grand-chose pour donner à ceux qui ont déjà tout. » Léa ne cache pas ses craintes pour son avenir. « Je crains aussi pour mon petit frère, pour mes parents et pour mes grands-parents qui se font niquer avec la CSG. »

Alexis, assistant d’éducation de 21 ans, s’est mis en grève. « C’est pas évident de faire grève quand on est en CDD et à temps partiel, mais j’ai tenu à être là. » Et de souligner la difficulté de mobiliser autour de lui : « Parmi les collègues, ça critique beaucoup la politique menée par Macron, mais il y a toujours cette appréhension de faire grève de peur de ne pas voir son contrat renouvelé ». Il ajoute : « Le côté financier est aussi avancé. Il faut dire que comme on est au forfait, on ne peut pas débrayer et on perd forcément une journée complète de salaire ». Mais Alexis, qui s’est syndiqué à la CGT Educ’action, poursuit les discussions avec ses collègues. Lors de la dernière journée d’action, un quart de l’équipe d’assistants d’éducation faisaient grève.

Olivier Morin, L’Humanité


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