Allez voir « l’Assemblée »

samedi 4 novembre 2017.
 

Rarement film aura généré autant d’idées et de réflexions sur la démocratie. Mariana Otero a filmé toutes les « Nuits debout » place de la République, cette expérience de recomposition des processus démocratiques qui concerne la parole, l’échange, la relation à l’autre, la construction d’un rassemblement et son objectif public.

Une boite à idées

Le film multiplie les approches : la parole citoyenne, son renouvellement, son respect ; la délibération collective, le travail en commission, la construction d’un programme et d’une nouvelle constitution ; le rapport entre la démocratie et l’action ; le doute à l’égard des propos formulés a priori ; le doute aussi à l’égard du vote, ce mode de représentation « barbare » dit une citoyenne car il définit une majorité et une minorité qui ensuite se battront pour interchanger leur place bien loin de tout objectif d’intérêt général.

Frédéric Lordon salue dans les « Nuits debout » un mouvement qui construit sa direction sans direction. Mais il s’agit de personnes conscientes et unies dans le refus de cette société dominée par l’argent. Le processus n’est pas la recherche d’un consensus entre tous mais l’élaboration d’un corps d’idées, d’un programme, d’une stratégie qui rassemblent celles et ceux qui veulent changer l’ordre des choses.

Le peuple qui nous manque

Le peuple « convoqué » n’est pas tout le peuple, le processus vise à faire émerger le peuple qui nous manque et qui seul peut être l’acteur d’un autre avenir que celui où nous engouffre cette société libérale.

Ne cherchons pas à faire dire au film ce qu’il ne dit pas. L’art cinématographique auquel il se réfère est celui du sensible et de l’invention. Ces visages filmés, de si près, nous parlent de nous. Leurs « propriétaires » s’interrogent sur le tout comme sur eux-mêmes.

« Comment parler ensemble sans parler d’une seule voix »

C’est ainsi que Mariana Otero situe le projet du film. Ce qui nous unit, c’est la définition d’un objectif commun, partagé et duquel il est possible de parler avec sa singularité.

La France insoumise relève ce défi. Elle veut se poursuivre, en mouvement pluraliste et uni autour d’un même projet permettant à chacun et chacune de séparer « son affaire privée de la politique » et produire « lui-même des énoncés collectifs » selon les mots mêmes de Gilles Deleuze en 1985.

Francis Parny


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