Léon Trotsky et le droit à l’indépendance des Catalans et Basques

mardi 21 novembre 2017.
 

Léon Trotsky écrivait à Andreu Nin, dirigeant du POUM (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste) en 1931 :

« Le mot d’ordre du droit des nationalités à disposer d’elles-mêmes est devenu en Espagne d’une importance exceptionnelle. Ce mot d’ordre est du domaine de la pensée démocratique. Il ne s’agit pas pour nous, d’engager les Catalans et les Basques à se séparer d’Espagne, mais notre devoir est de militer pour que le droit à la séparation leur soit reconnu s’ils désirent en faire usage…

…Les tendances séparatistes posent devant la révolution le problème démocratique du droit des nationalités à disposer d’elles-mêmes. Ces tendances, considérées superficiellement, se sont aggravées pendant la dictature. Mais tandis que le séparatisme de la bourgeoisie catalane n’est qu’un moyen pour elle de jouer avec le gouvernement madrilène contre le peuple catalan et espagnol, le séparatisme des ouvriers et paysans n’est que l’enveloppe d’une révolte intime, d’ordre social. Il faut établir une rigoureuse distinction entre ces deux genres de séparatisme.

Cependant, et précisément pour disjoindre de leur bourgeoisie les ouvriers et les paysans opprimés dans leur sentiment national, le prolétariat doit prendre, sur cette question du droit des nationalités à disposer d’elles-mêmes, la position la plus hardie, la plus sincère. Les ouvriers défendront intégralement et sans réserve le droit des Catalans et des Basques à vivre en États indépendants, dans le cas où la majorité des nationaux se prononcerait pour une complète séparation.

Ce qui ne veut nullement dire que l’élite ouvrière doive pousser les Catalans et les Basques dans la voie du séparatisme. Bien au contraire : l’unité économique du pays, comportant une large autonomie des nationalités, offrirait aux ouvriers et aux paysans de grands avantages du point de vue de l’économie et de la culture générales. »

Et Trotsky ajoutait : « Comment savoir s’ils ont ce désir ? C’est très simple, il faut organiser un plébiscite des provinces intéressées sur la base du suffrage universel égalitaire, direct et secret, il n’y a pas d’autre procédé ».

Cette lettre est écrite avant naturellement que la dictature franquiste n’écrase la révolution espagnole, avec l’aide active de Staline et de la non-intervention de Blum. La défaite de la République espagnole ouvrait les écluses de la Seconde guerre mondiale.


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