Gérard Filoche exclu du PS pour son prétendu antisémitisme... Pitoyable Sanction

mardi 28 novembre 2017.
 

« Le Bureau national a voté pour l’exclusion de Gérard Filoche, il ne peut plus ni s’exprimer au nom du Parti socialiste, ni être membre de nos instances. Gérard Filoche n’est plus membre du Parti socialiste (...) Il est exclu », a déclaré le coordinateur du PS Rachid Temal au cours d’une conférence de presse. Le BN s’est prononcé à l’unanimité, Gérard Filoche étant absent.

Il écrit à juste titre "Je suis juif de cœur au moindre danger d’oppression. A la direction du PS ils le savaient tous, je suis insoupçonnable sur le fond de la moindre trace d’antisémitisme, ils ont fait comme s’ils l’ignoraient, ils s’en sont servis comme des faussaires. C’est avec une mauvaise foi affligeante et honteuse qu’ils ont fait cela au service d’un tout autre but... J’ai retiré le message incriminé et et je me suis excusé, c’était une connerie. Où est le problème ? A vrai dire ce n’est même pas moi qui l’ai posté, mais je l’assume. On n’avait pas remarqué le second plan. Dès que mon attention a été portée là-dessus, quand on m’a averti, on l’a enlevé. Mais la team Macron s’était mise en route là-dessus, avec l’aile droite du PS."

Ayant bien connu Gérard Filoche, je peux assurer qu’il n’a rien d’un antisémite. Ayant vécu des désaccords tendus avec lui, mon soutien aujourd’hui s’explique seulement par une immense stupéfaction devant cette exclusion par des faces de marbre ayant avalé dans le passé des milliers d’ignobles couleuvres politiques.

Jacques Serieys

Ce que révèle le déferlement anti-Filoche sur le PS… … mais aussi sur le principal intéressé et sur les tenants de l’Union de la Gauche

C) Réaction de Gérard Filoche à son exclusion (22 novembre 2017)

Mercredi 22 novembre : malgré cette décision affligeante et scandaleuse, le combat continue plus que jamais

La décision violente, bureaucratique, du BN du PS hier soir, 21 novembre, en mon absence, sans procédure ni débat contradictoire, est affligeante et scandaleuse. Ils ont pris un prétexte de faussaire pour exclure l’aile gauche du parti socialiste.

C’est affligeant parce que tout le monde sait que je n’ai absolument rien à voir avec l’antisémitisme.

Je hais et combat tous les racismes depuis plus de 50 ans, et chaque jour avec la même force et conviction militante. Je n’ai raté aucune manifestation, aucune mobilisation, aucun meeting, aucun concert, aucune action pour combattre l’antisémitisme. J’en ai souvent été à l’initiative et continue de l’être. Je suis juif de cœur au moindre danger d’oppression. Je suis solidaire de tous mes camarades immigrés. Je suis internationaliste et je suis anticapitaliste car je sais, en théorie et en pratique, que c’est le capitalisme qui engendre les pires et plus violentes compétitivités, le chômage et la misère, donc les boucs émissaires, le fascisme, le racisme et les guerres dans le monde entier. Et je sais de façon aigue combien le monde actuel est dangereux en cela. Le retweet d’un photo montage qui n’était pas de moi, que j’ai effectué par manque de vigilance vendredi à 23 h, je l’ai enlevé aussitôt en découvrant sa nocivité antisémite et m’en suis excusé. Il est resté moins d’une heure. La faute était circonscrite et réparée, et devait donner lieu, pour moi comme pour les autres, à une vigilance accrue face à tous les pièges de l’extrême droite. A la direction du PS ils le savaient tous, je suis insoupçonnable sur le fond de la moindre trace d’antisémitisme, ils ont fait comme s’ils l’ignoraient, ils s’en sont servis comme des faussaires. C’est avec une mauvaise foi affligeante et honteuse qu’ils ont fait cela au service d’un tout autre but.

C’est scandaleux parce que cette opération vise en fait, essentiellement à éviter un débat sur le fond dans le congrès du parti socialiste qui devait venir.

Cela faisait des semaines, nous l’avions noté, ici sur ce blog, dans la revue mensuelle D&S, a chacune de mes interventions en BN, au fur et à mesure, qu’ils cherchaient à faire barrage à l’expression de nos idées, celles de la gauche socialiste, au bilan nécessaire du quinquennat sortant, a la ré orientation à gauche vitale du parti, et à son retour au sein d’une gauche unie anti Macron.

Ils imaginaient toutes sortes de manoeuvres pour y parvenir : changer les statuts avant même le débat du congrès, supprimer les contributions politiques générales, supprimer les « motions » sur lesquelles les militants votent, supprimer la représentation des sensibilités à la proportionnelle. A la dernière réunion Rachid Temal proposait carrément d’exiger 40 signatures de membre du CN pour avoir le droit de déposer une motion politique générale au congrès alors que les statuts en cours prévoient qu’une seule signature d’un seul membre du CN suffit. Rien que cela nous écartait du droit de parole et nous chassait du congrès. Ils envisagent aussi de modifier le périmètre des votants, en acceptant que les membres ne se mettent pas a jour de cotisations de 2014 à 2017 et ne versent que 20 euros pour 2018 (moins de 10 % des militants ayant vote lors de la consultation sur une « feuille de route » le 28 septembre dernier).

Déjà nous voyions cela, et nous interrogions sur les capacités de la gauche socialiste d’aller jusqu’au bout, dans ces étranges conditions, dans ce débat de congrès qui trainait et trainait depuis juin dernier.

Beaucoup nous disaient « Laissez tomber, ce parti n’est pas redressable, vous n’y arriverez pas ». Beaucoup de nos camarades étaient partis devant les purges, les viols de statuts, la mort de sections, de fédérations, la désertification des militants, la protection accordé souvent aux « macronistes ».

Nous ne voulions pas y croire sans avoir tout essayé. Nous avions le souci de la priorité au débat politique de fond. Car nous estimons, hier, et encore, que la perte du parti socialiste à gauche sans clarification est un recul pour toute la gauche. Car des millions d’électeurs socialistes désemparés se sont abstenus mais cherchent une voie. Car nos propres militants, dedans et dehors, nombreux, sont tous favorables à l’unité de la gauche.

Nous avions quand même, devant le désastre imminent, anticipé, en construisant le réseau « GDS » gauche démocratique et sociale » autour de la revue de la gauche socialiste depuis 25 ans « démocratie et socialiste ». Nous avions re-dynamisé depuis cet été, notre site GDS, nos blogs, nos tracts à chaque manifestation contre les ordonnances anti travail de Macron, nous avions publié un matériel argumenté et mobilisateur en défense de 100 ans de code du travail, de la Sécurité sociale, du salaire brut, nous avions prévu une grande réunion nationale de l’appel des 1100 socialistes, le week end des 20 et 21 janvier 2018.

Nous défendions déjà et aussi une « coordination permanente » de la gauche (FI, PCF, EELV, M1717, GDS… ) au niveau national et partout au plan local. Nous croyions pouvoir y parvenir dans le parcours qui nous séparait du congrès du PS prévu en fin mars. Mais là, ils ont mis fin brutalement, bureaucratiquement, artificiellement à ces espoirs et tentatives. Un parti de ce type sous un prétexte faussaire qui se permet cette brutalité pour écarter son aile gauche, n’est pas seulement malade, c’est hélas, un geste suicidaire. Il repose sur un mensonge et une mise en scène désespérante, à nos yeux et pour toute la gauche.

Cela ne nous fera pas taire, aucune hésitation, nous continuons, cela ne me fera pas arrêter tous les combats en cours pour faire échec par l’unité de la gauche et vaincre Macron.

Tellement de choses se faisaient en dehors de ce parti paralysé que cette exclusion n’empêchera rien. De nombreux meetings sont en préparation, ils auront lieu, revue, articles, livres, continueront, réunions unitaires et manifestations auront lieu.

Siné licencié pour antisémitisme : une ignominie à analyser (Jacques Serieys)

B) Entretien avec Gérard Filoche dans Libération le 20 novembre 2017

Gérard Filoche, membre du bureau national du Parti socialiste, revient sur le tweet antisémite posté sur son compte qui risque de lui coûter sa place au PS. Une procédure d’exclusion va être lancée.

Pourquoi avez-vous posté une telle image sur Twitter ?

J’ai retiré ce message et je me suis excusé, c’était une connerie. Où est le problème ? A vrai dire ce n’est même pas moi qui l’ai posté, mais je l’assume. On n’avait pas remarqué le second plan. Dès que mon attention a été portée là-dessus, quand on m’a averti, on l’a enlevé. Mais la team Macron s’était mise en route là-dessus, avec l’aile droite du PS.

Saviez-vous que cette image provenait du site d’Alain Soral, Egalité et réconciliation ?

Non, je ne le savais pas, on m’a dit après que c’était un truc à Soral. Cela fait 55 ans que je milite, je suis fondateur de SOS racisme. On veut faire croire que je suis un rouge-brun ? C’est faux, je suis un rouge-rouge. L’antisémitisme, le racisme, c’est hors de mon monde.

Comprenez-vous que cette image puisse choquer et blesser de nombreuses personnes ?

Je comprends, bien sûr, que cela puisse choquer. C’est pour ça que je me suis excusé sans ambiguïté. Oui, le tweet n’aurait pas dû être posté, et ce ne sont pas des excuses à mi-voix que je fais. Que faire de plus ? C’était Macron, et lui seul, qui était visé. Des images qui font le lien entre lui et la finance, il y en a des dizaines qui circulent tous les jours.

Avez-vous été en contact depuis avec la direction du PS ?

Non, je n’ai eu aucun contact avec le parti. Au fond, une partie d’entre eux ne parle pas du tweet, c’est l’occasion qui fait le larron. Ils durcissent les conditions pour le dépôt des motions au congrès, je n’ai pas pu me présenter à la primaire de la gauche… Ils en profitent. Je me vois la victime d’une connerie de tweet. Personne ne m’appelle quand j’attaque Macron sur sa politique et il suffit qu’un mauvais tweet apparaisse dans la liste pour recevoir des douzaines d’appels de journalistes.

Aurélie Delmas

Source : http://www.gds-ds.org/filoche-mis-e...

C) Gérard Filoche n’est pas un antisémite (NPA)

Il ne fait pas de doute que le photomontage republié le 17 novembre, sur Twitter, par Gérard Filoche, est antisémite. Il représente Emmanuel Macron, les bras écartés, brassard nazi où un dollar remplace la croix gammée, placé au premier plan devant Jacques Attali, Patrick Drahi et Jacob Rothschild. On y voit également le slogan « En marche vers le chaos mondial », des billets, des drapeaux israélien et US.

Au NPA, nous n’avons pas la moindre complaisance pour Macron et sa politique. Mais catholiques, protestants, juifs, musulmans, bouddhistes, athées… l’origine ou la religion des exploiteurs importe peu ! Se braquer sur le « capitalisme juif » est un des thèmes favoris de l’extrême droite pour détourner la colère populaire et désigner des boucs-émissaires. « L’antisémitisme est le socialisme des imbéciles » disait le socialiste allemand Bebel à la fin du XIXe siècle.

Gérard Filoche a donc commis une erreur. Il l’a immédiatement reconnu, s’en est excusé et a dépublié son tweet. Une erreur avant tout imputable à un système qui s’emballe : il faut réagir vite aux événements, aux déclarations, y aller de son commentaire ou de sa « punchline ». Alors il arrive que, plutôt que de réfléchir soi-même, on transmette quelque chose qu’on a reçu sans vraiment le regarder. Filoche est tombé dans ce travers.

Mais il y a une chose qui pour nous est claire : Gérard Filoche, que nous connaissons depuis bien longtemps, et que nous côtoyons toujours dans divers combats, n’est ni un antisémite, ni un raciste.

Il a, il y a des années, quitté la LCR, pour adhérer au Parti socialiste, croyant à tort en la possibilité d’un tournant à gauche d’au moins un secteur de cette organisation. Au sein de ce parti de tous les reniements, Gérard Filoche, à sa façon, a défendu les intérêts du monde du travail.

C’est en fait ce qu’on lui reproche. Pour les dirigeants du PS qui, une fois de plus, le dénoncent et demandent son exclusion, il s’agit d’éliminer celui qui est resté fidèle à une certaine vision de ce que devrait être un parti qui se réclame du socialisme.

Le parti de la loi El Khomri, de l’état d’urgence, du rejet des réfugiéEs n’a pas de leçon à donner à Gérard Filoche. Même si, à un moment où la propagande raciste, islamophobe comme antisémite, est largement représentée sur les réseaux sociaux, il faut absolument se garder de lui faire le moindre écho et, bien au contraire, la dénoncer.

Henri Wilno et Julien Salingue


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