Adrien Quatennens : un élu de combat

mercredi 17 janvier 2018.
 

« C’est vous notre nouveau député  ? Félicitations  ! Je suis contente de vous connaître  !  » L’élection du candidat de la France insoumise (FI) Adrien Quatennens dans la 1re circonscription du Nord, celle de Roger Salengro et Pierre Mauroy, entraîne des gestes spontanés de sympathie dans la rue. Le jeune député de 27 ans sourit  : il sait que son physique – cheveux roux flamboyant coupés en brosse – l’avantage pour être reconnu. Depuis, sa renommée a dépassé sa circonscription. Membre de la commission des Affaires sociales, ses reparties pendant l’examen de la loi d’habilitation pour «  réformer le droit du travail  » ont fait mouche. Ainsi, à propos de l’article 3 sur les «  mutations économiques  », quand il propose à la majorité «  un nouveau poncif  : après “libérer les énergies” ou “le pari de la confiance”, ce serait, pour le présent article, “le monde change”  !  » Joint au téléphone lundi, il décrit «  le silence assourdissant de LREM  » pendant les débats  : «  Il m’a semblé en voir beaucoup non conscients de l’importance des enjeux.  » Il soupire au souvenir «  des amendements examinés toutes les deux minutes et des réponses en novlangue macronienne  ».

Il a fait ses armes contre le CPE

Le destin parlementaire d’Adrien Quatennens était pourtant loin d’être écrit d’avance, avec 25 candidats au premier tour dans la circonscription, la volonté de Martine Aubry de placer son poulain François Lamy et un candidat LREM que certains voyaient déjà élu dans un fauteuil. Au soir du premier tour, Adrien Quatennens enregistrait plus de 13 points de retard sur Christophe Itier (LREM). «  Nous avons fait un travail de terrain dans les quartiers défavorisés de Lille-Sud ou de Lille-Moulins, là où ça ne vote pas beaucoup mais où nous faisons nos meilleurs scores  », raconte-t-il. La victoire s’est jouée à moins de 50 voix. Conseiller clientèle sur un plateau téléphonique, il a obtenu une disponibilité de cinq ans. Acteur majeur de l’implantation de la FI à Lille, Adrien Quatennens n’avait «  pas du tout anticipé (s)a candidature  » aux législatives. Le chanteur Franck Vandecasteele fait partie de ceux qui l’ont poussé  : «  J’ai pu apprécier son intégrité et son investissement.

Flamme révolutionnaire et esprit méthodique

Cela fait trente-cinq ans que je suis activiste, il m’a impressionné par sa flamme révolutionnaire et militante mais aussi son esprit méthodique et organisé.  » «  Je n’avais pas de prédisposition politique ou militante dans ma famille  », raconte Adrien Quatennens. Son père a fait sa carrière chez EDF  ; sa mère est employée dans un magasin d’optique. «  À 16, 17 ans, j’ai découvert l’ivresse des manifestations lycéennes contre le CPE (contrat première embauche – NDLR)  », poursuit-il. À la même époque, il participe à des maraudes associatives auprès de SDF, à Lille, se rapproche de Droit au logement, se nourrit de la réflexion d’Attac… Il s’intéresse aussi au NPA, «  très vite déçu par une trajectoire qui n’a pas de vocation majoritaire  ». En 2012, il adhère au Parti de gauche, où il trouve «  la synthèse du triptyque républicanisme, socialisme et écologie politique  ». En 2014, il est candidat aux municipales de Lille, sur la liste emmenée par le communiste Hugo Vandamme. «  C’est un bosseur, un mec droit, ouvert à la discussion, assure ce dernier. Je pense qu’il sera abordable, capable de porter de la considération si le PCF s’adresse à lui et l’alerte sur certaines situations.  »

Un député de combat

Le jeune élu définit son nouveau rôle comme celui d’un «  député de combat  ». «  Je croise des patrons de PME qui me disent que leur principal problème n’est absolument pas le Code du travail mais la relance de l’activité  », confie-t-il. «  Mais nous n’avons pas vocation à nous opposer pour le principe  », insiste-t-il. Ainsi, pour lui, la loi de moralisation, examinée à partir de lundi à l’Assemblée nationale, part d’une «  bonne intention  ». «  Mais elle ne va pas au bout de la démarche, relativise-t-il. Il faut un droit de révocation des élus à mi-mandat, le référendum d’initiative populaire, la reconnaissance du vote blanc, la sortie des lobbies de l’Assemblée…  » Adrien Quatennens ne «  désespère pas de convaincre  » des élus LREM, dont certains «  n’ont pas des convictions très ancrées  », qu’ils font fausse route. «  Je suis en campagne permanente  », sourit-il.

Ludovic Finez

Source : https://www.humanite.fr/adrien-quat...


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