Iran : manifestations populaires contre la vie chère et le régime islamique

vendredi 5 janvier 2018.
 

C) Iran : manifestations populaires contre la vie chère et le régime islamique

Jeudi 28 décembre, les manifestations contre la vie chère ont commencé à Meched, la deuxième ville d’Iran. Depuis, elles ont gagné 55 villes, dont toutes les grandes villes du pays.

Source : Union syndicale Solidaires

Cette irruption n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte de la combinaison de plusieurs facteurs dont :

 la flambée des prix des produits de première nécessité, le prix des œufs a par exemple doublé en une semaine,

 la révélation de détournements astronomiques de fonds publics au plus haut sommet du pouvoir,

 l’absence d’amélioration de la vie quotidienne malgré la levée des sanctions internationales suite à l’accord sur le nucléaire.

Le gouvernement en place, qui avait provoqué de faux espoirs, a lamentablement échoué. Et le mécontentement s’exprime massivement dans les rues, dans les grèves ouvrières, dans les luttes du personnel enseignant, et parmi les étudiants et étudiantes.

Les jeunes chômeurs et chômeuses (30% de taux de chômage parmi les jeunes) ont commencé à manifester le 28 décembre avec des slogans contre la vie chère et le manque d’emplois. Mais, dès la fin de cette première journée, ont fusé les premiers slogans contre le « Guide Suprême » et le président Rouhani, ainsi qu’en faveur du renversement de l’ordre établi. De tels mots d’ordre n’avaient pas été entendu en 2009 lors grandes manifestations contre Ahmadinéjad, le précédent président.

La différence principale entre les manifestations actuelles et celles de 2009 est que les manifestants et manifestantes ne déclarent pas leur soutien à une fraction du pouvoir contre celle qui est en place (le clan Moussavi contre le clan Ahmadinéjad). Elle vise le régime dans sa totalité.

 Aucun slogan religieux n’a été entendu, aucune référence à l’islam ou aux leaders islamistes « réformateurs ». Cela montre que cette fois, les protestations débordent le cadre de la République Islamique.

 En 2009 c’était la jeunesse de la petite bourgeoisie urbaine relativement aisée qui était le moteur et l’organisatrice des rassemblements. Cette fois-ci, ce sont les travailleurs et travailleuses, et plus largement les couches populaires, qui sont sur le devant de la scène, vite rejoints par le monde étudiant.

 En 2009, aucune revendication sociale n’avait été mise en avant. Cette fois-ci c’est un mouvement revendicatif qui s’est métamorphosé rapidement en un mouvement contre le régime.

L’heure est plus que jamais à la solidarité avec les luttes qui se déroulent en Iran depuis des années :

 contre la vie chère, le chômage et la corruption,

 pour la liberté d’opinion et d’organisation,

 pour les droits des femmes dont la fin de l’obligation de porter le voile,

 pour l’abolition de la peine de la mort (aujourd’hui appliquée pour homosexualité ou à des opposants au régime),

 pour la libération des prisonniers d’opinion,

 pour la liberté de créer des organisations syndicales et la libération des syndicalistes emprisonnés dont Reza Shahabi du syndicat indépendant des autobus de la région de Téhéran.

B) Iran : Pour la quatrième nuit consécutive, des manifestants sont descendus dimanche soir dans la rue dans plusieurs villes du pays

Dix personnes ont été tuées lors des pires violences en Iran depuis le début, il y a quatre jours, des protestations contre la vie chère et le pouvoir. Une contestation inédite depuis des années dans le pays.

Source : http://www.liberation.fr/planete/20...

Au lendemain de son appel au calme et à sa promesse « d’un plus grand espace pour les critiques », le président Hassan Rohani a averti lundi que « le peuple iranien répondra aux fauteurs de troubles », une « petite minorité » selon lui.

Pour la quatrième nuit consécutive, des manifestants sont descendus dimanche soir dans la rue dans plusieurs villes du pays dont la capitale Téhéran pour protester contre le gouvernement et les difficultés économiques - chômage, vie chère et corruption.

Selon des vidéos mises en ligne par les médias iraniens et les réseaux sociaux, les manifestants ont attaqué et parfois incendié des bâtiments publics, des centres religieux et des banques ou des sièges du Bassidj (milice islamique du régime). Les manifestants ont aussi mis le feu à des voitures de police.

Au total, 13 personnes, dont dix manifestants, ont péri dans les violences qui ont émaillé les protestations déclenchées jeudi à Machhad, la deuxième ville du pays, avant de prendre de l’ampleur et de se propager à travers le territoire.

Dimanche soir, six personnes ont péri par des « tirs suspects » à Toyserkan (ouest), selon la TV d’Etat, et quatre sont mortes à Izeh (sud-ouest) et Doroud (ouest), selon d’autres médias. Les autorités affirment que les forces de l’ordre ne tirent pas sur les manifestants et accusent « des fauteurs de troubles » ou des « contre-révolutionnaires » armés de s’infiltrer parmi eux. « A Toyserkan, des fauteurs de troubles masqués qui semblaient ne pas être des gens du coin ont attaqué et incendié des bâtiments publics. Il y a eu des tirs suspects qui ont tué six personnes », a affirmé la TV.

« Etre unis »

A Izeh, deux manifestants ont été tués par balles, mais un responsable a dit ignorer si les tirs provenaient des forces de l’ordre ou des manifestants. A Doroud, deux passagers à bord d’une voiture ont péri quand leur véhicule a été percuté par un camion de pompiers volé par des manifestants qui l’ont lâché du haut d’une pente, selon le préfet.

Samedi, deux manifestants ont été tués également à Doroud, où un responsable a affirmé que les forces de l’ordre n’avaient pas ouvert le feu. Les manifestations se sont poursuivies en dépit du blocage par les autorités sur les téléphones portables des messageries Telegram et Instagram, utilisées pour appeler à manifester.

« Le peuple iranien répondra aux fauteurs de troubles et hors-la-loi », a prévenu M. Rohani en qualifiant les protestataires de « petite minorité qui (...) insulte les valeurs sacrées et révolutionnaires ». « Notre économie a besoin d’une grande opération de chirurgie, nous devons tous être unis », a dit M. Rohani dans un communiqué, insistant sur la détermination du gouvernement à « régler les problèmes de la population », en particulier le chômage. La veille, M. Rohani avait reconnu que l’Iran devait fournir « un espace » pour que la population puisse exprimer ses « inquiétudes », mais il avait condamné les violences. « Critiquer, c’est totalement différent que d’utiliser la violence ».

M. Rohani, élu pour un second mandant en mai 2017, a permis à l’Iran de sortir de son isolement avec la levée de sanctions internationales qui avaient été imposées pour dénoncer les activités nucléaires sensibles du pays. Cette levée de sanctions avec la signature en 2015 d’un accord historique avec les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien avait fait espérer aux Iraniens une amélioration de la mauvaise situation économique, mais les fruits de cet accord se font toujours attendre.

Plus de 400 arrestations

Les nouvelles protestations sont inédites depuis le mouvement de contestation contre la réélection de l’ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2009, violemment réprimé.

Dimanche des troubles sont de nouveau survenus dans une dizaine de villes, notamment Kermanshah (ouest), Shahinshahr (près d’Ispahan), Takestan (nord), Zanjan (nord), Toyeserkan (ouest), Nahavand. Des « fauteurs de troubles ont été arrêtés » dans certaines localités, selon des responsables.

A Téhéran, la police a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser un petit groupe de manifestants dimanche soir qui ont lancé des slogans hostiles au pouvoir dans le quartier de l’université. Dans la capitale, 200 personnes ont été arrêtées. Quelque 200 autres ont été interpellées dans des villes de province ces derniers jours, selon les médias.

S’en prenant de nouveau au régime en Iran, leur ennemi juré, les Etats-Unis ont apporté dimanche leur soutien « au droit du peuple iranien à s’exprimer pacifiquement et être entendu ». « L’Iran échoue à tous les niveaux, malgré le très mauvais accord passé avec le gouvernement Obama », a affirmé Donald Trump sur Twitter. « Le grand peuple iranien est réprimé depuis des années. Il a faim de nourriture et de liberté. La richesse de l’Iran est confisquée, comme les droits de l’Homme. Il est temps que ça change ».

A) En Iran, des manifestants protestent contre la vie chère

Source : http://www.lemonde.fr/proche-orient...

Pour le deuxième jour d’affilée, des manifestations contre la hausse des prix et la corruption ont eu lieu, vendredi 29 décembre, dans plusieurs villes iraniennes. Dans l’ouest du pays, à Kermanshah, ville peuplée majoritairement par les minorités kurde et sunnite – dans un pays majoritairement chiite –, des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des centaines de personnes criant des slogans comme « Abandonne la Syrie, occupe-toi de nous », en référence à l’engagement militaire et financier de Téhéran auprès de son proche allié, le président syrien Bachar Al-Assad.

Ces derniers jours, le prix des œufs, aliment essentiel pour les Iraniens des couches défavorisées, a presque doublé. Le budget pour l’année à venir – qui commence le 21 mars 2018 –, présenté début décembre au Parlement par le président modéré Hassan Rohani, prévoit aussi d’augmenter le prix de l’essence de 50 %, aujourd’hui fixé à 20 centimes d’euro le litre. Les sommes allouées aux organisations religieuses et militaires, dont les activités restent opaques, ont suscité de vifs débats, notamment sur les réseaux sociaux. Ces dernières semaines, les rassemblements organisés par des retraités, des ouvriers ou des enseignants qui n’ont pas été payés depuis des mois sont devenus quasi quotidiens, aussi bien à Téhéran qu’ailleurs dans le pays.

Elu en juin 2013 et reconduit pour un deuxième mandat en mai, le président Rohani a fait du redressement économique sa priorité. La signature, en juillet 2015, de l’accord sur le programme nucléaire iranien avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie, la Chine et l’Allemagne, suivie de la levée partielle, en janvier 2016, des sanctions économiques contre Téhéran, ont suscité l’espoir d’une reprise rapide. Mais Hassan Rohani peine à faire venir les investisseurs étrangers, surtout depuis l’élection à la présidence américaine de Donald Trump, qui a refusé de « certifier » l’accord nucléaire et menace d’en sortir.

En Iran, bien qu’Hassan Rohani ait réussi à faire baisser l’inflation, passée aujourd’hui sous les 10 %, contre 40 % avant son arrivée au pouvoir, les Iraniens sont nombreux à avoir du mal à boucler leurs fins de mois. Le chômage des jeunes, notamment, reste très élevé, à 28,8 % selon les chiffres officiels.

Ce vendredi, des manifestations ont également été relatées dans les villes comme Ispahan, dans le centre, Sari et Rasht, dans le nord, et même à Qom, l’un des chefs-lieuxde l’islam chiite. Dans toutes ces villes, la police et les forces antiémeutes ont dispersé la foule, parfois à coups de matraque ou à l’aide de gaz lacrymogène. Ces manifestations faisaient suite à celle de jeudi à Machhad, la deuxième ville d’Iran et un autre lieu phare de l’islam chiite, située dans le nord-est. Les appels à manifester se sont propagés sur la messagerie instantanée Telegram et sur Instagram, deux applications largement utilisées en Iran, mais leur origine reste peu claire.

Or, le slogan « Mort à Rohani », entendu au début de la manifestation de Machhad, fait dire aux partisans du président que ses opposants y ont joué un rôle. Mais assez rapidement, les manifestants ont ciblé l’ensemble du système, criant notamment « Mort au dictateur », l’un des slogans du mouvement de contestation réprimé dans le sang en 2009 contre la réélection controversée de l’ancien président, l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013).

A la fin de la journée de jeudi, la cour révolutionnaire de Machhad a confirmé l’arrestation de 52 personnes qui auraient eu « l’intention de vandaliser des biens publics ». Des arrestations ont également été confirmées à Téhéran.

Pour le moment, ni le président Rohani ni le guide suprême, Ali Khamenei, n’ont réagi à ces manifestations. Le vice-président, Eshaq Jahangiri, a mis en garde les initiateurs de ces « agissements contre le gouvernement » qui, d’après lui, « doivent savoir que cela pourra se retourner contre eux-mêmes ». « Lorsqu’un mouvement commence dans la rue, d’autres se mettent sur la vague et la fin n’est pas celle qu’auraient souhaitée les initiateurs », a-t-il ajouté.

L’imam de la prière du vendredi à Machhad, Ahmad Alamolhoda, lui aussi une grande figure des conservateurs en Iran, a également condamné des slogans « transgressifs » prononcés lors des manifestations. « Il ne faut pas alimenter les médias ennemis », a-t-il demandé aux Iraniens. Les gardiens de la révolution, principale force armée en Iran, ont mis en garde dans un communiqué contre une « nouvelle sédition », reprenant le mot utilisé pour désigner les manifestations de 2009.

D’autres politiques refusent de voir dans ces manifestations un « complot », à l’instar du député réformateur Mohammad Sadeghi, qui les considère comme l’expression d’un ras-le-bol « contre les manquements et les défaillances dans la gestion du pays ». « Au lieu de chercher à étouffer la contestation et à lui donner une image politique, entendons la voix du peuple et essayons de trouver une solution », a-t-il écrit sur Twitter.

Aucune agence de presse officielle n’a fait état du second jour de manifestations, vendredi. Seul le site conservateur Tasnim a évoqué le rassemblement à Kermanshah, en expliquant qu’il s’agissait de manifestants demandant des explications sur leurs comptes d’épargne déposés dans des institutions financières illégales qui ont fait faillite.

Samedi, en revanche, la télévision d’Etat diffusait en boucle les images de manifestations prorégime à Téhéran et à Machhad, pendant lesquelles ont été montrées des pancartes avec des inscriptions « Mort à la sédition », en référence là encore au mouvement de protestation de 2009.


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