Sarkozy élu Ni rire, ni pleurer, comprendre... et agir ! (Olivier Besancenot)

vendredi 11 mai 2007.
 

Je partage le dégoût de ceux qui ont pris un coup de bambou sur la tête dimanche soir. 53 % pour un projet clairement explicité, réactionnaire plein pot, ça fait flipper. Il est nécessaire de comprendre ce qui s’est passé. Il nous faudra sans doute plus de recul mais je crois que Sarkozy l’a emporté parce qu’il a su donner une cohérence idéologique, un programme et un esprit d’offensive à son camp d’abord. Et ensuite, il a fait preuve d’une grande habileté tactique pour attirer une fraction de l’électorat populaire déboussolée qui a voulu croire que la politique de Sarkozy allait les aider à trouver un job ou à boucler des fins de mois de plus en plus difficiles.

Comme on aimerait trouver en face une gauche aussi pugnace dans son propre registre ! Au lieu de cela, la gauche officielle passe son temps à courir après la droite. Ce qui ne lui ramène rien, pas un électeur de plus, mais accentue la perte de repères au sein des classes populaires. Quand on confond la droite et la gauche, c’est toujours la droite qui gagne. Elle est d’abord là, la discussion à gauche. Et pas dans les pitoyables et pathétiques combinaisons politiciennes de ceux qui, à la direction du PS, n’ont même pas eu la décence d’attendre deux minutes pour jouer aux croque morts avec Royal.

Cette gauche-là n’est pas notre gauche. Il faut préparer la relève. Ni rire, ni pleurer donc, mais comprendre, comme le disait Spinoza. Et se battre ai-je envie de rajouter. Hors de question de rester sagement à la maison pendant 5 ans ! La victoire de Sarkozy est incontestable du strict point de vue de l’arithmétique électorale et de la règle du jeu dans une démocratie capitaliste comme la nôtre. Mais il y a une petite musique qui s’installe et qui commence déjà à me chauffer les oreilles. Comme il a gagné, sa politique serait seule légitime et la contester ne le serait plus. Les sarkozistes veulent nous faire avaler que parce qu’il a obtenu 53 %, il faudrait se taire pour cinq ans ! Ils réclament rien de moins que les pleins pouvoirs en quelque sorte...

Ben non, non, et mille fois non ! Ca marche pas. Il va falloir qu’ils redescendent de leur petit nuage : nous sommes toujours de ceux qui marchent debout. A chaque mesure antisociale et liberticide qu’ils ne vont pas tarder de mettre en œuvre, nous tenterons de nous y opposer dans l’objectif de l’empêcher. Avec nos méthodes ! L’action désespérée et la violence ultra minoritaire, ce n’est pas notre truc. Nous préparons les grèves et les manifestations de masse dans l’unité la plus large de toutes les forces du mouvement social. Il ne faut pas baisser les bras. On peut raisonnablement penser que quand la sale politique de Sarkozy va devenir concrète, on retrouvera dans les mobilisations, y compris des travailleurs, des jeunes qui ont voté Sarkozy parce qu’ils auront pris conscience à ce moment-là de la réalité de la politique de la droite.

Et comme il faut bien préparer quelque chose, une proposition : pourquoi pas organiser début juin, de façon unitaire, une journée bien préparée de résistance face à la politique de Sarkozy, une journée durant laquelle tous ceux et toutes celles qui s’engagent à résister aux mauvais coups de la droite dès qu’ils seront portés, pourront se retrouver dans des débats, des marches, des manifs, la forme restant à discuter ? Finalement, comme le disait Lucie Aubrac, « résister, ça se conjugue toujours au présent ». Oui, résister, c’est un droit. Et c’est même un devoir.

Olivier Besancenot


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