Invasion du Kurdistan syrien par l’armée de la Turquie fasciste

jeudi 25 janvier 2018.
 

Après avoir battu l’armée de l’Etat islamique, repris Mossoul et Racca, les Kurdes sont violemment attaqués par la Turquie, longtemps alliée de Daesch. Solidarité avec les Kurdes qui dénoncent le silence des pays occidentaux.

- 3) Afrin : la nouvelle Kobané des Kurdes de Syrie ?

- 2) L’armée turque avance en Syrie, les Kurdes résistent

- 1) Les Kurdes dénoncent le silence des pays occidentaux

4) Afrin : la nouvelle Kobané des Kurdes de Syrie ?

Ce week-end, l’armée turque a déclenché une offensive, dans l’enclave d’Afrin en Syrie, contre les forces kurdes ayant combattu l’État islamique. Elle affirme vouloir créer à sa frontière un cordon sécuritaire de 30 km et en chasser les unités combattantes kurdes (YPG et YPJ), celles ayant mis fin à l’avancée de Daesh à Kobané en 2015. Cette zone est sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS), l’alliance arabo-kurde qui a mené la bataille de Raqqa. Cette offensive turque représente une menace sérieuse pour le projet démocratique revendiqué par les Kurdes au Rojava. Entretien avec une des portes-paroles du Conseil démocratique kurde en France.

Quelles sont les forces engagées par la Turquie et quel est le bilan des combats ?

Des bombardements ont été effectués par 72 avions de combat. Il y a eu également des tirs de mortiers venant de la frontière turque. D’autres tirs sont venus d’A’Zaz, situé dans une poche occupée par la Turquie, et de bases se trouvant à Idlib, où il y a des positions turques et des alliés de la Turquie dont le groupe anciennement appelé Al-Nosra. Une invasion terrestre a commencé dimanche matin.

Le bilan de ces attaques était hier soir de vingt morts parmi les civils. La plupart d’entre eux sont des déplacés internes, surtout des populations arabes venant de la région d’Idlib. Une des premières victimes a été un petit garçon de sept ans. Dernièrement j’ai appris que huit civils d’une même famille avaient été tués. Il y a aussi des Kurdes parmi les victimes. Les forces turques et leurs gangs alliés n’auraient pas réussi à ce jour à entrer dans Afrin par la voie terrestre. Depuis dimanche, plusieurs membres des forces armés turques ont été tués et plusieurs tanks détruits.

Le Premier ministre turc a déclaré vouloir créer une bande sécuritaire de 30 km à Afrin, mais Recep Erdogan a évoqué une offensive jusqu’à la frontière irakienne. Quelles sont selon vous les réelles volontés de la Turquie ?

Aujourd’hui, la Turquie veut occuper le territoire d’Afrin parce que c’est un canton plus isolé, plus facile à encercler et à prendre. Mais l’État turc a une volonté d’expansion et de retour aux frontières de l’empire. Erdogan nage dans un rêve ottoman et se prend pour un sultan. Ils peuvent très bien vouloir aller jusqu’à la frontière irakienne.

En tout cas, il y a une volonté d’expansion beaucoup plus importante, et le désir d’éliminer toute présence kurde au nord de la Syrie pour y installer des populations arabes ou turkmènes qui leur seraient plus favorables.

Quelles sont les capacités de résistance des Kurdes dans le canton d’Afrin ?

Les forces kurdes étaient préparées à cette attaque. Recep Erdogan menace d’intervenir depuis plusieurs mois. Les civils ont aussi été préparés. Des galeries ont été creusées et des caves sont prévues pour se réfugier. Mais face aux bombardements aériens, ils ne peuvent pas faire grand-chose.

À Kobané, les Kurdes se sont battus dans des conditions très difficiles. Ils peuvent se battre aussi à Afrin. Le nom de l’agresseur change. Hier, c’était Daesh, maintenant c’est l’État turc. Mais pour nous, c’est la même menace. C’est aussi du terrorisme, puisque Afrin n’a jamais attaqué ou représenté une menace pour la Turquie. C’est une attaque illégitime, injustifiée et ignoble. Si les puissances internationales laissent faire, cela va être un massacre.

Cette intrusion turque en territoire syrien modifie–t-elle les jeux d’alliances ?

Avant cette attaque, la Russie a demandé aux YPG de quitter Afrin et de la remettre au contrôle du régime syrien. Les Kurdes ont refusé de laisser leur territoire et la Russie a laissé la Turquie intervenir. Les Russes vont regarder comment cela évolue sur le terrain.

Le premier jour de l’intervention, les Américains ont condamné l’attaque. Le deuxième jour, ils ont appelé la Turquie à la retenue et à limiter ses attaques. Aujourd’hui, tout le monde est sur la « retenue » : les États-Unis, la Russie comme la France. Cette dernière parlant de limiter les dégâts humanitaires. Cet après-midi, le conseil de sécurité de l’ONU se réunit.

Que se passe-t-il en Turquie, notamment dans le Kurdistan turc ?

Il y a eu des protestations. Des personnes ont été arrêtées lors des manifestations qui se sont tenues à Istanbul, dans les grandes villes et au Kurdistan. Le Kurdistan turc est une zone sous couvre-feu, même s’il n’y a pas de couvre-feu officiel. Hier, la police a empêché les gens de manifester. La population est bâillonnée actuellement. On n’entend pas la contestation parce que tout est bouclé.

Cette attaque représente-t-elle une réelle menace pour l’expérience démocratique au Rojava ? Ne risque-t-elle pas de fragiliser l’alliance arabo-kurde au sein des FDS ?

Oui, c’est une menace. Mais les Kurdes vont se battre jusqu’au bout. Ils ne sont pas près de s’arrêter. Pour l’alliance entre les Kurdes et les Arabes, il s’agit de populations qui partagent une opposition à la politique de la Turquie. Je ne pense pas que cela aura des effets, d’autant que la Turquie attaque Afrin, où vivent des populations arabes.

3) Afrin : Stoppons l’agression criminelle de la Turquie

Communiqué du Parti communiste français.

La Turquie vient de lancer une sauvage agression dans le canton d’Afrin (Syrie) peuplé de Kurdes, d’Assyro-Chaldéens et d’Arabes. Les tirs d’artillerie, les bombardements de l’aviation ont ce dimanche 21 janvier 2018 fait 8 morts parmi les civils et de nombreux blessés. L’offensive s’est concentrée sur la ville d’Afrin, des villages environnants et un camp de réfugiés. Les forces turques présentes au sol encadrent plus d’un millier de djihadistes issus d’Al Nosra ou d’Al Qaïda.

La Turquie tente par tous les moyens d’instaurer la terreur contre un peuple qui n’a jamais constitué le moindre danger pour Ankara si ce n’est de tenter de bâtir une société démocratique et pacifique.

Cette invasion ouvre un nouveau chapitre de la guerre en Syrie alors que la lutte contre l’organisation de l’État Islamique semblait arriver à son terme. Les Kurdes ont joué, aux côtés de la coalition, un rôle déterminant dans l’éradication de la barbarie obscurantiste. La Turquie sème le chaos dans une Syrie déjà meurtrie par 7 années de guerre.

Le Parti communiste français condamne cette agression, appelle à la mobilisation et à l’union de toutes les forces démocratiques afin d’exprimer notre solidarité avec les populations d’Afrin.

À la demande de la France, le Conseil de Sécurité des Nations Unies se réunit en urgence aujourd’hui. La France, l’Union européenne, les membres de la coalition doivent condamner l’invasion turque, exiger l’arrêt des combats et le retrait immédiat des forces d’occupation.

Comme pour le Kurdistan irakien, le nord de la Syrie doit être placé sous protection des Nations Unies, seul moyen d’assurer la sécurité des populations civiles.

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2) L’armée turque avance en Syrie, les Kurdes résistent

Source : http://www.rfi.fr/moyen-orient/2018...

L’armée turque et des rebelles syriens soutenus par Ankara sont entrés dimanche dans l’enclave kurde de Afrine. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé que le Conseil de sécurité des Nations unies tiendra ce lundi des consultations sur la situation en Syrie. L’Iran a pour sa part réclamé la fin « immédiate » de l’opération turque, qualifiée d’« agression brutale » par le président syrien Bachar el-Assad. Selon le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les bombardements turcs ont fait depuis jeudi soir 18 morts parmi les civils.

La situation est confuse sur le terrain où les raids aériens turcs, les duels d’artillerie et les violents combats se sont poursuivis toute la journée de dimanche.

Les affrontements se concentrent au nord-ouest de Afrine, entre les milices kurdes et l’armée turque, soutenue par les rebelles syriens du « Bouclier de l’Euphrate », entraînés et équipés par Ankara.

L’aviation turque a lancé des dizaines de raids et pilonné à l’artillerie lourde les positions des forces kurdes, qui ont riposté en tirant des salves de roquettes à l’intérieur du territoire turc, faisant 3 morts et des dizaines de blessés.

L’objectif d’Ankara est de prendre le contrôle de l’enclave kurde et d’y établir une « zone de sécurité » de 30 kilomètres de profondeur. Mais la mission assignée à l’armée turque et à ses auxiliaires syriens n’est pas facile et ne sera probablement pas terminée en « peu de temps », comme l’a affirmé le président Erdogan.

Après trois jours de bombardements et au lendemain du début de l’opération terrestre, peu de changements notables ont été signalés sur le terrain, selon des sources du régime et de l’opposition syrienne. Les Kurdes, qui peuvent mobiliser jusqu’à 10 000 combattants dans la région, opposent une résistance farouche et sont bien armés. La bataille risque d’être longue et meurtrière.

1) Bombardements turcs. Les Kurdes dénoncent le silence des pays occidentaux

Source : https://www.humanite.fr/bombardemen...

Depuis samedi 13 janvier, l’aviation turque bombarde plusieurs villes de la région d’Efrin, ce canton du nord de la Syrie géré par les Kurdes. C’est ensuite l’artillerie qui est entrée en action. Depuis hier, il s’agit d’une invasion en règle par des centaines de chars et d’unités militaires de toute sorte.

Le point sur la situation avec Agit Polat, le représentant des relations extérieures du Conseil démocratique kurde en France. Il est en contact permanent avec les forces kurdes et les institutions civiles de la région d’Afrin.

Humanite.fr : Quelle est la situation ce dimanche dans la région d’Afrin ?

Agit Polat : Il y a eu à nouveau 3 attaques de l’aviation turque sur la région, à Afrin même et aussi dans 3 autres villes au moins : Djindires, Shérawa et Mabeta. Il y a eu plusieurs blessés, dont une fillette de 7 ans. Hier, 6 civils ont été tués et il y a eu 10 blessés, et 3 combattants des YPG ( Unité de protection du peuple, branche armée du Parti de l’Union démocratique syrien, organisation politique des Kurdes du Nord de la Syrie, ndlr ) ont été tués. Le camp de réfugiés de Roubar, qui abrite 20 000 personnes, a été également la cible de l’aviation turque ce matin. Je viens de parler avec nos camarades sur place, selon eux, les YPG ont détruit 3 blindés turcs, car les attaques aériennes de la Turquie, s’accompagnent d’attaques au sol.

Humanite.fr : Quelles sont précisément les cibles visées par la Turquie dans cette offensive aérienne ?

A.P. Jusqu’à aujourd’hui, on compte plus de 170 cibles visées, parmi lesquelles des positions d’unités combattantes kurdes. Mais l’aviation opère aussi des tirs au hasard, notamment sur le centre ville d’Afrin. L’objectif, c’est d’installer la peur dans la population pour que les gens quittent la ville. Mais Afrin n’a pas connu d’attaques depuis le début de la guerre en Syrie il y a 5 ans, et les Kurdes ont eu le temps de se préparer.

Humanite.fr : Est-ce que d’autres forces militaires interviennent à l’heure dans le région d’Afrin ?

A.P. Oui, au sol, il y a des djihadistes anciennement d’al-Nosra, ils s’appellent aujourd’hui Fatah al-Cham, c’est la Turquie les a fait changer de nom. Ils sont positionnés au Sud d’Afrin et ils ont tenté des attaques, mais les YPG les ont repoussés. Au sol, il y a également des attaques de l’armée turque installée au nord et à l’est de la ville, et qui dispose d’artillerie et de blindés. A l’heure actuelle, il y a 3 fronts autour d’Afrin : au nord, au sud, et à l’est. Leur objectif, c’est d’entrer dans la ville et d’en chasser la population.

Humanite.fr : Comment est organisée la défense côté Kurdes ?

A.P. Elle est très bien préparée parce qu’elle est en place depuis plusieurs années. Il y a des ateliers de munitions, et les YPG disposent d’artillerie lourde. Selon nos camarades sur place, ce sont les Kurdes qui ont actuellement l’initiative, l’armée turque n’a pas gagné de terrain.

Humanite.fr : De nombreux pays sont impliqués dans la guerre en Syrie. Comment réagissent-ils à cette attaque de la Turquie, sur le territoire syrien, contre les Kurdes ?

A.P. Selon l’accord qui a été passé entre les Russes et les Etats-Unis, les Américains contrôlent les territoires situés à l’est de l’Euphrate, et les Russes, ce qui est à l’ouest, dont le canton d’Afrin, qui en fait partie. Pour que la Turquie puisse intervenir militairement dans cette région, il a donc fallu l’accord de la Russie. Nous considérons que la Russie est complice d’Erdogan dans cette attaque qui va déstabiliser toute a région.

Humanite.fr : Sur quels alliés peuvent compter aujourd’hui les Kurdes ?

A.P. Avant tout, les Kurdes comptent sur eux-mêmes, et cela depuis des années. Jusqu’à maintenant, nous avions en principe le soutien des Etats-Unis, mais depuis 48 heures, nous subissons une attaque et il n’y a aucune déclaration consistante de leur part. Même chose pour la Russie qui en principe n’était pas opposée aux Kurdes, mais eux aussi se taisent. Nous demandons que ces deux grandes puissances interviennent pour faire cesser cette attaque. C’est une guerre, ce qui se passe dans la région d’Afrin n’est pas normal.

Humanite.fr : Quelle est la réaction côté syrien ?

A.P. Avant l’attaque de la Turquie, la Syrie avait dit qu’elle détruirait tous les avions qui pénétreraient dans son espace aérien. Mais elle n’intervient pas contre l’aviation turque, et pour l’instant, elle ne fournit aucune explication.

Humanite.fr : Et ailleurs dans le monde ?

A.P. Il y a peu de réactions officielles précises de la part des Etats. Nous avons fait appel aux Nations-Unies. Nous pensons également que la France peut jouer un rôle en Syrie. La France pourrait soutenir les Kurdes qui proposent d’être une force de stabilité dans la région. Les Britanniques ont dit que la Turquie défendait ses intérêts, c’est inacceptable. Jamais un combattant kurde d’Efrin n’a franchi la frontière de la Turquie.

En revanche, beaucoup de personnes se sont mobilisées à travers le monde pour dénoncer l’attaque de la Turquie contre la région d’Efrin. Depuis 48 heures, il y a eu des manifestations dans 27 pays, en Europe, au Canada, en Australie, au Japon, aux Etats-Unis, etc… Hier, il y a eu une manifestation devant l’ambassade de Russie à Paris. En Turquie, le HDP ( Parti démocratique des peuples ) a également appelé à la mobilisation générale des mouvements kurdes.

C’est très important que les citoyens se mobilisent dans le monde. Les Kurdes ont combattu Daesh et à ce moment là, nous avions un soutien mondial, tous les pays prétendaient être nos alliés parce qu’ils avaient besoin de nous. Aujourd’hui, nous sommes lâchés par les pays occidentaux. Ils observent les attaques contre Afrin, mais c’est le silence total, ils ne font rien.


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