Sévices publics sur ordre européen

dimanche 25 février 2018.
 

Thatcher est de retour. Elle s’appelle désormais Macron. « Vous allez cracher du sang » avait alerté Mélenchon. « Populiste » avaient hurlé les bien-pensants. Mais après le code du travail, et avant les droits des chômeurs, le gouvernement lance une nouvelle offensive, contre le service public. C’est que le modèle social-républicain français est le dernier butin qui échappe encore à la finance en Europe.

Les cibles se font plus précises. La dernière en date, ô combien symbolique, est la SNCF. Derrière le disque rayé des attaques contre le statut des cheminots c’est le service public lui-même qui est visé par le rapport Spinetta. Il préconise ainsi de privatiser les deux entités de la SNCF pour les transformer en Sociétés anonymes (SA) comme La Poste sous Sarkozy. Au moins ne cache-t-il pas la cause : la « forme juridique actuelle n’est pas durablement compatible avec les exigences européennes ». Il ne cache pas non plus le but : ouverture à la concurrence des TER en 2019 et des TGV en 2023, fermeture de lignes régionales par dizaines et nouvelle hausse du prix des billets. Les mêmes recettes que celles de Thatcher au Royaume-Uni avec un bilan calamiteux : ça coûte plus cher et ça marche moins bien qu’en France !

L’attaque est plus globale. Le gouvernement a promis à la Commission européenne 80 milliards d’euros de coupes dans les budgets publics d’ici 2022. C’est une fois et demi le budget de l’Education nationale. Le plan de 120 000 suppressions de postes de fonctionnaires est un des moyens d’y parvenir mais le « plan de départs volontaires » annoncé n’y suffira évidemment pas.

Le comité d’action publique 2022 « CAP22 » y travaille dur. Il rendra son rapport bientôt. Sa mission a été précisée par circulaire du Premier ministre Philippe : « proposer des transferts de compétence entre différents niveaux de collectivités, des transferts vers le secteur privé et aussi l’abandon de missions ». On comprend pourquoi Philippe aurait été à la même place si Juppé était devenu président !

Tout y passera. Le Maire promettait dans la campagne de la primaire LR de « privatiser Pôle Emploi ». Le prétendu « vice-président » Blanquer multiplie par centaines les « fermetures Macron » de classes de maternelle et primaire. Hôpitaux et établissements pour personnes âgées, craquent de toutes parts et leurs personnels se mobiliseront de nouveau le 15 mars. La semaine suivante, le 22 mars, jour anniversaire du début de « Mai 68 », fonctionnaires et cheminots sont appelés à l’action. A l’automne, Macron a marqué le point sur les ordonnances sur le code du travail. Mais le printemps pourrait bien une nouvelle fois revenir. Car en s’attaquant aux services publics, c’est à la République elle-même que Macron et l’UE s’attaquent.

Matthias TAVEL


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