Macron Séparation église-Etat encore violée

samedi 28 avril 2018.
 

Lorsque le président Emmanuel Macron a accepté le titre de « premier et unique chanoine honoraire » de la basilique Saint-Jean de Latran, cela augurait mal de son respect de la séparation des Eglises et de l’Etat. Contrairement à Georges Pompidou, François Mitterrand ou François Hollande, il a officiellement pris possession du titre – ses prédécesseurs n’y ayant toutefois pas explicitement renoncé. Cependant, le discours qu’il a tenu face à la conférence des évêques de France le 9 avril, Emmanuel Macron est allé encore plus loin dans le mélange des genres.

Durant son discours, Emmanuel Macron a déclaré vouloir « réparer » un « lien abîmé entre l’Église et l’Etat ». Sans doute ignore-t-il qu’il n’y a pas qu’une Église en France, et que la loi de séparation des Eglises et de l’État en 1905 a rompu toute reconnaissance officielle par l’État des cultes. A cet égard, le devoir élémentaire de tout responsable politique est de laisser les courants religieux s’auto-organiser librement dans le cadre de la loi, et de ne pas s’ingérer dans les cultes. Et la loi de 1905 n’avait pas pour objectif d’abîmer le lien entre l’État et les cultes : elle la rompu définitivement, de manière nette, sans souffrance ni humiliation de part et d’autre.

Car il y a des dizaines de cultes en France, et une proportion majeure de nos concitoyens ne sont affiliés à aucun. Dès lors, pourquoi spécifier « votre foi est une part d’engagement dont notre politique a besoin » auprès d’auditeurs catholiques ? Le texte de 1905 est un compromis fragile après des siècles de guerre de religion ; le président de la République ferait mieux de se garder d’attiser le feu de la hiérarchie des cultes en en privilégiant certains par rapport aux autres et par rapport à ceux qui ne croient pas.

En outre, Emmanuel Macron a parlé à une frange très spécifique des catholiques français : les militants conservateurs. Après avoir déclaré que la Manif pour tous avait été « humiliée », le voici en train de prêter à l’Église catholique un « accompagnement des familles homosexuelles ». Qu’est-ce qu’une famille homosexuelle ? Une famille dont tous les membres sont homosexuels ? Il pense en réalité aux « familles homoparentales », dont des parents sont de même sexe. Plus généralement, ces propos ont choqué dans les associations homoparentales, en butte à l’hostilité d’une Église catholique encore favorable aux « thérapies de conversion des homosexuels » et hostile à toute reconnaissance et protection de leur situation par la loi. Que de mauvais coups portés en quelques minutes de discours !

Hadrien Toucel


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