SNCF. L’intersyndicale soudée malgré les tentatives de la dessouder

mardi 15 mai 2018.
 

En pleine huitième phase de grève, l’intersyndicale se retrouve ce à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Il s’agit, après les entrevues avec Édouard Philippe de lundi, de répondre à la reprise des hostilités à l’encontre du mouvement des cheminots. Des salves qui ont visé, ces deux derniers jours, à diviser les représentants des cheminots et à décrédibiliser la mobilisation.

Enfoncer un coin dans l’intersyndicale fut même la besogne principale du premier ministre, lundi. S’il a réaffirmé les mesures non négociables (ouverture à la concurrence du transport de voyageurs par rail, fin du statut des cheminots dès le 1er janvier 2020 et changement de statut de la SNCF), l’hôte de Matignon a brandi de possibles amendements à la loi, en discussion au Sénat à partir du 29 mai. Parmi ces carottes agitées  : la reprise d’une partie de la dette, sans date ni montant  ; des investissements supplémentaires pour améliorer la qualité du service, sans chiffrage précis  ; un plan de formation en faveur des personnels, sans autre détail qu’«  ambitieux  ». Et puisque les promesses n’engagent que ceux qui y croient, Thierry Mallet, président du syndicat d’employeurs des transports publics et ferroviaires, s’est empressé d’affirmer qu’il allait «  relancer la mécanique  » des négociations sur la convention collective, censée offrir des garanties sociales en contrepoint à la fin du statut de cheminot.

Le nouveau scud envoyé par la ministre des Transports

«  Je ne vois pas comment ils pourraient ne pas donner suite  », a embrayé Guillaume Pepy, relevant que «  l’Unsa allait chercher des précisions  » et que «  la CFDT a dit ‘‘mobilisation et proposition’’. Or, dans ‘‘mobilisation et proposition’’, il y a ‘‘proposition’’ ». Le patron de la SNCF tente aussi de faire porter la responsabilité du blocage sur les syndicats. «  Le dialogue peut reprendre et tout le monde pense que c’est le moment, parce qu’il reste trois semaines (avant le passage au Sénat – NDLR)  », a-t-il ajouté. Hier, Élisabeth Borne a envoyé un autre scud. La ministre des Transports a asséné que l’extinction du statut de cheminot allait dégager «  une centaine de millions d’euros d’économies par an dans les dix prochaines années  ». «  Sachant que le statut de cheminot est dérogatoire au Code du travail et donc moins ‘‘cher’’ sur bien des aspects (travail de nuit, week-ends et fêtes, mobilité géographique…), j’attends toujours avec impatience l’étude économique expliquant cela  », lui a rétorqué Fanny Arav (Unsa ferroviaire), via Twitter.

À l’image de cette parade riposte, l’offensive gouvernementale et patronale visant à dessouder l’intersyndicale a l’effet inverse de la souder. Si la CFDT se laisse la possibilité de déposer des amendements, tous jugent insuffisantes les réunions avec Philippe. Dès lors, les discussions du jour porteront sur la suite du mouvement. «  On va faire une proposition, qui a déjà été acceptée sur le principe avec nos partenaires, et qui sera probablement sous la forme d’un référendum  », a annoncé Laurent Brun, lundi, sur LCI. À l’image de la consultation à Air France qui a renforcé les syndicats, «  l’objectif est de montrer au gouvernement qu’il va falloir qu’il recule sur le cœur de sa réforme  », a-t-il ajouté. La mobilisation de lundi 14 s’annonce massive. «  Il faut absolument la réussir en faisant remonter le taux de grévistes à un point encore jamais atteint. Car, contrairement à ce que la direction veut faire croire, le mouvement est loin de s’essouffler  », soulignait hier Alain Schartz, représentant de la CGT cheminots en Loire-Atlantique. De quoi renverser la pression, avant de nouvelles rencontres avec Édouard Philippe, le 24 ou 25, et le passage du projet de loi au Sénat.

Stéphane Guérard, L’Humanité


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