Ferme des 1000 vaches : Un monde à l’envers

lundi 25 juin 2018.
 

Six militants de la Confédération Paysanne, dont le porte-parole du syndicat Laurent Pinatel, sont poursuivis, au civil, pour des actes de démontage de la salle de traite de la « Ferme des 1000 vaches » dans la Somme. Quatre ans après cette action, la partie civile demande un dédommagement de 140 000 €, pour des dégâts supposés de 127 000€.

Les militants avaient déjà été condamnés en 2015 lors d’un procès au tribunal pénal : les sanctions alors prononcées comprenaient des amendes et des peines de prison de quelques mois avec sursis. Le procès au tribunal civil qui a eu lieu le 31 mai 2018, et dont le délibéré sera connu le 19 septembre 2018, n’est donc pas là pour juger l’acte de démontage de la salle de traite : il vise à faire payer financièrement la Confédération Paysanne pour les dommages causés par cette action.

La Confédération Paysanne est aujourd’hui jugée pour refuser de se soumettre à une agriculture absurde, niant les lois fondamentales de l’agronomie et l’indispensable prise en compte du bien-être animal. Elle est jugée pour refuser le diktat libéral qui met en concurrence les agricultures et les agriculteurs du monde entier. Elle est jugée pour refuser cette course aberrante au productivisme, à l’heure où les prix du lait n’ont jamais été aussi bas.

Ce procès devrait être celui de l’industrialisation de l’agriculture, responsable du suicide d’un agriculteur tous les deux jours et de la détresse quotidienne d’un nombre croissant de paysans. Quand l’agro-industrie sera-t-elle jugée pour les dommages humains dont elle est responsable ? Un tiers des agriculteurs vit avec moins de 350 € par mois. Les investissements faramineux des fermes-usines sont en totale déconnexion avec la réalité sociale, écologique et économique de l’agriculture et de l’élevage. La nécessaire transition écologique de l’agriculture est incompatible avec les fermes-usines. Quand l’agro-industrie sera-t-elle jugée pour les dommages environnementaux qu’elle génère ? Les seuls coûts de dépollution de l’eau se situent entre 260 millions et 660 millions d’euros par an, payés par les collectivités et donc chaque Français. Un agriculteur sur cinq souffre de troubles de la santé directement liés à l’utilisation des pesticides, d’après la Mutualité Sociale Agricole.

L’acharnement de l’agro-industrie contre ses opposants traduit sa crainte : le productivisme est à bout de souffle et ne convainc plus une majorité de français.

Romain Dureau


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