Bientôt la fin des pensions de réversion ?

samedi 1er septembre 2018.
 

Il n’y a pas de place pour les pensions de reversions dans le cadre de la réforme de la retraite imaginée par Macron. En effet dans ce système comme l’a dit le même Delevoye : « il n’y aura pas de points gratuits ».

On comprend que l’occasion paraisse belle. Les pensions de reversions, cela représente 35 milliards d’euros

B) Les pensions de réversion, ça craint ! (Jean-Luc Mélenchon)

https://melenchon.fr/2018/06/21/les...

C’était juste une question. C’est devenu une boule de neige d’interrogations angoissées. On sait d’une part que Macron veut changer de fond en comble le système des retraites pour faire un système « par points » là où fonctionne aujourd’hui la retraite par répartition. Dans le système actuel, les veufs et veuves touchent un pourcentage de la retraite de leur conjoint décédé. Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire en charge du dossier « réforme des retraites » a donc posé cette question aux syndicats : « doit-on maintenir les pensions de réversion ? ». C’est tout un art de parler comme s’il y avait un point d’interrogation.

Car il n’y a pas de place pour les pensions de reversions dans le cadre de la réforme de la retraite imaginée par Macron. En effet dans ce système comme l’a dit le même Delevoye : « il n’y aura pas de points gratuits ». On comprend que l’occasion paraisse belle. Les pensions de reversions, cela représente 35 milliards d’euros, soit 11% des dépenses su système de retraite actuel.

Mais les économies possibles ne peuvent faire oublier qui elles frapperaient sauvagement ! 4,4 millions de personnes touchent une pension de réversion, 89% des bénéficiaires sont des femmes. Et pour 1 million d’entre elles, c’est leur seule source de revenu ! Et pour celles qui ont-elles mêmes une retraite, la pension de réversion compense à 40 % l’écart de niveau de retraite entre homme et femmes. La question de monsier Delevoye et le plan de Macron sont donc une catastrophe annoncée pour des millions de personnes en âge de retraite qui seront précipitées dans la misère.

Pour bien comprendre ce qui se prépare, il faut comprendre comment fonctionne le système de retraite à points de monsieur Macron. Dans le système par points, les droits sont entièrement individualisés. Le montant des pensions correspond au nombre de points accumulés pendant une carrière. Tout le monde comprend que l’objectif est d’atteindre un équilibre financier sur une génération grâce à un ajustement du niveau des pensions et de la durée de la retraite. Chacun achète des points dont il ne sait pas ce qu’ils vaudront au moment de prendre la retraite, car cela dépendra du nombre de vivants et de la somme disponible. Horrible !

Mais il y a pire encore, comme c’est le cas avec le système des pensions de reversions. Car le système par points est contradictoires avec l’idée de transferts de droits à des personnes qui n’ont pas cotisé pour en bénéficier. Ce que l’un a payé ne vaut pas pour l’autre qui n’a pas payé. D’où la formule « il n’y aura pas de points gratuits ». C’est comme ça que s’appelle la pension de reversion dans le système Macron. On voit comment, une fois de plus, le président des riches est l’ennemi du peuple, des petits salaires et pensions.

Quel plan infame ont-ils encore prévu pour régler cette contradiction entre leur plan et la réalité d’aujourd’hui ? Première idée : la suppression progressive des pensions de réversion. C’est-à-dire que ce droit s’éteindrait avec les générations de l’ancien système. Deuxième idée tordue : une harmonisation par le bas des pensions de réversion. La Cour des Comptes avait déjà proposé en 2015 un alignement des conditions dans la fonction publique sur celles du privé. Le résultat serait un bon coup sur la tête de tout le monde. À l’âge minimal de départ de moins de 57 ans, tous les veufs et veuves de fonctionnaires retraités seraient perdants. De plus, les mêmes retraités dont les revenus sont supérieurs à 1 712 euros seraient perdants. Merci qui ?

A) Les veuves bientôt privées de retraite  ?

Ils n’ont pas honte ! Le Haut-commissariat à la réforme des retraites met en doute le droit des veuves de toucher la pension de leur conjoint décédé.

Les craintes formulées à l’égard de la réforme à venir du système des retraites (voir l’Humanité du 1er juin) se confirment plus tôt que prévu. Dans un document de travail du Haut-Commissariat en charge du sujet et révélé par les Échos, on peut lire cette phrase  : «  Compte tenu des évolutions en matière de taux d’emploi des femmes et de conjugalité, doit-on maintenir des pensions de réversion  ?  » En clair, le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye et ses experts s’interrogent sur le bien-fondé du droit des veuves à toucher une partie de la pension de leur conjoint décédé dans le futur système de retraites par points. Problème  : les retraites des femmes étant en moyenne 25 % inférieures à celles des hommes, ces pensions de réversion permettent de réduire cet écart de 15 points, et sont donc un puissant outil de correction des inégalités. Les bénéficiaires sont d’ailleurs des femmes à 89 %. Pour justifier son propos, le Haut-Commissariat table sur un recul de l’écart moyen des pensions entre les femmes et les hommes d’ici à 2030 (15 % de différence) et 2045 (10 %). Une lecture que réfutent les syndicats  : «  Au rythme actuel, on parviendra à l’égalité salariale en 2132, autrement dit, les pensions ne seront égalitaires qu’en 2175  », fait-on valoir chez FO.

Surtout, la piste ouverte par le Haut-Commissariat confirme le reproche principal fait à la règle énoncée par Emmanuel Macron selon laquelle «  chaque euro cotisé donnera lieu aux mêmes droits  » pour chacun à la retraite. À savoir que, derrière une apparence d’équité, se cache un système qui va en réalité amplifier les inégalités de salaires et de carrière, puisque ce sont celles et ceux qui cotisent le moins qui seront pénalisés  : les femmes, les ouvriers, les chômeurs, les malades… Quid alors des mécanismes de solidarité qui agissaient comme des compensations, à l’instar de la pension de réversion, mais aussi des majorations pour enfant, par exemple, tout aussi dérogatoires au principe des «  mêmes droits pour chaque euro cotisé  »  ? Sébastien Crépel


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