Les jeunes ne sont pas nos ennemis ! Ils sont avant tout nos enfants !

samedi 6 mai 2006.
 

Ouvrons leur l’avenir au lieu de les enfermer ! Ils ont besoin de l’éducation pas des prisons !

Les politiques de notre pays n’entendent-ils réserver à la jeunesse qu’un avenir sous détention.

Depuis l’ordonnance du 2 février1945, la justice des mineurs, incarnée par le juge des enfants, considère que les jeunes qui commettent des délits sont également en danger. Il faut donc les aider en les éduquant de manière à préserver leur existence future.

Les tribunaux pour enfants disposent depuis cette époque d’un ensemble de solutions éducatives qu’ils font appliquer à travers leurs jugements, par les services de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), institution publique d’état créée dans le même temps.

Des équipes d’éducateurs, assistant(e)s sociaux(ales), psychologues, psychiatres, personnels de service, interviennent auprès des jeunes, qu’ils restent dans leur propre famille ou qu’ils soient placés en foyer, en centre de jour, en famille d’accueil, en lieu de vie...

Mais depuis avril 2002, c’est cette justice là, humaine et misant sur l’avenir que le pouvoir veut détourner de sa mission première.

Aujourd’hui s’est installée une véritable politique de régression sociale.

La justice des mineurs, à l’instar de celle des majeurs, s’est durcie avec les lois Perben I et II.

Nous constatons chaque jour que les jeunes qui passent devant la Justice sont en majorité issus de familles touchées par la précarité, le chômage, les problèmes de logement, de santé, de scolarité...

Ça ne fait rien ! Le Gouvernement a décidé d’en finir avec ce que Mr Sarkozy appelle « l’excuse sociale de la délinquance ». Le traitement de la fracture sociale sera policier et pénal. La panoplie sécuritaire se perfectionne.

Avec la loi « Sarkozy » sur la prévention de la délinquance, on va demander aux intervenants sociaux, du policier à l’assistante sociale en passant par les éducateurs, les profs, les travailleurs de la santé...d’informer le Maire de la ville ou de la commune sur les jeunes et leurs familles dites « à problème » donc supposées « à risque ». Cette loi va faire déraper le travail social vers un contrôle social inacceptable qui risque d’entamer les libertés individuelles élémentaires auxquelles tout citoyen a droit.

Cette politique de délation organisée touche bien sûr les jeunes sans papiers, scolarisés dans les établissements de l’Education Nationale. Ces élèves sont soumis au harcèlement de nos dirigeants politiques. Dès l’année scolaire terminée, combien vont vivre de façon dramatique leur renvoi du territoire français dans lequel ils ont misé tous leurs espoirs.

En réponse à la délinquance des mineurs, le gouvernement ressort les vieilles recettes de la détention. Après avoir lancé la promotion de Centres Educatifs Fermés (CEF), il a programmé la construction de 7 Etablissements Pénitentiaires pour Mineurs (EPM) à travers la France, de 60 places chacun pour des enfants de 13 à 18 ans.

La Seine et Marne va accueillir un de ces centres qui va s’ériger à CHAUCONIN, (près de MEAUX) Dans cette même localité existe déjà un quartier pour mineurs de 12 places à l’intérieur de la nouvelle maison d’arrêt pour majeurs récemment ouverte.

Par ailleurs, 2 Centres Educatifs Fermés sont en cours de création dans notre département.

Evidemment, ces structures carcérales (EPM) et para carcérales (CEF) vont coûter énormément cher aux contribuables.

Par ex : la construction d’un EPM = 14 millions d’euros alors que le budget 2005 de la Protection Judiciaire de la Jeunesse du 77 revient à 975 000 euros et le budget de la prévention spécialisée du Conseil Général du 77 coûte 6,5 millions d’euros pour un an.

Toutes ces dépenses pour les structures d’enfermement se font au détriment des services traditionnels tournés vers l’éducation.

Par le passé, ce type de centres fermés ou pénitentiaires a déjà existé. Ils avaient les noms évocateurs de bagnes pour enfants, maisons de redressement, maison de correction.

Ces formules ont démontré leur inefficacité et leur nocivité, produisant la dégradation des individus et la récidive.

L’ordonnance de 45, même si elle priorise l’éducation, n’exclut pas la détention pour les mineurs, mais elle insiste sur le caractère exceptionnel que doit conserver une peine de prison pour un enfant.

Pourtant, aujourd’hui, le gouvernement préfère privilégier l’enfermement des jeunes en difficulté plutôt que d’améliorer les moyens de la santé, de l’éducation, de la justice ou de l’insertion professionnelle.

A l’éducation nationale : les ZEP vont disparaître ; suppression des aides éducateurs, des surveillants. Diminution des postes d’enseignants (30% de moins en 2006), augmentation des emplois précaires.

Dans le secteur de la santé mentale : pénurie de médecins psychiatres dans les centres médicaux psychologiques et les hôpitaux publics, insuffisance de lieux d’accueils en pédopsychiatrie.

Pour l’insertion professionnelle : retour à l’apprentissage à 14 ans, contrats CNE et CPE qui révoltent une grande partie de la population par l’injustice et la précarité qu’ils provoquent.

L’Etat pénal prend la place de l’Etat social.

L’Etablissement Pénitentiaire pour Mineurs de CHAUCONIN va symboliser cette régression.

Les mouvements sociaux actuels tout comme ceux de novembre dernier démontrent pourtant l’urgence de traiter les problèmes de la jeunesse en répondant aux difficultés d’existence quotidiennes auxquelles elle est confrontée.

Trop de politiques misent sur le rapport de force permanent avec les jeunes difficiles. En les montrant du doigt, ils les diabolisent dans le but de les isoler. Ils veulent oublier qu’un jeune difficile est la plupart du temps un enfant en difficulté.

Ensemble, nous devons refuser cette politique répressive vis-à-vis d’une partie des jeunes de notre pays.

Exigeons pour eux un autre avenir en faisant le pari de l’Education !

(article paru dans Repère n° 102)


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