Non à la cérémonie pro-OAS le jeudi 7 juin 2007 à Perpignan

lundi 28 mai 2007.
 

Suite à l’appel à rassemblement lancé par l’ADIMAD pour rendre hommage à d’anciens activistes de l’OAS, à Perpignan le 7 juin prochain, un collectif d’associations appelle à une manifestation le même jour à 10h pour refuser qu’une telle cérémonie puisse se dérouler dans un espace public. Il demande également le déplacement dans un lieu privé de la stèle élevée à la gloire des tueurs de l’OAS.

Vous trouverez ci-dessous l’appel du collectif, les lettres adressées au maire de Perpignan et au préfet des Pyrénées-Orientales par deux associations qui défendent la mémoire de victimes de l’OAS, ainsi qu’un premier écho paru dans la presse algérienne.

L’ADIMAD, association composée d’anciens activistes de l’Organisation armée secrète, organise pour la 4ème année un rassemblement au cimetière du Haut-Vernet, le 7 juin 2007 à partir de 11 h. Il s’agit, pour ses initiateurs de rendre plus particulièrement hommage à Albert Dovecar et Claude Piegts, deux terroristes de l’OAS qui participèrent à l’assassinat, le 31 mai 1961 du commissaire central d’Alger, Roger Gavoury. Cet acte criminel leur valut, dans les conditions de l’époque, d’être condamnés à mort par la justice française. Ces tueurs agissaient sous les ordres du légionnaire déserteur Degueldre, chef des commandos "Delta", qui subit lui aussi le même sort. Parmi ses crimes, il avait abattu au fusil-mitrailleur, le 15 mars 1962, six Inspecteurs de l’Education nationale, membres des Centres sociaux éducatifs. Ce rassemblement est prévu devant la stèle élevée à leur gloire ainsi qu’à celle de Jean Bastien-Thiry, instigateur en 1961 et 1962 de deux attentats dirigés contre le général de Gaulle, alors président de la République.

Nous appelons à une manifestation le même jour à 10h, devant le cimetière du Haut-Vernet pour refuser qu’une telle cérémonie puisse se dérouler dans un espace public. Parce qu’elle est une forme d’expression de l’apologie de crimes de guerre, constitutive notamment d’un trouble réel à l’ordre public, nous nous adressons au Préfet des P.O. pour lui demander de prendre un arrêté d’interdiction à son encontre. Nous lui demandons, ainsi qu’au maire de Perpignan, d’user de leurs prérogatives pour faire déplacer la stèle élevée à la gloire des tueurs de l’OAS dans un lieu privé.

Pour les soussignés, cette cérémonie est une offense à la mémoire de tous ceux et celles qui ont été victimes de l’OAS. Il est contraire à l’esprit de paix, de fraternité et de réconciliation, nécessaire pour que vivent ensemble les générations issues des populations que le drame algérien a éprouvées. C’est dans cet esprit que nous serons présents pour déposer le jeudi 7 juin à 10h à l’entrée du cimetière du Haut Vernet une gerbe en hommage à toutes les victimes du passé colonial de la France en Algérie, de 1830 à 1962.

Nous vous appelons à être présents nombreux jeudi 7 juin à 10h devant l’entrée du cimetière du Haut Vernet Sont signataires dans le département des Pyrénées Orientales : ANACR, ARAC, ASTI, CGT, Coup de soleil, France-Palestine, FSU, LCR, LDH, MRAP, PCF, SURVIE, UNSA.

Autres signataires : Familles et Amis d’Algérie (Languedoc-Roussillon), LDH Nîmes et Montpellier, et MRAP 13.

Soutien de : ATTAC 66, Mouvement de la Paix 66.

Sont signataires les associations et organisations nationales : Les amis de Max Marchand, ANPROMEVO, Harkis et droits de l’Homme, LCR, Ligue des droits de l’Homme, Mouvement pour l’égalité, MRAP [1].


Paris, le 17 avril 2007

Monsieur le maire,

Sur son site Internet (www.adimad-oas.com), sous la rubrique "ACTUALITÉ/Calendrier", une association composée d’anciens activistes de l’Organisation armée secrète, dénommée "Association amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française" (Adimad), a lancé un appel à rassemblement sur le domaine public de votre commune, le 7 juin 2007 à partir de 11 h 00.

Il s’agit, pour les initiateurs de ce projet, de rendre plus particulièrement hommage, à l’occasion du 45ème anniversaire de leur exécution, à deux terroristes condamnés à mort pour leur participation à l’assassinat, le 31 mai 1961, sous les ordres du lieutenant déserteur Degueldre, du commissaire central d’Alger, Roger Gavoury, mon père, dont l’acte de décès est - je tiens à le souligner - revêtu de la mention "Mort pour la France".

Ces deux criminels sont Albert Dovecar et Claude Piegts.

Le rassemblement en question est envisagé au cimetière du Haut-Vernet, devant la stèle élevée à leur gloire ainsi qu’à celle du chef des commandos "Delta" Roger Degueldre et de Jean Bastien-Thiry, instigateur en 1961 et 1962 de deux attentats dirigés contre le général de Gaulle, alors président de la République.

Dans cette manifestation, l’on ne peut que voir à la fois une forme d’expression de l’apologie de crimes de guerre et une injure à la mémoire de militaires et de civils, fonctionnaires de la police ou de l’éducation nationale, porteurs des valeurs de la République.

Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler les termes de l’allocution du président de l’Adimad, le 7 juin 2006, devant le cénotaphe précité :

« Je suis très ému de me trouver aujourd’hui [...] devant cette stèle, ô combien représentative de l’assassinat de 116 de nos camarades, les meilleurs d’entre nous. Assassinés par le traître en chef, les barbouzes gouvernementales, les forces militaires gaullistes alliées des terroristes FLN, les polices parallèles ou gaullâtres, la justice d’exception couchée devant le maître, recevant pour prix de sa soumission des hochets où l’honneur avait couleur de sang et sans oublier la solde des Judas [...]. C’est en leur nom, en notre nom à tous aussi, Claude et Bobby, que je m’adresse à vous, qui êtes devenus le symbole même de notre combat si juste et si désespéré. Je me souviens de ce 7 juin 1962. Nous croupissions alors dans ces ignobles cachots de la Santé où De Gaulle Charles nous avait claquemurés. Nous occupions la place encore chaude de ceux qu’il venait d’amnistier : les abominables tueurs FLN dans les bras desquels le degaulleiter s’était abandonné, servi par ses polices, parallèles ou pas, afin de livrer des millions de Français de toutes confessions, et quinze départements du territoire national, à une bande de sicaires sans aucune autre légitimité que le sang français qu’ils avaient répandu, à profusion, de concert, et main dans la main. ».

Nul doute que, si le déroulement de la manifestation prévue cette année est autorisé par vos soins, ces propos seront renouvelés, voire durcis.

Je ne puis imaginer que vous acceptiez de cautionner des délits prévus et réprimés par la loi du 29 juillet 1881 modifiée sur la liberté de la presse.

Pour sa part, l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO) n’a pas l’intention de laisser se dérouler une manifestation honteuse, dont la tenue porterait atteinte à l’honneur et à la dignité de ceux qui, depuis le plus modeste jusqu’au plus haut niveau, ont servi l’Etat avec courage et dévouement, témoignant d’un loyalisme constant et absolu à l’égard des institutions de la République.

C’est pourquoi elle se dispose à inviter ses adhérents, comme celles et ceux qui soutiennent son action à Perpignan, à se réunir devant le cimetière du Haut-Vernet, le jeudi 7 juin en matinée, pour un contre-rassemblement républicain : l’objectif consistera à empêcher, de la façon la plus résolue, qu’hommage soit à nouveau publiquement rendu, par leurs thuriféraires, à d’anciens terroristes, érigés en martyrs et héros aux termes d’un discours révisio-négationniste auquel l’élu que vous êtes ne peut souscrire.

En considération de ces éléments, il vous appartient d’apprécier, en concertation avec le préfet des Pyrénées-Orientales, l’opportunité d’user ou non des pouvoirs que vous tenez de l’article 3 du décret du 23 octobre 1935 modifié portant réglementation des mesures relatives au renforcement du maintien de l’ordre public.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le maire, l’expression de mes sentiments distingués.

Jean-François Gavoury, président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)


Paris, le 25 avril 2007

Monsieur le Préfet,

Un fois de plus l’ADIMAD, qui regroupe d’anciens militaires factieux, appelle à une manifestation publique le 7 juin 2007 à 11heures au cimetière du Haut-Vernet, en hommage à deux criminels condamnés à mort et exécutés pour leur participation à l’assassinat, le 31 mai 1961, du commissaire central d’Alger Roger Gavoury, reconnu « Mort pour la France ».

Quel est le crédit de l’Etat lorsqu’il recommande de respecter la police, tandis qu’il permet qu’honneur public soit rendu aux assassins d’un fonctionnaire de la Police nationale ?

L’année dernière, en même temps que l’éloge des deux assassins, le président de l’Adimad [2] avait honoré la mémoire du commanditaire de l’attentat contre le commissaire Roger Gavoury, le légionnaire déserteur Roger Degueldre, lui aussi condamné à mort et exécuté. Parmi ses crimes, il avait abattu au fusil-mitrailleur, le 15 mars 1962, six Inspecteurs de l’Education nationale, membres des Centres sociaux éducatifs, dont l’association que je préside perpétue l’œuvre et le souvenir.

Quel est le crédit de l’Etat lorsqu’il recommande de respecter les enseignants, tandis qu’il permet qu’honneur public soit rendu à l’un des assassins de fonctionnaires de l’Education nationale ?

Notre association, qui regroupe d’anciens rapatriés qui tiennent l’OAS pour responsables de leur départ d’Algérie, ne peut accepter sans réagir le déroulement d’une manifestation d’hommage à des criminels, jugés et condamnés par la Justice.

Ce rassemblement d’anciens membres d’une organisation terroriste et raciste en vue d’honorer le chef des assassins d’enseignants est incompatible avec les valeurs qu’incarnaient et enseignaient les six dirigeants des Centres sociaux éducatifs « morts au champ d’honneur de leur travail ».

Cette manifestation constitue une apologie de crime de guerre. Elle offense les 2 200 victimes civiles et militaires de l’OAS qui ont courageusement servi et défendu l’Etat lorsqu’il était menacé par des traitres qui ont tourné contre la République les armes qui leur avaient été confiées.

Nos adhérents sont donc invités à s’opposer avec détermination à cet hommage indigne et provocateur.

Il vous appartient, Monsieur le Préfet, de prendre toutes les mesures nécessaires pour interdire cette manifestation anti nationale qui transforme en héros ce qui furent les assassins de serviteurs loyaux de la République.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de ma considération distinguée.

Jean-Philippe Ould Aoudia



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