"Hé, stupide barbouze !" Le matricule 14452 Jean-Luc Mélenchon se paye Benalla et l’étude de l’ONG EU Disinfo Lab

dimanche 19 août 2018.
 

COLÈRE NUMÉRIQUE - Le député des Bouches-du-Rhône a pris la plume sur Twitter, jeudi 9 août au soir, pour dénoncer son fichage dans l’enquête effectuée par l’ONG EU DisinfoLab sur la viralité de l’affaire Benalla.

Plus d’une semaine après sa publication, l’étude de l’ONG EU Disinfo Lab continue de faire parler d’elle. L’enquête de cette ONG belge, dont une lecture tronquée des conclusions avait amené certains partisans d’Emmanuel Macron à attribuer la vague de tweets dans l’affaire Benalla à une tentative de déstabilisation de la part de la Russie, est dans le viseur de bon nombre d’utilisateurs de Twitter, particulièrement actifs fin juillet et début août sur le sujet.

Parmi eux, un certain Jean-Luc Mélenchon, qui s’est saisi de son clavier, jeudi 9 août, pour publier un tweet incendiaire à son égard : "Eh stupide barbouze ! Je ne suis pas un bot russe. C’est juste moi, Mélenchon, qui tweete contre toi ! Si t’as besoin de me ficher pour t’en rappeler, c’est que tu es encore plus bête que tu en as l’air. Signé matricule 14452."

Manipulation dans l’affaire Benalla : comment inventer un "complot russe" sur Twitter en quatre actes

Source : https://www.marianne.net/politique/...

Pendant plusieurs jours, les médias ont évoqué la possibilité d’un complot russe dans la diffusion de l’affaire Benalla... qui n’a jamais été démontré. L’étude à l’origine de cette hypothèse, menée par l’ONG Disinfo Lab, a de quoi laisser perplexe et peut être démontée point par point.

Cette affaire dans l’affaire avait tout pour fasciner, puisqu’elle mêle barbouzerie, géopolitique et manipulation numérique dans un contexte politique tendu. Elle avait même le bon goût d’épouser parfaitement la théorie macroniste de la "tempête dans un verre d’eau". Seul problème : rien de tout cela n’était démontré. Dans l’histoire des intox au succès retentissant, la fable du "complot russe sur les réseaux sociaux dans l’affaire Benalla" restera en effet comme un modèle du genre. Ses conséquences pourraient être fâcheuses : à force de hurler au loup russe à la vue du moindre profil poutiniste sur Twitter, il sera sans doute plus difficile, demain, de convaincre l’opinion de l’existence d’une manipulation venue du Kremlin, si les Russes se laissent réellement aller à ce genre de pratiques. Retour sur l’émergence d’une "information fracassante"... qui n’était, jusqu’à preuve du contraire, qu’un conte d’été.

A partir du 3 août, la thèse a essaimé sur de nombreux médias, radio, TV, ou écrits. Elle était abordée au conditionnel, le plus souvent sur le mode interrogatif. "La Russie a-t-elle amplifié l’écho de l’affaire Benalla ?", se demandaient les journalistes. Encore un coup des Russes ? Cette question saisissante et dérangeante méritait apparemment d’être posée, sur la foi d’une étude menée par une ONG censée lutter contre la propagation de "fake news", la EU DisinfoLab. Autant le dire : les auteurs de cette étude portent une lourde responsabilité dans la propagation de cette intox. Alors que leur objectif revendiqué est la lutte contre les “fake news” et pour la qualité de l’information, ils ont contribué à la propagation de rumeurs en entretenant la confusion sur les résultats de leur recherche. "Gonflage numérique puissance 20"

Tout commence le 30 juillet, lorsque Nicolas Vanderbiest, co-fondateur de Disinfo Lab et doctorant à l’Université catholique de Louvain, publie trois tweets fracassants, dans lesquels il partage les premiers résultats de son “investigation” sur l’affaire Benalla. Il explique pêle-mêle que "1 % des comptes ayant tweeté sur l’affaire a produit 44 % du total des tweets" et que "parmi ceux-ci, correspondance de 27 % avec l’écosystème russophile”. Il conclut qu’il y a eu "du gonflage numérique puissance 20". Ce spécialiste des "fake news" va même jusqu’à… poster une capture d’écran d’un membre supposé de cette "russosphère", à titre d’exemple. Il s’agit d’un certain "AmiCriméen", dont la photo de profil associe le drapeau russe et le drapeau français. A la vue de ces trois messages rédigés par un universitaire qui fait autorité sur le sujet, comment ne pas sérieusement s’interroger sur une éventuelle ingérence des amis de Vladimir Poutine ? Aucune précaution sur les conclusions à tirer de ces quelques lignes ne vient d’ailleurs accompagner cette analyse retentissante.


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