À bientôt, Camarades !

mercredi 26 septembre 2018.
 

Dimanche s’est close la Fête de l’Humanité 2018. Le message essentiel des dirigeants communistes aura été de taper sur « La France insoumise » tout en lançant des appels à « l’union des gauches ». À l’inverse, pour nous, les responsables insoumis, le souci essentiel était par-dessus tout d’éviter les incidents. Bref, à tout prix, éviter les images qui nuiraient aux relations sur le terrain entre des femmes et des hommes avec qui nous agissons le plus souvent au coude à coude. Car ce sont ces liens que certains veulent briser à tout prix.

Le groupe parlementaire a donc décidé d’éviter la cérémonie du discours de Pierre Laurent, devenu le haut lieu des provocations verbales. En effet, l’an passé, quatre mois après la présidentielle, ce discours avait été l’occasion d’une agression verbale assez odieuse pour que nos représentants s’en aillent en refusant de le saluer. Cette année, avant même la fête, la tête de liste de la direction du PCF aux européennes avait, de façon préméditée, invectivé de façon spécialement offensante le député insoumis Adrien Quatennens. En effet, pour mettre en cause sa position sur l’immigration, il avait évoqué contre lui le devoir d’accueil inconditionnel de son grand-père fuyant le nazisme. On ne peut faire pire pour rendre toute relation impossible. La grossièreté du procédé nous a conduit à penser qu’il s’agissait d’une volonté délibérée de l’actuel cercle dirigeant du PCF dont Brossat est devenu la vitrine. Ce cercle a multiplié les offenses ces trois dernières années pour sauvegarder ses alliances avec le PS. Ian Brossat est la figure emblématique de cette stratégie aux côtés d’Anne Hidalgo à Paris. Nous savons que les européennes ont lieu 9 mois avant les municipales et celles-ci sont la véritable cible de l’équipe dirigeante actuelle du PCF.

Évidemment, l’absence au discours de Pierre Laurent n’avait rien d’un boycott de la Fête comme a voulu le faire croire Ian Brossat. Les Insoumis étaient nombreux dans les allées de la Fête. Leurs députés et porte-paroles ont honoré toutes les invitations qui leur avaient été adressées. En évitant le discours de Pierre Laurent au stand du CN du PCF, nous avons évité tous les incidents et les images désastreuses qui seraient allées avec. De la sorte nous avons aussi rendu service aux communistes de la Fête que des images de provocations auraient desservis, comme ce fut le cas lorsque notre stand avait été dégradé à deux reprises ou les accrochages filmés avec gourmandise à la sortie du discours de Pierre Laurent ! Il s’agit de sauver les dialogues futurs. Ces dialogues reprendront, un jour ou l’autre, quand cette page sera tournée par les communistes.

De ce point de vue, nous aussi nous attendons beaucoup du congrès communiste. Nous espérons que soit tournée la page des relations lamentables qui prévalent depuis trois ans. Car le Front de Gauche est mort de notre refus de la stratégie d’alliance à géométrie variable de la direction communiste actuelle. De notre refus des « primaires de toute la gauche ». Mort du refus du PCF de permettre les adhésions directes au Front de Gauche et les comités de base. De leur refus de rompre avec Tsípras après sa trahison. Collusion qui continue aujourd’hui encore, alors même que le porte-parole de Syriza propose un front de Macron à Tsípras en Europe « face aux populismes ». De leur refus de dire si oui ou non leur politique européenne se fait à traités constants comme le disent Hamon et Brossat ou s’il acceptent la statégie de la désobéissance aux traités que nous proposons. Bref, il faut le rappeler : la fin du Front de Gauche n’a pas été une fâcherie personnelle mais une rupture politique sur des questions politiques.

Le divorce dure parce que rien de tout cela n’est réglé au PCF. Et parce que la ligne Brossat, pour trouver un accord avec Hamon, se construit sur une mise au ban des Insoumis sur la base de diffamations communes contre les Insoumis. Tout cela pour protéger la poursuite des alliances à géométrie variable. La nouvelle alliance qui se profile est un attelage des plus étranges si l’on tient compte de la ribambelle de déclarations identitaires entendues récemment. Benoît Hamon-Varoufakis-PCF ? Pourquoi pas ? Cela facilitera la clarification. Bien sûr, nous savons que cette coalition consacrera toute son énergie comme aujourd’hui à nous réserver tous les coups et à tout faire, comme à la présidentielle, pour empêcher notre succès. Mais ce nihilisme sans projet sera vite décrypté.

Rien ne le dit mieux que l’appel du député PS Carvounas. Celui-ci était le porte-parole de Manuel Valls un temps. Il comparait alors les communistes aux nazis. A présent, il appelle à une liste PCF/ PS/ EELV dans le noble projet de « ne pas disparaître ». Quel programme ! Où le peuple trouverait-il son compte dans ce sauvetage ? Les électeurs trancheront. Et alors le paysage sera solidement redessiné pour préparer sérieusement la conquête du pouvoir en 2022 au fil des élections locales. J’ai la ferme conviction que la voix des urnes fera le travail d’apurement qu’elle a commencé aux élections présidentielles. Nous espérons tout d’elle. Rien des combines et accords de sauvetage mutuel auxquels s’invitent entre eux nos agresseurs.

Pour nous, l’essentiel est ailleurs. Sur le terrain, ici et là dans les luttes, à l’Assemblée nationale, le plus souvent, les Communistes et les Insoumis marchent ensemble. D’autant plus facilement que souvent des Insoumis se disent communistes et que des Communistes se disent insoumis. C’est bien. « La France insoumise » est bien un label commun. Chacun en dispose pour mener à bien son travail en vue de l’insoumission de la société tout entière. Personne ne renonce à son identité. Cette façon de vivre en commun se fait sans discours ni négociations. C’est une coopération spontanée. Et quand cela ne se fait pas, cela tient davantage au comportement des personnes qu’aux divergences d’idées. Il ne s’agit pas de dire que les programmes sont les mêmes.

Résumons. Le but des communistes est la révolution socialiste, la propriété collective des moyens de production et le communisme. Ils amorcent un tournant écologiste qui nous réjouit. Le nôtre c’est la Révolution citoyenne, le partage des richesses, la planification écologique et la 6ème République. Ces deux projets ont des plages communes mais ils ne se confondent pas, cela va de soi. Mais cela n’empêche pas d’ici-là d’agir ensemble. C’est pourquoi nous attendons donc beaucoup du prochain congrès communiste.

Nous attendons d’avoir des interlocuteurs fiables qui tiennent parole, garantissent une ligne constante, renoncent à l’injure et à la trahison de la parole donnée dans leurs relations avec nous comme l’a fait pendant toutes ces années la direction communiste actuelle. Le reste est l’affaire des communistes et je ne m’en mêlerai point. Notre conviction est que des communistes sûrs d’eux-mêmes seraient des interlocuteurs plus fiables. Mais il va de soi que nous attendons aussi des clarifications sur les sujets brûlants que Brossat a mis à l’ordre du jour.

Par exemple, nous ne sommes pas d’accord pour que l’immigration soit le débat central de la prochaine élection comme l’a proclamé Brossat au nom du PCF. Ce serait servir la soupe à Macron et Le Pen. Et nous ne sommes pas d’accord pour renoncer à traiter les causes de l’immigration comme l’affirme Brossat contre Quatennens au nom du devoir d’accueil inconditionnel de son grand père juif fuyant les nazis. Nous ne sommes pas d’accord pour taire le fait que le patronat utilise la main d’œuvre sans-papier pour la maltraiter et la sous-payer dans le but de se procurer de la main d’œuvre peu chère et de peser sur le salariat organisé. En le disant, cela ne signifie ni que nous rendons les migrants responsables des bas salaires ni du chômage comme nous en accusent calomnieusement Besancenot, Hamon, Brossat.

Nous avons prévu de créer un statut de réfugié économique pour répondre au problème que posent les personnes dans cette situation sans sombrer ni dans l’expulsion générale ni dans le refus du contrôle. Nous nous prononçons pour la régularisation des travailleurs sans-papier et le même contrat de travail pour tous en opposition au statut de travailleur détaché. Nous ne sommes pas pour le droit de libre installation. En effet nous défendons la réalité des frontières parce que nous en avons besoin par ailleurs pour appliquer notre programme et faire du protectionnisme solidaire, de la relocalisation, de l’impôt universel, du contrôle des marchandises et de la douane. C’est une position de raison que la nôtre. Nous pensons qu’elle mérite d’être discutée en tant que telle et non disqualifiée par l’injure.

Du coup, nous attendons de nos contradicteurs que leurs positions soient clarifiées. Nous attendons qu’elles soient mises en mots comme une politique applicable au pouvoir et pas simplement une déclamation en vue de nous flétrir. Certes, aujourd’hui il semble qu’il suffise de nous insulter pour être dispensé de préciser ce que l’on défend soi-même. Il suffit de dire « LFI, c’est flou » sans jamais démontrer quoi que ce soit pour être aussitôt repris en boucle. Cela ne durera pas : le vrai flou est celui de nos contradicteurs. Il ne résistera pas à un débat sérieux. Nos positions sont argumentées. Elles forment un tout. Un document écrit les présente. Nos positions ne sont pas celles qui nous sont attribuées par des journalistes trop fainéants pour lire notre programme sur le sujet ou des politiciens trop éloignés de la vie institutionnelle pour avoir écouté nos oratrices et orateurs à la tribune de l’Assemblée nationale. Et l’amnésie sur la participation de chacun à la loi Valls sur l’immigration ne durera pas non plus, qu’on se le dise.

Bref, sur cette question, nous espérons que le congrès communiste donne des réponses claires car c’est à ce prix qu’un dialogue argumenté est possible. Mais est-il réellement souhaité ? Le niveau de violence verbale actuelle de l’équipe de Pierre Laurent montre que non. Peut-être parce que l’addition des flous dans les choix ne laisse plus que la hargne comme dénominateur commun et le report sur autrui des causes de son impuissance. Nous sommes certains que les communistes n’accepteront pas cette identité rabougrie et cette hargne si exclusive.

À bientôt camarades !


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