Le PCF en proie à des difficultés financières

dimanche 7 octobre 2018.
 

La perte d’audience électorale du PCF le plonge dans des difficultés financières le contraignant à effectuer des licenciements en son siège.

En proie à une chute de son budget, le Parti communiste a procédé à quatre licenciements économiques cet été, et devrait supprimer deux postes supplémentaires, pour aboutir à 30 salariés à la fin de l’année. Une secrétaire licenciée proteste et un responsable du parti opposé à la direction déplore que le PCF se comporte « comme un mauvais patron ».

Des lettres de licenciement qui arrivent au cœur de l’été, visant des salariés ayant plus de 50 ans, une longue ancienneté professionnelle, et dont trois sur quatre sont des femmes. Deux autres suppressions de poste sont à venir, et la situation est justifiée par les difficultés économiques récurrentes de l’employeur. Ces faits pourraient être banals, et ne pas plus retenir l’attention que les centaines de cas semblables qui se sont produits cette année. Mais l’employeur ayant procédé à ces licenciements économiques, fin juillet, n’est autre que le Parti communiste français (PCF). Et la procédure attire, fatalement, le regard.

Sylvie est l’une des salariées concernées. Celle qui a fait toute sa carrière au siège du PCF, dans l’emblématique immeuble de la place du Colonel-Fabien à Paris, n’accepte pas la situation. « J’ai 54 ans, j’ai adhéré à 17 ans au parti et j’y ai toujours milité, dans l’Essonne, indique-t-elle. Je suis employée au siège depuis 1991. J’ai commencé par le ménage, puis je suis passée par dix ans au standard, avant de devenir secrétaire. J’ai encore trois enfants à charge, qui voudra m’embaucher désormais, à mon âge, et avec un tel C.V. ? ». « Licencier comme cela, c’est grave, on se bat justement pour que de telles choses n’arrivent pas dans les entreprises. Je n’ai pas adhéré à un parti qui agit ainsi ! », insiste-t-elle.

Le licenciement de Sylvie et de ses collègues jette une lumière crue sur les finances du PCF. En chute libre. Selon la lettre de licenciement de la secrétaire, alors que le budget 2016 du parti s’élevait à 8,5 millions d’euros, il a chuté à 7,5 millions en 2017, et ne devrait pas dépasser 5,6 millions pour 2018. Cette brutale chute financière s’explique par les mauvais résultats électoraux lors des élections législatives et sénatoriales de juin et septembre 2017. Ils « se sont traduits par des pertes de sièges qui ont impacté le budget national ».

« Nous allons donc subir une perte de 1,6 million, soit une baisse de 27 % par rapport à 2017, et nos prévisionnels d’exploitation démontrent qu’à défaut d’économies substantielles, nous risquons d’être en état de cessation de paiement dès l’année 2019 », indique le courrier lui annonçant la suppression de son poste. Suppression qui « ne permet pas de solution de reclassement au sein du conseil national, compte tenu des éléments budgétaires évoqués et des profils de postes correspondant au nouvel organigramme », assure la lettre signée par Jean-Louis Frostin, administrateur du siège et directeur des ressources humaines du parti.

« Dès juin 2016, le comité exécutif national du PCF a engagé une réflexion sur le dispositif de travail, explique ce dernier à Mediapart. Nous avons fait en sorte de ne pas remplacer tous les départs à la retraite, nous avons négocié des ruptures conventionnelles avec des salariés et nous avons procédé au maximum à des économies, mais cela n’a malheureusement pas suffi. » Les licenciements se sont révélés inévitables, assure l’administrateur, et tous les postes de secrétaires et de conseillers politiques attachés à un seul dirigeant ont disparu, au profit de salariés « au service d’un collectif de direction ».

Là où le siège du PCF comptait 44 salariés en 2015, ils ne sont plus que 32 à l’automne 2018. Deux autres postes seront encore supprimés d’ici la fin de l’année, sans doute sous forme de licenciements économiques, et d’autres départs à la retraite sont attendus dans les prochains mois.

Contactés par Mediapart, les représentants du personnel (CGT) du siège du parti, Jérôme Wurtz et Yann Henzel, soulignent avoir « toujours veillé à ce que le maximum soit fait » pour éviter les licenciements, et rester « très attentifs à ce que tout ce qui est légalement possible dans ce cadre soit fait » concernant « ces licenciements, durement vécus, non seulement par les collègues concernés, mais aussi par les salariés du siège du PCF ». Un accompagnement personnalisé a été proposé aux licenciés, assuré par le cabinet de reclassement privé Oasys, « afin de les aider à définir et réaliser un nouveau parcours professionnel s’inscrivant dans un projet de vie ». Trois salariés sur quatre l’ont accepté.

Solidaires à la manœuvre

Pour protester contre les licenciements, ce n’est pas la CGT, mais le syndicat Solidaires qui a mené la fronde.

Par Dan Israel

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