Jean Paul Fantou, Sans Domicile fixe en grève de la faim depuis 50 jours

lundi 1er mai 2006.
 

Depuis le 17 mars dernier, Jean-Paul FANTOU, sans domicile fixe depuis vingt ans, a entamé une troisième grève de la faim pour dénoncer l’exclusion et la misère qui se banalise sur les trottoirs des grandes villes.

Dénoncer l’exclusion, c’est souvent l’affaire des associations. On a tous remarqué à Paris la dernière action médiatique de Médecins du Monde qui a distribué aux sans-abri de la Capitale des logements de fortune (tentes Igloo) dans la première nuit de l’hiver 2005. Partout, sur les trottoirs, sous les ponts, sur quelques zones encore vertes, on voit ces verrues en plastique, ces regroupements miséreux. L’objectif de Médecins du Monde, ce n’était pas de remplacer les mesures d’urgence que des mairies comme Paris mettent à la disposition des personnes en danger qui passent l’hiver dans la rue, mais bien de rendre plus visibles ces personnes que l’on croise sans trop d’intérêt un peu partout, mendiant, mangeant, fumant, buvant, dormant toujours au même endroit.

Qui pouvons-nous ? Sommes-nous responsables de toute la misère du monde ? Comment concilier les effets nocifs de la charité (qui remplace une action publique inexistante ou peu efficace) et les utopies de la solidarité nationale qui engageraient nos élus à apporter des solutions cohérentes et durables pour des personnes exclues du système, entassées dans des zones urbaines sans avenir pour eux si ce n’est la quantité de passages et donc une proportion évidente de pièces qui tombent du porte-monnaie, de clopes qui quittent le paquet ?

Le traitement des sans abri est complexe, car il ne suffit pas de leur offrir un logement pour que tout aille mieux. Il faut accompagner ces femmes et ces hommes dans un programme de réinsertion ambitieux qui comprend une formation pour certains, un travail, une aide sanitaire et tant d’autres facteurs qui nous semblent logiques mais qui, soi-disant, nous coûteraient peut-être trop cher...

Trop cher ?

Et les hôtels mis à la disposition des SDF pendant l’hiver, c’est gratuit ? Le SAMU social qui sillonne les rues à longueur de nuit, c’est gratuit ? La misère a un coût, sous estimé, forcément, par l’immense contribution bénévole qu’elle connaît et qui représente une charge de travail qui, en tant normal, serait payée.

Voilà globalement les propos de Jean-Paul FANTOU. Pour lui, ce n’est pas une question d’argent si les acteurs économiques, sociaux et politiques ne s’intéressent pas de plus près à la question des sans-abri, et pour éviter que cette exclusion-là ne devienne un sujet saisonnier comme un autre (incendie de forêt l’été, SDF en danger l’hiver), celui qui se fait appelé "Clocheman" a choisi d’arrêter de se nourrir le jour où les mesures d’hébergement d’urgence prenaient fin en France avec, dans le lot, la reprise des expulsions des mauvais payeurs de loyers.

Clocheman est sur la place de la Bastille, devant l’Opéra. Il relate son histoire dans un livre qui s’est vendu à plus de 200000 exemplaires. Il reçoit chaque jour des dizaines de visites et rappelle à tout le monde qu’il ne veut rien pour lui tout seul : il veut éradiquer la misère et placer les pouvoirs publics devant leurs responsabilités. Un relais médiatique sans précédent s’est mis en place : articles de journaux, passages aux JT français et étrangers. Le message de Jean-Paul FANTOU est-il, finalement, en train de passer ?

Dans son abri-bus, il attend Dominique de Villepin et Jean-Louis Borloo pour leur faire des propositions concrètes. Jusqu’à son quarante sixième jour de grève, il ne les avais pas vu et le médecin qui le suit le priait ce week-end d’accepter l’éventualité d’une hospitalisation et de baisser les bras. Face au silence des responsables politiques, l’association Droit Au Logement a organisé un regroupement de soutien dimanche 30 avril où une trentaine de personnes sont venus saluer son courage.

Grâce à la relance médiatique du week-end, et face à l’état critique de sa santé, la situation évolue enfin, car on apprend ce matin qu’un rendez-vous avec le chef de cabinet du ministre Borloo lui a été donné. Fallait-il attendre que cet homme déjà fragilisé par une situation sanitaire inacceptable se retrouve au bord du gouffre pour qu’on écoute son message de vive voix ?

Soutenons l’action de Jean-Paul FANTOU en lui adressant un message électronique (clocheman@clocheman.com), et relayons ensemble le combat de cet homme contre l’exclusion et la misère.

Par Cédric Jullion

Secrétaire de l’UFAL Paris 12ème paris12@ufal.org


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