Québec : La vague “dégagiste”

dimanche 21 octobre 2018.
 

Les élections provinciales du Québec du 1er Octobre 2018 viennent de bouleverser le jeu politique de cette province francophone du Canada. Les deux partis d’alternance ont tous deux subi un cuisant échec : Le Parti Libéral du Québec, au pouvoir presque sans discontinuité depuis 2003, a obtenu 24,7% des voix (contre 41,7% des voix en 2014) et 32 députés (-38 députés). Et le Parti Québécois, qui incarnait traditionnellement les aspirations des Québécois à l’indépendance, s’effondre à 17% des voix (contre 25% en 2014) et obtient 9 députés (- 21 députés).

Les deux grands gagnants sont la Coalition Avenir Québec (CAQ) et Québec Solidaire (QS). La CAQ obtient la majorité absolue (74 députés) à l’Assemblée Nationale du Québec avec 37,4% des voix. Québec Solidaire (QS) réalise une percée. Ce parti de gauche indépendantiste obtient 16% des voix et 10 députés, soit un gain de 7 députés. Surtout, QS a réussi son pari : sortir de Montréal et gagner des comtés en région : à Rouyn Noranda et à Sherbrooke et deux à Québec (Taschereau et Jean-Lesage). Il a mis à mal des “pointures” : Vincent Marissal a battu le chef du Parti Québécois (Jean François Lisée) dans le comté de Rosemont à Montréal et Christine Labrie a battu le ministre libéral Luc Fortin à Sherbrooke.

Ce score est le résultat de la stratégie de campagne mise en place par QS. Inspirée de la France insoumise et de la campagne de Bernie Sanders, elle s’est appuyée sur un réseau dense de bénévoles, organisés au travers d’une plateforme numérique. Son programme audacieux lui a acquis le vote des jeunes et des classes moyennes et populaires urbaines : gratuité scolaire, réduction des tarifs de transport en commun, salaire minimum à 15 $ de l’heure, transition écologique permettant d’atteindre la carboneutralité en 2050, ...

En dépit de la forte progression de QS, la CAQ qui a la majorité absolue gouvernera la province du Québec. Cette formation conservatrice est dirigée par François Legault, ex ministre du PQ, et richissime fondateur de la compagnie aérienne Air Transat. Tout un symbole ! La CAQ incarne la synthèse entre l’orientation néolibérale du PLQ et la dérive identitaire du Parti Québécois. Son programme prévoit d’augmenter les investissements dans le réseau routier, de restreindre les flux migratoires, …

Cette élection n’a cependant pas soulevé l’enthousiasme : le taux de participation a fortement diminué (66% soit - 5 points). Avec la CAQ, les Québécois ont voté pour le “moins pire”. QS appelle d’ores et déjà à la mobilisation contre le gouvernement de la CAQ, non pas pour protester (comme en 2012 avec le « printemps érable »), mais pour exiger !

Sébastien Polveche


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