De la genèse des conquis sociaux de 1936 en France… à leur destruction en 1940

mercredi 14 novembre 2018.
 

1906 : instaurer un repos dominical, « ce n’est pas possible » - proclamait à l’époque le patronat (sur le même air qu’aujourd’hui pour les retraites, la Sécu, la taxation des capitaux, etc.). Le 1er mai 1906, les ouvriers n’obtiendront pas les quarante heures… mais ils gagneront la loi du 13 juillet 1906 qui rend obligatoire le repos hebdomadaire. C’est aussi les 10 jours de congés payés pour les gaziers et électriciens parisiens qui se généraliseront en 1936 à l’ensemble des travailleurs. Mai - juin 1936 n’est pas une explosion spontanée. Le krach boursier du 24 octobre 1929 à la bourse de New York entraîne une dépression terrible, où le chômage et la pauvreté explosent puis en Europe où l’Allemagne est touchée de plein fouet. Six millions de chômeurs (33 % de la population active) vont constituer un terreau pour le développement du parti nazi. L’antiparlementarisme se développe, nourri de scandales politico-financiers (affaire Staviski).

Les mouvements d’extrême droite se développent, de nombreuses ligues fascistes - Croix de feu, Camelots du roi, Action française, répandent un climat de haine et de guerre civile jusqu’à la tentative du coup d’Etat et du renversement de la République du 6 Février 1934. Effrayé par l’ampleur et la cohésion croissantes des actions de la classe ouvrière, l’impérialisme international lança contre les travailleurs sa force la plus réactionnaire, la plus terroriste, le fascisme. Hitler accapara le pouvoir en Allemagne et a comblé les attentes qu’industriels et banquiers avaient placées en lui. En effet, il réalisa tous les points importants de leur ’programme’ plus diligemment, plus complètement et plus impitoyablement qu’ils n’auraient pu ou osé le faire eux-mêmes. Le danger fasciste devint réel en France.

« L’histoire n’est que l’histoire de la lutte des classes ». Quand l’unité se fait sur la base des revendications, quand le rapport de forces et la luttes des classes sont revendiquées face à l’adversaire qui la mène consciemment, quand les organisations du monde du travail syndicales, politiques et associatives marchent main dans la main, la force du peuple travailleur est irrésistible. Ni le politique ni le syndical ne détiennent seuls la clé et aucun des deux ne l’a jamais emporté seul. Les cavaliers seuls conduisent droit dans le mur.

L’unité de la classe ouvrière française dont la base fut fournie par la conclusion du pacte d’action commune des deux principaux partis de la classe ouvrière, le P.C.F. et la S.F.I.O. (27 juillet 1934), mais c’est aussi le rétablissement en mars 1936 de l’unité syndicale du prolétariat qui ont mis provisoirement en attente les appétits de l’impérialisme français.

C’est avec ces modalités que le nouveau bureau de la CGT se compose de six anciens confédérés, Jouhaux, Belin, Bouyer, Bothereau, Buisson, Dupont, et de deux anciens Unitaires, Racamond et Frachon. Ainsi, après quinze années de division, le congrès de Toulouse cimente l’unité syndicale. Pour Belin, Ancien secrétaire de la Fédération nationale des P.T.T., la réunification s’apparente à un quiproquo : « L’erreur de fond de 1935-36 fut de se déclarer solennellement partisans de l’unité [1] » « Fais appel à tes souvenirs, écrit plus tard Bothereau à son ami Bertrand, le 10 octobre 1940, les pressions subies de toutes parts, l’état d’esprit dans notre mouvement à cette époque ? Quand l’unité s’est faite, elle était inévitable. La vérité est que nous n’avions pas le choix, alors : il fallait accepter avec les garanties obtenues ou bien partir. [2] » La nouvelle Confédération reste donc aux mains des confédérés. Avec une proportion de l’ordre des trois quarts des postes, dans toutes les instances dirigeantes nationales, les Unitaires ne comptent que sept UD, ne décrochent que six fédérations sur trente-cinq : la métallurgie, les chemins de fer, le bâtiment, le verre, l’agriculture et les produits chimiques.

Le chômage s’installe : entre 500 000 et un million de chômeurs. Le chômage partiel touche 2 millions de salariés.

Cinq éléments essentiels de conjonction de convergence de la victoire du Front populaire ont été nécessaires.

1) Ce qui est primordial, c’est le rôle non négligeable dans la balance : l’existence de l’Union Soviétique. L’intensification du rapport de force en faveur du mouvement révolutionnaire pousse les bourgeoisies à adopter des mesures réformistes en faveur de la classe ouvrière, après la guerre notamment dans les pays impérialistes : sécurité sociale, instruction gratuite, congés payés… Bien entendu, l’origine soviétique de ces acquis est cachée. Parmi ces mesures, on peut citer la gratuité de l’enseignement à tous les degrés (cela peut faire pâlir la France même un siècle après la révolution d’Octobre !), l’entrée gratuite aux maisons de culture, la gratuité des soins, des médicaments, du dentiste (dans quel pays a-t-on tout cela mis en place ?). La journée de travail est aussi réduite (7h avant la 2ème Guerre Mondiale, 8h après).

2) La lutte contre la montée des factieux et le fascisme en 1934, Un pacte d’unité d’action, scellé entre la SFIO et le Parti Communiste le 27 juillet 1934 conduira le 14 juillet 1935 à la formation du Rassemblement populaire, auquel adhèrent plus de cent organisations. Le « Front populaire » est né. Puis viendra le programme du Front Populaire en janvier 1936.

3) L’unité des travailleurs - la réunification de la CGTU et de la CGT au congrès de Toulouse en mars 1936 contribua à la victoire du Front populaire face à l’unité des patrons qui n’a qu’un seul syndicat la confédération générale du patronat français (CGPF) organisation patronale française créée le 4 août 1936 pour remplacer la Confédération générale de la production française, pour reprendre en main et réduire à néant les Accords Matignon.

4) 3 mai 1936. La victoire du Front populaire et l’union des partis le composant : Le Parti socialiste obtenait 1 964 384 voix, 149 députés et 17 députés avaient fait une demande d’adhésion à la S.F.I.O. Le Parti radical obtenait 1 422 000 voix et 109 députés. Le Parti communiste a quant à lui 1 502 404 suffrages et 72 parlementaires, sachant que les femmes ne pouvaient pas voter. Le ministère de l’Intérieur comptabilise 317 maires communistes en 1937.

5) 26 mai, début de l’occupation des usines, des grands magasins par les ouvriers, ouvrières et leurs enfants. Les grèves ne touchent pratiquement que le secteur privé.

Avant même que ne s’ouvrît la campagne électorale, un grave incident survint, qui aurait pu tourner à la tragédie, c’est « L’agression dont L. Blum est victime, le 13 février 1936, alors que ce dernier sortait du Palais-Bourbon, sa voiture fut arrêtée par le cortège funèbre de l’historien royaliste Jacques Bainville. Reconnu, le leader socialiste fut assailli par les militants de l’Action française et sérieusement blessé ; il ne dû son salut qu’à l’intervention des ouvriers d’un chantier voisin. Les brutalités dont le leader socialiste a été l’objet de la part des étudiants de l’Action française et d’autres groupes d’extrême droite concrétisent dramatiquement le regain de violence des ligues et des organisations de droite depuis l’automne.

L’extrême droite qualifiant Léon Blum de « Juif allemand naturalisé ou fils de naturalisé », de « détritus humain à traiter comme tel », L’Action française du 9 avril 1935 concluait ainsi sa diatribe : « C’est un homme à fusiller, mais dans le dos. [3] »

Appuyant le gouvernement Laval qui avait longtemps toléré leurs démonstrations, ces différents mouvements ont ressenti sa chute comme une défaite et accru leur campagne contre les partis de gauche. Les attaques dont C. Maurras était coutumier dans les colonnes de l’Action française prenaient souvent la forme de véritables appels au meurtre, de L. Blum notamment. Comment s’étonner, dès lors, que celui-ci ait été assailli aux cris de « Blum au poteau » !

Cette agression suscita une grande émotion parmi les organisations de gauche dont la réaction fut unanime tant sur le plan parlementaire que dans le pays. Le gouvernement décida de dissoudre l’Action française, la fédération des Camelots du roi et la fédération nationale des Étudiants d’Action française.

Parallèlement le Rassemblement populaire appela à une manifestation de protestation le 16 février 1936 du Panthéon à la Bastille contre les ligues et le fascisme dont l’ampleur considérable (500 000 manifestants) et la détermination ne furent pas sans effets sur la décision gouvernementale. Le Populaire célèbre la dignité des manifestants qui ont défilé dans un calme impressionnant.

La CGT réunifiée en 1936, avait vécu une rupture en décembre 1921 après l’exclusion de la fédération CGT des cheminots par la tendance confédérée après l’échec de la grande grève de 1920.

Cela se traduira par la création de la CGTU- tendance unitaire qui fait le choix révolutionnaire après la révolution réussie de Russie et celle d’Allemagne férocement réprimée par l’alliance du SPD avec les Freikorps lesquels seront l’ossature du NSDAP hitlérien. Un choix des unitaires nourrit du rejet des pratiques de l’union sacrée ayant permis la boucherie de 14-18 portées par la majorité de la direction de la CGT.

La C. G. T. U. était née d’une protestation contre la politique d’« union sacrée » et la pratique de la collaboration des classes qui en découlait inévitablement. Pourquoi avait-elle choisi de se désigner comme la « C. G. T. » « unitaire » ? Pour deux raisons. La première est qu’elle ne reniait pas la C. G. T., cette C. G. T. qui datait de 1895 A ces traditions, la C. G. T. U. entendait rester fidèle dans la mesure où elles incarnaient l’esprit de lutte de la classe ouvrière. Et pourquoi unitaire ? Parce que les militants de la C. G. T. U. n’ont jamais accepté la scission. Ce sont les exclusions ou les menaces d’exclusion qui avaient abouti à la création d’une nouvelle centrale syndicale.

Au congrès de réunification de Toulouse en mars 1936, la classe ouvrière avait en face d’elle une menace sérieuse du fascisme. En reconstituant l’unité, la CGTU et la CGT lançaient des grands mots d’ordre pour rassembler la majorité de la classe ouvrière dans les rangs de la CGT alors réunifiée. Ils demandaient les 40h, les conventions collectives, ils parlaient de la défense et du relèvement des salaires, des congés payés, des délégués ouvriers. Tout cela c’était des formules de propagande. Eh bien, depuis, ces formules ont été réalisées ; elles l’ont été grâce au Front populaire, c’est vrai, mais aussi grâce à l’action de la classe ouvrière en juin 1936. Sans avoir la moindre illusion que la bourgeoisie accepterait comme une chose définitive tout ce que les travailleurs lui ont arraché par son action énergique.

Il doit être précisé, d’aussi bien, que deux autres éléments expliquent la soudaineté et l’ampleur du mouvement revendicatif de juin 1936. C’est, d’une part, la condition extrêmement précaire de la classe ouvrière, frappée par le chômage et la baisse des salaires, consécutivement aux mesures générales de déflation pratiquées par les gouvernements depuis 1934. C’est, d’autre part, que la propagande syndicale s’était exercée depuis des années en faveur d’une action contre la crise, et qu’elle avait popularisé des solutions propres à frapper l’esprit des travailleurs. On ne saurait oublier, en particulier, l’effort qui avait été développé à Paris même en faveur des conventions collectives de travail dans les premiers mois de 1936.

C’est l’action des masses, essentiellement l’occupation des usines et l’unité de la classe ouvrière qui ont abouti aux conquis de 1936 en faisant peur au grand patronat ; le Sénat, réactionnaire lui-même, a voté des lois sociales, contraint par l’action du prolétariat français.

Le 17 avril 1936, Maurice Thorez fait un discours au micro de Radio Paris. Il développe ses appels à l’union. Il s’adresse aussi aux catholiques : « Nous te tendons la main, catholique, ouvrier, employé, artisan, paysan, nous qui sommes des laïques, parce que tu es notre frère et que tu es, comme nous, accablé par les mêmes soucis. »

Le 1er mai signifie l’unité des travailleurs et rassemblait des foules immenses pour la conquête de droits nouveaux dont les huit heures ont acquis force de loi, en 1936, le 1er mai se situait entre les deux tours des élections législatives.

Mai – 1936. Partout, les travailleurs déposent leurs revendications : Augmentation des salaires, libertés syndicales, délégués d’ateliers, élus, semaine de quarante heures, congés payés, contrats collectifs. Déjà, entre les deux tours du scrutin, le 1er mai a témoigné de leur volonté. Pour la première fois depuis 15 ans, Renault a dû fermer ses portes. De puissants défilés ou rassemblements se sont tenus. Le 1er mai aux usines Bréguet du Havre, des salariés font grève. Pour l’exemple, la direction licencia deux travailleurs, Adrien Friboulet et Vachon. Le 11 mai, 800 ouvriers débrayèrent et demeurèrent dans l’usine, les bras croisés. Le patron havrais faisant la sourde oreille, le soir venu, les ouvriers, au lieu de rentrer chez eux restèrent sur place devant les machines stoppées. Le Havre fut le premier chaînon des grèves avec occupation. Cinq cents grévistes décidèrent de rester dans l’usine en attendant que satisfaction leur soit accordée.

Le droit de s’organiser dans l’usine, dans l’entreprise était devenu une exigence de la vie, à laquelle les patrons devront finalement céder. Après la manifestation de 600 000 participants au mur des fédérés, le 24 mai, en hommage à la Commune de Paris, le mouvement gagne les grandes usines de la métallurgie. Face à la crise économique et au danger fasciste, après le succès électoral de la coalition réunie autour de Léon Blum un mouvement social se déclenche le 26 mai. Il concerne le privé, à l’exception de la Banque. Fonctionnaires et agents du service public sont au travail.

Afin de faire face à la montée du fascisme en Europe, mais aussi de l’aggravation des conditions de vie due à l’accentuation de la crise économique, les travailleurs arrachent, par la lutte, les grandes conquêtes sociales.

Les dirigeants socialistes qui, le 30 mai 1936, avaient salué durant leur congrès les succès du mouvement gréviste s’en inquiètent quelques jours plus tard lorsqu’ils sont en charge du gouvernement, ils critiquent la généralisation des occupations d’usines. Pour autant les syndicalistes de l’ex-CGTU n’estiment jamais que ce mouvement inaugure une situation révolutionnaire. Blum constitue son ministère le 4 juin 1936.

Pour ne pas gêner et déstabiliser le gouvernement de Blum, les cheminots par la voix de Pierre Sémard ont pris l’engagement de ne pas entrer dans la grève, n’ont pas occupé les gares et les voies ferrées mais aussi de ne pas paralyser l’économie en évitant une occupation des chemins de fer et il indique à Léon Blum qu’il ne s’agit pas de mettre en difficulté le gouvernement face au capitalisme. En contrepartie Blum promettra aux cheminots à ce que soit accordés les 21 jours de congés payés, la semaine de 40 heures, les conventions collectives et la réintégration des révoqués de 1920 dans les compagnies de chemins de fer [4].

Par la suite, l’absence des cheminots dans la grève et l’attitude de la Fédération seront l’objet de critiques qui déboucheront sur un débat au congrès fédéral de juin 1938. C’est l’occasion pour Pierre Sémard – au-delà de la conjoncture de juin 1936 de préciser les conceptions syndicales de l’action directe dans les chemins de fer : « Nous n’avons pas employé l’action directe : nous avons employé notre force syndicale parce que nous avons estimé que l’action directe n’était pas nécessaire. Ceux qui aujourd’hui nous disent que nous aurions dû occuper les chemins de fer en 1936 ne nous l’on pas proposé à l’époque. […] Une grève générale dans les chemins de fer n’est pas une grève habituelle, parce qu’elle a des conséquences politiques et sociales dont certains ne mesurent pas l’importance [5] ».

L’année 1936 marque historiquement la voie du progrès social. L’établissement de l’autorité de la classe ouvrière qui, pour la première fois, traite d’égal à égal avec le patronat.

Des corporations comme les employés « prolétaires en faux-cols », qui au début de 1936 sont 11,5 % de la population active qui ne se sont associés à aucun mouvement depuis longtemps, s’introduisent dans la grève et occupent leur lieu de travail. [6]

La Chambre née du scrutin de mai entre, enfin, en fonction, pour la première fois dans l’histoire de la République, trois femmes entrent au gouvernement (Madame Brunschvicg : Éducation nationale, elle permet la création de 1500 à 1700 cantines d’école ; Irène Joliot-Curie : Recherche scientifique, elle met en place une institution de recherches financée par l’Etat (Service central de la recherche scientifique), embryon du CNRS ; Suzanne Lacore : Santé publique, protection de l’enfance, elle s’emploie « à humaniser l’Assistance publique »). [7]

Sous la pression croissante des masses et le 6 juin à la demande de la C.G.P.F (Confédération générale de la production française), C’est bien les patrons qui ont sollicité cette entrevue avec la CGT. Au procès de Riom, Léon Blum a confirmé [8] :’Je dois à la vérité de dire que l’initiative première est venue du grand patronat sur la base du relèvement général des salaires en contrepartie de l’évacuation des usines’), dominée par le Comité des Forges et son dirigeant Lambert-Ribot, et ces derniers d’accepter l’invitation du gouvernement de se réunir avec la CGT à l’Hôtel Matignon.

Le dimanche 7 juin au matin, cette initiative fut transmise par R.Salengro à la CGT. Les représentants de cette dernière et ceux du patronat qui se trouvent face à face pour la première fois dans l’histoire du mouvement syndical français. Les représentants des monopoles doivent s’incliner.

Ce Front populaire qui représente pour les travailleurs un tournant puisque les grèves de mai-juin 1936 contraignent la classe dominante à reconnaître l’existence du mouvement ouvrier et à composer avec lui et à signer le 7 juin 1936 les accords dits « Matignon ». « Victoire sur la misère ! 8 millions de travailleurs obtiennent satisfaction » titre Le Peuple du 8 juin 1936.

Le grand capital essaya de diaboliser les grèves (comme elle le fait en permanence), les occupations des usines et ateliers, alors qu’elles furent menées dans notre intérêt à tous.

Dans la discussion, Lambert-Ribot, s’étonne des revendications présentées et demande : « Mais quand donc les ouvriers en France ont-ils jamais eu une augmentation générale des salaires de cette importance ?

Benoît Frachon réplique : « Et quand donc, en France, avez-vous vu un mouvement ouvrier de cette ampleur et de cette importance ! »

A la fin de la discussion, les patrons apposaient leur signature à côté de la CGT, Benoît Frachon poursuit : ’ à Matignon les patrons se rendaient compte de ce qui allait se passer. Ils cherchaient à éviter le pire. Ils sentaient bien qu’aussi longtemps que les travailleurs occuperaient leurs entreprises, leur force et leur union leur permettraient d’obtenir des succès ».

Après la signature des accords la délégation patronale essaya ’en contrepartie ’ d’obtenir de la C. G. T. un appel à l’évacuation des usines.

Benoît Frachon parlait de ce qu’il appela un petit incident révélateur : l’occupation des entreprises restait la bête noire des patrons. C’était un atout considérable entre les mains des ouvriers pour avancer la signature des conventions collectives et y faire insérer les clauses les plus essentielles. Les patrons demandèrent à la délégation de la C. G. T. de faire un appel à la radio pour que les ouvriers évacuent les entreprises et reprennent le travail. Parmi les assistants à la réunion, d’autres que les patrons souhaitaient cet appel. Nous étions quelques-uns à savoir que les travailleurs engagés dans la lutte n’abandonneraient pas cette forme de leur action avant que les conventions collectives soient signées et nous le fîmes connaître nettement en refusant de faire un tel appel ! [9] »

Il faut savoir que les travailleurs engagés dans la lutte n’abandonneraient pas cette forme de leur action avant que les conventions collectives soient signées [10] ! Le patronat fut très conscient sur les conséquences de l’expérience qui lui a été imposée et qu’il subit – expérience imposée par le mouvement des travailleurs, par les grèves et les occupations des usines.

Le 9 juin, le gouvernement déposait des projets de loi sur l’établissement de la semaine de quarante heures, sur la création de congés annuels payés, sur la procédure d’élaboration de conventions collectives, après passage devant le Sénat : - les congés payés (20 juin) ; les quarante heures (21 juin) ; l’extension des conventions collectives créées en 1919 (24 juin) devenues obligatoires en 1937, deviennent alors un facteur essentiel de progrès social.

L’apport de 1936 ne se limite pas aux résultats revendicatifs, il empêche la réorganisation de type fasciste projetée et voulue par la bourgeoisie française sans avoir la moindre illusion que cette dernière accepterait comme une chose définitive tout ce que la CGT et la classe ouvrière lui avait arraché par l’action énergique.

La dissolution des Ligues par le gouvernement de Léon Blum le 18 juin 1936 en application de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et les milices privées n’a certes pas mis fin à leur activité mais la menace est bien réelle. Tout en protestant contre la mesure qui le frappait, le colonel de La Rocque qui pendant trois ans a appartenu au comité directeur de l’Union d’électricité est soutenu par une partie de la grande bourgeoisie dont notamment Ernest Mercier, surnommé le ’roi de l’électricité’ dont il est le président du Comité national français de la Conférence mondiale de l’énergie finançant le groupuscule profasciste de son cher ami de La Rocque, ce dernier transforma le 21 juin 1936 son organisation en un parti politique. Le Parti social français (PSF), en qui s’étaient convertis ’les Croix de Feu’, vit ses effectifs monter en flèche, au point d’atteindre le million d’adhérents au début de 1937. Il favorisa le développement des Syndicats professionnels français (SPF) qui revendiquèrent 500.000 membres en 1937, et un million en 1939. Le 28 juin fut créer le Parti Populaire Français (PPF) du renégat Doriot.

Les conquêtes de juin 1936 avaient élevé le sentiment de la dignité et la conscience du prolétariat. Mais personne ne parviendra à dissimuler l’essentiel, à savoir que les besoins urgents de la classe ouvrière, de tous les travailleurs ne peuvent être satisfaits qu’à travers l’unité de la classe ouvrière et de toutes les forces démocratiques, qu’au cours d’une lutte puissante et organisée contre le pouvoir du capital.

La France était le pays où le fascisme rencontra pour la première fois une riposte résolue.

La « non-intervention » en Espagne en proie à l’agression armée du fascisme, Munich, autant d’étapes d’une évolution qui devait aboutir à la défaite et à l’occupation de la France. [11]

Les grèves et l’occupation des sites de travail vont mettre en mouvement des centaines de milliers de travailleurs dont c’est souvent le premier pas. Elles feront faire les plus grands progrès à la prise de conscience de classe de beaucoup de salariés. La défaite des forces réactionnaires et du fascisme s’accompagne, pour le peuple français, de conquêtes immédiates et, pour une part, durables. Sur le plan social, concomitamment avec l’occupation des usines et l’appui des députés issus du Front populaire, ce dernier satisfait les principales revendications de chacune des forces sociales sur l’alliance desquelles reposait sa cohésion.

Les salaires et traitements avaient baissé, globalement, d’un quart entre 1929 et 1935 à la faveur de la crise économique. L’augmentation des salaires est de 7 à 15 % (en moyenne 12%) avec un relèvement plus important des salaires les plus bas. De l’aveu même des patrons, leur moyenne fut supérieure à 30%. Elle atteint jusqu’à 50 % et plus. Pour les catégories les plus défavorisées en particulier les femmes et les jeunes, les travailleurs les plus mal payés voient leur salaire doubler, tripler, voire quadrupler. Cette augmentation des salaires et les congés payés permirent à de nombreux travailleurs et ouvriers (salopards en casquette) de pouvoir prendre de véritables vacances. Les patrons reconnaissent les libertés syndicales, ils s’engagent à n’appliquer aucune sanction pour les grèves. Une loi d’amnistie est déposée le 11 juin 1936. Toutefois, elle ne répond pas aux attentes du mouvement ouvrier et une deuxième loi est discutée à partir de la fin de l’année 1936, adoptée seulement le 12 juillet 1937 (décret publié 10 décembre 1937). Les deux lois d’amnistie du Front populaire « concernent les militants antifascistes, les cheminots et les fonctionnaires sanctionnés, ainsi que les « peines de misère » liées à la misère (vol, vagabondage, avortement). Les conventions collectives (cette revendication n’était pas dans le programme du Front populaire comme celles des 40 heures et des congés payés) améliorent les positions de la classe ouvrière dans sa lutte contre l’exploitation capitaliste. Dans les mois qui suivent les accords Matignon, les conventions collectives sont signées par milliers et en 1938, il y en a près de 7.000 [12].

L’institution de la semaine de 40 heures allège la peine des travailleurs et aboutit à la réduction du chômage : de 422.000 en 1936 le nombre des sans-emplois tombe à 322.000 en 1937 et le chômage partiel a complètement disparu mais aussi les 15 jours de congés payés (ces revendications n’étaient pas dans le programme du Front populaire L’Humanité du 11/01/1936).

La réduction générale effective de la durée du travail hebdomadaire fut de 13,6 % ; il s’ensuivit une embauche de 18% des chômeurs, et une hausse de l’emploi de 6 % dans les grands établissements appliquant la semaine de 40 heures. Le nombre des chômeurs secourus était de 465 000 en mars 1936 ; il y avait au moins le double de chômeurs réels (sans compter le chômage partiel, très grave par exemple dans le vêtement et l’industrie textile).

La vie était devenue plus belle, plus heureuse, plus libre pour les travailleurs de France. Les patrons de 1936-1937 n’avaient plus en face d’eux des êtres craintifs, mais des producteurs conscients de leur force et de leur dignité, qui élisaient démocratiquement leurs délégués d’atelier. Un droit du travail s’élaborait en face de l’autorité discrétionnaire du patronat. La classe ouvrière redressait la tête. Les parias redevenaient des hommes.

Il s’agit donc bien d’une victoire de l’action, de l’unité ouvrière et syndicale confirmé par les faits, que l’unité est la force principale de la classe ouvrière, mais elle a été facilitée par le soutien actif des autres couches de la population qui réalisaient leur union dans le mouvement de Front populaire et par la présence à la direction du pays d’un gouvernement démocratique.

La situation des ouvriers agricoles est sensiblement améliorée par l’augmentation des salaires et l’application, même partielle, de la législation sur les allocations familiales et les congés payés.

La population française est à 45% paysanne ; il n’y a pas, là-dedans, que des paysans riches. La paysannerie laborieuse bénéficie de la création de l’Office du blé qui assure aux paysans un prix stable et rémunérateur (de 70 francs le quintal le prix du blé passe à 146 francs en moyenne).

Les nationalisations : La nationalisation des industries de guerre était l’unique écrite dans le programme du Rassemblement populaire. Pour les moteurs, la firme Gnôme-et-Rhône fut nationalisée au début de 1938 et prit le nom de ’Société nationale d’Etude et de Construction de Moteurs d’Avions’, la fameuse (SNECMA).

La loi du 24 juillet 1936 apporte de profondes réformes au statut de la Banque de France et dans les faits, les plus gros actionnaires restent les maîtres de la banque et le patronat n’est pas resté « les bras croisés, en spectateur impuissant ».

Pierre Sémard, le secrétaire général de la Fédération des cheminots réunifiée participant à la négociation avec le gouvernement du Front Populaire pour la nationalisation des chemins de fer, d’où fut créé la S. N. C. F, le 31 août 1937 par la fusion des différentes compagnies ferroviaires françaises en un monopole d’Etat dans le cadre des réformes sociales progressistes du Front Populaire. Il fut ensuite un des quatre administrateurs représentant la fédération dans la jeune SNCF, intervenant au conseil d’administration dans le sens de la modernisation et de la démocratisation de la nouvelle entreprise. Les dirigeants défaitistes de la fédération « légale » le traînèrent en justice sans fondement. La bourgeoisie collaboratrice française en profita pour l’emprisonner et le jeter ainsi aux nazis qui le fusillèrent, pour museler et soumettre à leur joug la corporation et la fédération clandestine.

Par le gouvernement du Front populaire des mesures sont prises pour démocratiser l’enseignement (avec comme premières étapes la prolongation de la scolarité primaire, le développement des constructions scolaires et la création de nouveaux postes d’enseignants).

Les réformes dans l’Education nationale. Selon le programme du Rassemblement, Jean Zay fit voter la loi du 9 août 1936 qui perpétuait de treize à quatorze ans l’âge de la scolarité obligatoire dans l’enseignement primaire.

Dans l’enseignement professionnel, la loi du 10 mars 1937 décréta l’apprentissage obligatoire dans le secteur de l’artisanat.

Jean Zay percevait une profonde transformation de l’enseignement secondaire : étroite coordination entre le secondaire, le primaire supérieur et le technique. Le Centre national de la Recherche Scientifique est constitué. Au Front populaire sont dus notamment le Palais de la Découverte, le Service d’Astrophysique et le Laboratoire de Synthèse atomique (dirigé par Frédéric Joliot-Curie). Un sous-secrétariat d’État aux loisirs et aux Sports a été créé et confié à Léo Lagrange avec qui se développent les auberges de la jeunesse, les entrées à tarif réduits dans les musées accompagnent cette politique volontariste. C’est en ce sens qu’il faut comprendre le Front populaire comme une dynamique multiple : un mouvement social, culturel et politique qui propose d’abolir les barrières culturelles liées à l’aliénation sociale.

La CGT reconstituée redevenue en mars 1936 l’organisation syndicale de toute la classe ouvrière permet que lorsque, par centaines de milliers les travailleurs cessent le travail et occupent les usines, le patronat capitule sans se ruiner.

En septembre 1936, le gouvernement Blum procédait à une première dévaluation, en dépit des assurances formulées dans le programme commun. La dévaluation faisait perdre aux travailleurs une partie notable des avantages arrachés en juin. Puis, ce fut la trahison de la « pause » décrétée par le gouvernement Blum en février 1937 qui arrêta la marche en avant de la classe ouvrière et favorisa la contre offensive capitaliste, c’en était fini des conquêtes sociales et ce fût le début de la régression. Enfin, une seconde dévaluation, en juin 1937, achevait d’annuler le bénéfice des augmentations de salaires imposées au patronat l’année précédente. Ce fût l’abandon du calendrier dynamique des réformes sociales et de structure.

Les accords Matignon ont favorisé l’élaboration d’un droit collectif du travail.

Jusqu’en 1936, la relation entre employeur et employé était définie par des contrats de travail individuels, dits de louage. Les grandes grèves de 1936 font naître un mouvement d’encadrement des règles du travail, au bénéfice des ouvriers. Parce qu’ils imposent à la fois l’établissement de contrats de travail collectifs et la reconnaissance du fait syndical, les accords Matignon constituent une véritable rupture juridique dans l’histoire du droit social.

En acceptant la généralisation des conventions collectives, le patronat acceptait la multiplication des syndicats. Car pour signer une convention collective, il faut évidemment qu’existe une organisation ouvrière. Et en reconnaissant —cinquante ans après la loi sur les syndicats — la liberté syndicale des salariés, le patronat levait le dernier obstacle opposé la création d’un véritable syndicalisme de masses. De fait, les accords Matignon donnaient le départ à un formidable recrutement syndical.

La C.G.T. réunifiée nous a placés à la tête de tous les pays capitalistes pour les lois sociales. En quelques mois, cette grande C.G.T. a permis de donner à la classe ouvrière des réformes qui étaient attendues depuis déjà des dizaines et des dizaines d’années. La C.G.T. a apporté surtout à la classe ouvrière quelque chose qui, pour la classe ouvrière, représentait une des plus grandes conquêtes : la liberté d’opinion, le droit syndical. Le droit syndical n’existait pas en fait ; il suffisait à n’importe quel ouvrier actif de militer au sein de son usine pour subir, avant 1936, la répression patronale. Cela, c’est une conquête très importante.

Les conventions collectives vont peu à peu donner vie au Code du travail par la mécanique de diffusion des droits négociés dans une entreprise ou une branche que remettront en cause les différents gouvernements et dernièrement notamment ceux de Mrs Hollande et Macron en supprimant la hiérarchie des normes.

Le Front populaire est la victoire contre le fascisme français, le mécontentement de la plus grande partie de la population devant la crise et la soif de réformes comme une des causes de l’unité, c’est le résultat inoubliable et principal du Front populaire : le recul du fascisme, la sauvegarde de la République.

Léon BLUM [13], tirant après-guerre les leçons de l’expérience du Front Populaire, souligna à ce sujet : « ... En fait, chaque fois que la volonté du pays manifestée par le suffrage universel, a imposé la constitution d’un gouvernement à tendance populaire et activement réformatrice, la bourgeoisie dirigeante n’a pas tardé à l’éliminer et à le rejeter comme un corps étranger. La bourgeoisie française détenait le pouvoir, elle n’a voulu ni le résigner ni le partager. »

L’expérience montre en effet qu’on ne saurait réaliser durablement une politique conforme aux intérêts populaires en collaborant avec une partie de la droite conservatrice contre les forces vives du prolétariat.

Sans aucun doute, il est vrai que l’histoire ne se répète jamais, mais entre la situation avant-guerre et celle d’aujourd’hui, que de similitudes, que de ressemblances. Le capitalisme et la social-démocratie ont, ont eu toujours les mêmes réflexes de classe pour défendre leurs privilèges et ceux de la bourgeoisie. L’Histoire ne se répète pas. Mais…

Le Parti radical-socialiste et le PSF se disputèrent la clientèle des classes moyennes, La Rocque venu de la droite fascisante et Daladier venu du Front populaire prétendirent au même rôle. [14]

Attaqué par les forces réactionnaires intérieure et extérieure, miné par certains de ceux qui participent en son sein, le Front populaire flanche parce que transformé en une simple entente de sommet. Sans avoir tenu ses engagements à ceux qui l’ont porté au pouvoir.

Le programme du Front populaire définit clairement une politique de progrès social. Il ne comporte ni dévaluations ni de pause, ni la tolérance devant les agissements des organisations fascistes. Si l’histoire ne se répète pas, il est important de faire le rappel des expériences passées en refaisant le chemin de nos générations.

Répondant à Marceau Pivert, la direction du P.C.F par l’intermédiaire de Maurice Thorez intervint pour indiquer qu’il n’est pas question de prendre le pouvoir et que l’on n’avait pas à faire à un mouvement révolutionnaire ayant pour but de changer la société, mais à un mouvement revendicatif qui avait atteint ses principaux objectifs. Le Front populaire n’était pas la révolution ; ce n’était pas non plus une vulgaire opération électorale ; il offrait la possibilité d’une politique progressiste dans le cadre des institutions républicaines.

Afin de faire face à la montée du fascisme en Europe, mais aussi de l’aggravation des conditions de vie due à l’accentuation de la crise économique, les travailleurs arrachent, par la lutte, les grandes conquêtes sociales.

Les grèves avec occupations des lieux de travail (usines et bureaux) se multiplient pour appuyer les revendications et la réalisation du programme du Front populaire

La classe ouvrière n’a pas la force d’attendre. Si les grèves ne sont pas de sa part un acte de défiance, du moins traduisent-elles son effective extériorité vis-à-vis des forces qu’elle a portées au pouvoir mais dont elle ignore si elles s’engageront résolument dans le combat qu’elle mène contre le patronat. Elles convergent en tout cas en un mouvement immense qui naît d’une combinaison sans précédent du revendicatif et du politique.

La grève est assurément, en 1936, un cri de délivrance. Un cri qui naît pourtant d’un long travail antérieur et souterrain. »

Pour autant les dirigeants syndicalistes de l’ex-CGTU n’estiment jamais que ce mouvement inaugure une situation révolutionnaire.

Le patronat, qui avait vu d’un œil favorable les progrès de l’extrême droite à peine deux ans plus tôt, se tourna vers Léon Blum en désespoir de cause pour qu’il mette un terme aux grèves, même si cela impliquait qu’ils fassent d’importantes concessions aux travailleurs

En juin 1936, Thorez justifie son intervention publique du 11 juin à l’adresse des cadres communistes de la région parisienne. C’est au cours de ce meeting qu’il utilise la formule devenue fameuse selon laquelle il faut savoir terminer une grève. Les accords de Matignon accordaient deux semaines de congés payés, la semaine de travail à 40 heures (payée 48 heures), les conventions collectives, etc., et que les grèves visaient à forcer le patronat réactionnaire à appliquer les accords. C’est dans ce contexte que Maurice Thorez prononça cette célèbre formule le 11 juin 1936 et publié dans l’Humanité du 13 juin 1936 : « Si le but maintenant est d’obtenir satisfaction alors il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées mais que l’on a obtenu la victoire sur les plus essentielles revendications. Nous ne jouons pas, nous, avec la classe ouvrière, nous ne sommes pas une poignée d’irresponsables, nous sommes un grand Parti, le premier Parti de France, le Parti vers lequel convergent tous les espoirs du peuple de notre pays, et nous sommes comptables du présent et de l’avenir de notre pays... » [15]

Cette sagesse politique porta ses fruits. Les contrats collectifs se concluaient nombreux. Mais le patronat continue d’exercer des pressions sur le ministère Blum tant en matière de lois sociales que de politique étrangère (on n’est pas loin du « plutôt Hitler que le Front populaire ».

Aujourd’hui, le peuple français ne se rend pas compte que tous les conquis dont le peuple bénéficie ont été obtenus après des luttes et grèves très combattives des ouvriers.

Le 18 juillet 1936, un coup d’état militaire factieux, avec le soutien de l’Eglise et de la droite, s’attaque à la République d’Espagne élu légalement par les urnes en février 1936. Le 25 juillet 1936, trois mois après la victoire, Léon Blum proclame sa neutralité devant l’agression fasciste en Espagne puis se rallie à la non-intervention.

En février 37, Léon Blum décrète la pause. Le Front populaire achève sa brève existence. Il aura été promu et porté par le monde du travail. Le pouvoir de gauche traînait les pieds, tergiversait, différait pour finalement quitter le navire et le laisser aux mains des liquidateurs du Front populaire. Léon Blum, dont la réputation est usurpée se conduisit en gérant loyal du capitalisme, comme il aimait à le dire (Audience 11 mars 1942, Procès Cour de RIOM), Recrudescence des Effectifs de la CGT : mars 1936 - 785 000, mi-juin - 2 500 000, fin 1936 - 4 480 000, mars 1937- 4 950 000.En effet, la CGT réunifiée est un outil de luttes interprofessionnelles. C’est parce que la CGT réunifiée a mis en avant les revendications de la classe ouvrière même celles qui n’étaient pas inscrites dans le programme du Front populaire qu’elle a pu se renforcer. Chaque nouveau syndiqué donne surtout un peu plus de poids aux revendications de la CGT portées par l’ensemble de ses militantes et militants.

La lutte a été et est aujourd’hui le seul moyen à ce jour pour gagner de nouveaux droits, mais aussi pour défendre nos droits existants. Rejoindre la CGT, reste le seul moyen de s’organiser collectivement à l’opposé de la conception patronale qui met en opposition les salariés.

Entre 1936 et 1938, les conquêtes du Front Populaire sont totalement remises en cause, depuis la pause de février 1937, les augmentations de salaire sont interdites par l’état de guerre (sociale) contre les travailleurs, mené par les différents gouvernements et finalisées par les décrets-lois du gouvernement Daladier-Paul REYNAUD. Ce dernier accélère la remise en cause des conquis sociaux de 1936 et le groupe ’Syndicats’ de René Belin l’approuve.

Le 21 août 1938, Daladier devient président du Conseil et déclare qu’il faut « remettre la France au travail ». Une formule dont Jean-Pierre Raffarin usera mot pour mot en 2003 pour justifier la casse des trente-cinq heures et la suppression d’un jour férié. « On ne peut pas avoir une classe ouvrière avec une semaine de deux dimanches et un patron qui s’étrangle à faire vivre le pays... » affirme Reynaud pour justifier la publication des décrets démantelant les quarante heures et supprimant le samedi chômé. Un discours qui entre en parfaite résonance avec celui d’un pourfendeur bien contemporain des acquis sociaux, le député Serge Dassault, qui déclare, dans le Figaro du 28 août 2003 : « On ne peut pas tous travailler le même nombre d’heures, gagner le même salaire, partir à la retraite au même âge. Il faut laisser ceux qui réussissent s’enrichir, arrêter de croire que le salut viendra en faisant payer les riches, car il n’y a pas assez de riches et ceux qui restent vont partir, et surtout, il faut remettre la France au travail. » Le rappel à l’ordre se traduit également par de violentes attaques à l’endroit des immigrés. Le 14 avril 1938, le ministre de l’Intérieur, Albert Sarrault, parfait aïeul politique du président de la République Nicolas Sarkozy, demande aux préfets « une action méthodique, énergique et prompte en vue de débarrasser notre pays des éléments indésirables trop nombreux qui y circulent et y agissent au mépris des lois et des règlements nazis », est passible, en France, d’une amende et d’un emprisonnement d’un mois à un an.

30 Septembre 1938, Signature des Accords de Munich par Daladier, Chamberlain, Mussolini et Hitler. Daladier était félicité par le Frankfurrer Zeitung pour « avoir enfin compris qu’il fallait abandonner la carte tchèque et la carte russe ». Blum ressentit « un lâche soulagement.

 »

Le gouvernement tchécoslovaque capitulera le 30 septembre 1938. « L’espace vital » des nazis aura donc pour point de départ la République de Tchécoslovaquie. Les Allemands mettront la main sur celui de l’armement tchèque en particulier (Skoda). Winston Churchill prophétisa « Les français avaient le choix entre le déshonneur et la guerre, ils ont choisi le déshonneur et ils auront la guerre ».

Churchill dans ses Mémoires souligna que « l’offre de paix des Soviétiques fut ignorée dans les faits. Ils ne furent pas consultés face à la menace hitlérienne et furent traités avec une indifférence, pour ne pas dire un dédain, qui marqua l’esprit de Staline. Les événements se déroulèrent comme si la Russie soviétique n’existait pas. Nous avons après-coup terriblement payé pour cela ».

Franco approuve l’accord de Munich [16] :

Quelques jours après les accords de Munich, exilé aux USA, Albert Einstein écrivait à un ami, Michele Besso : ’En espérant qu’Hitler s’effondre en attaquant la Russie. (...) Mais nous verrons une fois de plus que la sagacité ne gagne pas à long terme. (...) Je n’ai plus d’espoir pour l’avenir de l’Europe.

A la Chambre des députés, le 4 octobre 1938, Gabriel Péri s’écriait : « Cette politique n’est pas la paix, c’est la mise au pas de l’Europe, l’illusion de la paix fera place à l’atroce réalité de la guerre. » Seul le groupe communiste vota contre les accords de Munich, avec un seul député socialiste de la Côte d’Or, Bouhey, et un nationaliste, de Kerillis. Le maréchal von Keitel a dit au procès de Nuremberg le bien que Munich avait fait aux hitlériens : « Munich nous plongea dans la joie. En septembre 1938 nous n’aurions pas pu repousser une offensive, car nous n’étions pas prêts pour une guerre. »

La politique de régression sociale pratiquée par le gouvernement Daladier dont les décrets-lois permettaient au patronat de démolir toutes les conquêtes sociales de 1936, et sa politique étrangère de capitulation devant Hitler. En effet, avec ces décrets-lois, ce n’est pas seulement la remise en cause des lois sociales, les décrets-lois fiscaux sont un premier pas vers la fascisation de la France.

Depuis Munich, c’est non seulement Hitler et Mussolini qui sortent renforcés, les pays démocratiques qui sortent affaiblis, nous le voyons bien par l’attaque actuelle contre les lois sociales de 1936, c’est la bourgeoisie internationale qui sort renforcée d’une telle opération.

Sur fond de catastrophe sociale tombe une pluie drue de décrets-lois sociaux destructeurs des acquis, notamment salariaux, du Front populaire.

Cette bourgeoisie méprisante hitlérovichyssoise qui accepta sans aucun remords les conséquences fâcheuses, désastreuses, criminelles de la trahison des accords de Munich qui ont été signés sans le consentement de la Nation. La répression qui s’ensuivit, sont les résultats logiques de la peur de la démocratie, de l’opposition au progrès social, au désir de maintenir le profit et les privilèges de classe, cette même bourgeoisie qui disait : « Plutôt Hitler que le Front populaire ».

Après la signature des accords de Munich, des distensions au sein de la C.G.T vont réapparaître en écartant les anciens responsables de la CGTU.

En 1938, la rupture entre ceux qui ont dénoncé les accords de Munich et ceux que ces accords réjouissent est totale. Le patronat et le gouvernement vont utiliser à plein cette division entre salariés.

C’est dans ces conditions que le nouveau ministre des finances, Paul Reynaud, prépare, avec la collaboration de financiers [17], de nouveaux décrets-lois visant en premier la semaine de 40 heures.

Le synarque au sens réel du terme (Ce terme, très utilisé par les intéressés eux-mêmes et par Olivier Dard, masque le plus souvent celui de fasciste (ligueur, synarque, cagoulard, ou synarcho-cagoulard),

Et c’est l’annonce des textes des nouveaux décrets-lois, promulgués au Journal Officiel du 13 novembre 1938. Paul Reynaud, dans un discours fameux, en a présenté l’essentiel, à la radio, le 12 novembre. ’La semaine des deux dimanches a fini d’exister’ : En fait, on réduit les majorations des heures supplémentaires de 15 à 10% seulement à partir de la 49e heure. Et ces heures supplémentaires deviennent obligatoires, sous peine d’amendes voire d’emprisonnement. Les conventions collectives perdent leur caractère contraignant pour les employeurs.

Et pour faire bonne mesure, les étrangers ne peuvent plus devenir délégués du personnel, ni responsables de syndicats. La xénophobie va toujours de pair avec la répression ouvrière.

La politique de régression sociale conduit la C.G.T. à s’interroger sur la riposte d’envergure qu’elle entend organiser.

Le 30 novembre 1938, lors de la manifestation pour défendre les acquis de 1936, 860 000 personnes sont licenciées, mais aussi le Lock-out de centaines de milliers de salariés, et les interdits de travail, diverses sanctions et réprimandes. La grève ayant échoué, les salariés sont vaincus. C’est aussi cette application du plan d’austérité de l’époque qui va déboucher sur la guerre, les décrets-lois Daladier-Reynaud du 12 novembre vont déclencher une répression féroce. Trois moments ponctuent cette fin du Front populaire : les accords de Munich, les décrets-lois et la grève du 30 novembre 1938. Le 30 novembre, les gares, les stations de métro, les dépôts d’autobus sont occupés par l’armée à Paris, Lyon et Marseille. La répression commence.

L’embauche se fait ensuite sur un contrat de travail individuel qui ne tient pas compte des conventions collectives. Dans l’aéronautique, 36.000 ouvriers sont réintégrés sans garantie de congés payés. 800 grévistes sont condamnés à des peines de prison. C’est la revanche sur 1936, sur le Front populaire. Les effectifs de la C.G.T. passent de 4.950.000 membres à 1.500.000. La presse hostile au monde ouvrier exulte : Les journaux tiennent une rubrique quotidienne de la répression. Au congrès du Syndicat National des Instituteurs, qui se tient en juillet 1939 à Montrouge, son secrétaire-général indique que sur 20.000 instituteurs qui ont participé à la grève, 7800 ont été victimes de sanctions [18].

Il leur reste à imposer leur revanche politique.

Dans la foulée de Munich, Ribbentrop, le 5 novembre 1938, propose à la France un accord de bon voisinage. Le 6 décembre, il arrive à Paris pour la signature et les dirigeants français pousseront la flagornerie jusqu’à écarter les deux ministres d’origine juive, Jean Zay et Georges Mandel, des réceptions officielles ! » [19]

Dix-huit mois plus tard, à la défaite, Georges Albertini membre de la CGT, Jean Bernier, Fondateur, au sein de la CGT du cercle syndicaliste Lutte des classes ; Marcel Bidegaray, Secrétaire Général de la Fédération Nationale des Travailleurs des Chemins de Fer CGT ; Jeanne Chevenard (née Violet) : Déléguée à la propagande de la CGT parmi les femmes ; Paul Cognet : Dirigeant de la Fédération CGT de l’habillement ; Émile Courrière : Secrétaire de la Fédération postale de la CGT ; Achille Dauphin-Meunier appartient au bureau d’études de la CGT en 1938-1939 ; Charles Dooghe : Cadre du Syndicat des employés CGT ; Georges Dumoulin Secrétaire général UD-Nord ; André Delmas, Kléber Legay et Ludovic Zoretti (Fédération générale de l’Enseignement) ; Henri Cordier : Dirigeant de la Fédération du bâtiment CGT ; Raymond Froideval (Bâtiment) ; Marcel Gitton (GIROUX, dit) Secrétaire confédéral de la CGT ; Fernand Hamard : Secrétaire de la Fédération CGT des Techniciens ; Robert Lefèvre : Secrétaire de l’Union Départementale CGT de la Seine ; Gabriel Lorriot : Secrétaire général CGT des Ports et Docks ; Armand Masbatin : Secrétaire de l’Union CGT des syndicats de la Haute-Vienne René Mesnard : syndicaliste CGT ; Francis Million : Directeur du quotidien cégétiste Le Peuple jusqu’en 1936 ; Marcel Roy (Métaux), M. Savoie (Alimentation), Roland Silly : Secrétaire de la section CGT des techniciens ; Bard, Bertron (Mines) ; Pierre Vigne Secrétaire de Fédération CGT des mineurs ; P. Milan et Bonnet (Habillement) se retrouveront parmi les adeptes les plus déterminés de la collaboration avec les nazis. René Belin, lui, l’ancien numéro 2 de la CGT deviendra en juillet 1940 ministre du Travail et de la Production industrielle dans le premier gouvernement collaborationniste de Pétain (et en février 1941, Pucheu devient Ministre de la P.I et opta pour l’intérieur en juillet 1941, la P.I échut à Lehideux, Belin conserve uniquement le secrétariat d’Etat au Travail jusqu’en avril 1942,). Il signe la loi du 3 octobre 1940 portant statut des juifs, (Journal Officiel du 18/10/1940), aux côtés de Philippe Pétain. Belin, signe le décret de dissolution (9 /11/1940) des centrales syndicales et patronales, c’est le 24 avril 1941, que le 1er mai est officiellement désigné comme la « Fête du Travail et de la Concorde sociale ». Il est, en outre le principal rédacteur de la charte du travail (4 octobre 1941).

2ème scission de la CGT après le Pacte de non-agression germano – soviétique en date du 23 août 1939. Vichy n’a pas eu besoin de pousser les capitalistes à la collaboration.

La grande bourgeoisie « française » s’exclamait « plutôt Hitler que le Front populaire ! » et, comme l’a montré l’historienne A. Lacroix-Riz, l’« élite » patronale « française » fit sciemment le « choix de la défaite » (puis de la « Kollaboration ») avec Hitler. Alors que les ouvriers, les paysans et les intellectuels communistes (et non communistes) tombèrent par dizaines de milliers dans la lutte armée contre l’Occupant.

Le Nazisme et le fascisme n’ont pas été créés par hasard ou par des fous. Ils ont été le résultat des contradictions impérialistes, de l’antagonisme des monopoles de la part des marchés et du caractère prédateur de l’impérialisme et du capitalisme. Aujourd’hui, le processus de fascisation est en marche. Le nazisme ne sera jamais éradiqué puisque le ventre est toujours fécond d’où nait la bête immonde, le capitalisme. Il a grossi, a dévoré beaucoup.

Les membres de la classe capitaliste ont toujours misé sur Hitler pour écraser la démocratie et détruire les libertés si chèrement conquises par le peuple dans ses âpres luttes du passé. Le gouvernement ne fera pas la guerre à Hitler, mais à la classe ouvrière. Voici que le patron des patrons, le triste sieur Gattaz, se permet d’insulter les militants de la CGT qui défendent entre autres les services publics contre les requins de la finance en les traitants de voyous, de terroristes ou de « preneurs d’otages », il ne lui manque plus qu’à ajouter « qu’il faut mettre à mort ces judéo-communistes » et nous pourrons le mettre dans la même charrette que le sinistre Pucheu, ministre de l’intérieur dans le gouvernement de Pétain, qui désigna à Châteaubriant, les 27 personnes qui devaient être fusillées par les nazis et parmi lesquels se trouvait Guy Môquet. Quand le MEDEF et Franz-Olivier Giesbert compare la CGT à DAESH, notamment sur le plan ’tactique’ car elles recourent aux ’mêmes armes’ tandis que Pierre Gattaz, une crapule qui insulte les travailleurs en reprenant le vocabulaire du patronat contre les résistants, cela rappelle que pendant l’occupation les patrons utilisaient un langage identique à l’encontre des Résistants. Sans la participation active de la CGT, qui en 1945 représentait plus de 5 millions d’adhérents, beaucoup d’entreprises n’auraient pas été nationalisées. C’est de là que vient toute leur colère contre la CGT. Georges Bonnet, « ministre étranger des Affaires françaises », c’est ainsi que l’interpella Gabriel Péri après les accords de Munich, approuvait publiquement son collègue Pierre-Etienne Flandin, hitlérien notoire, qui sommait le gouvernement Daladier de « hisser le drapeau blanc » et de stopper toutes mesures à l’encontre d’Hitler. Neuf mois plus tard, le 1er juillet 1939 et deux mois avant le pacte germano-soviétique de non intervention et un an avant le terme de la législature, Bonnet remettait au comte von Welczeck, ambassadeur d’Hitler à Paris, une note lui promettant que les élections seraient suspendues, les réunions publiques interdites et les communistes « mis à la raison. »

Mais revenons à notre débat, Mathé, secrétaire général des agents PTT, avait dit devant le congrès confédéral de la CGT de Nantes en novembre 1938, suite aux accords de Munich : « De la servitude, on en sort, de la guerre on n’en revient pas. » La lâcheté devenait un argument pour dévoyer les travailleurs et les tromper en s’appuyant sur leur traditionnelle hostilité à la guerre. Les possédants ont leur revanche sociale.

Tous ces atermoiements ont permis au parti de Doriot le Parti populaire français (PPF), qui est déjà une formation populiste, antiparlementaire, où les antisémites donnent de la voix, fondé par la banque Worms à l’été 1936, puis richement subventionné par tout le grand capital (Comité des Forges et son président François de Wendel inclus) fut d’emblée un « mouvement fasciste ». Et d’autant plus fondamentalement antisémite que ses vrais maîtres, hauts cadres de la banque Worms tels Pierre Pucheu (tortionnaire et assassin de Georges Politzer), éminent membre de son bureau politique et François Lehideux, par ailleurs directeur général de la Société anonyme des Usines Renault (SAUR) de son oncle Louis Renault, avaient un passé Action française et permis l’arrivée au pouvoir de Pétain.

Entre 1936 et 2018 de nombreux événements plaident pour une similitude forte des deux époques. Crise des subprimes, amplification des inégalités, concentration des richesses entre les mains de quelques individus, corruption, accroissement du chômage, montée inexorable des fascismes, du racisme et de la xénophobie, antiparlementarisme. Le contexte politique et les enjeux sociaux-économiques imposent également que l’on différencie les deux époques. Le Front Populaire nous a montré que les progrès sociaux dépendent plus des grandes mobilisations populaires que des programmes électoraux. Il a fait la preuve que des revendications sociales que les experts, les gouvernements et les patrons jugeaient archaïques, rétrogrades et non modernes, utopiques, irréalistes, voire suicidaires deviennent légitimes quand les dominés parviennent à construire un rapport de forces qui leur est favorable.

Gérard DEL MASCHIO

[1] René Belin, Du Secrétariat de la CGT au Gouvernement de Vichy, Paris, 1978, p. 54.

[2] Jean Bruhat, Marc Piolot, Esquisse d’une Histoire de la CGT, Paris, Confédération générale du travail, 1967, p. 132.

[3] Jean-Paul Brunet, Histoire du Front Populaire (1934-1938), PUF, Paris, 1991. p.32-33

[4] Jean Gacon, p. 49, cf. bibliographie.

[5] Congrès fédéral, juin 1938.

[6] Henri Noguères, La Vie quotidienne en France au temps du Front populaire, 1935-1938, Hachette, Paris, 1977, p. 101.

[7] Des lendemains qui chantent ? Danielle Tartakowsky / Claude Willard. Editions Sociales, Messidor. Pp. 188, 189.

[8] Léon BLum : L’Histoire jugera. Paris, Editions Diderot, 1945, p.275

[9] Conférence de Benoît Frachon aux syndicats des employés de la Région parisienne (juin 1966) publié dans le supplément au n°754 du Peuple 1er juillet 1966.

[10] Frachon, Pour la C.G.T., mémoires de lutte, 1902-1939, Paris, 1981, p. 184-186.

[11] Michel Souslov, 1936, Le Front populaire, in Cahiers du Communisme, n° 9, 1966.pp. 239-242.

[12] Esquisse d’une Histoire de la CGT, Jean Bruhat/ Marc Piolot p.149

[13] Léo Figuères, 1936, Le Front populaire, in Cahiers du Communisme, n° 9, 1966.p. 229.

[14] Philippe Machefer, Le parti social français in La France et les Français 1938-1939 sous la direction de René Rémond & Janine Bourdin, Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, 1978, p.326.

[15] (Jacques Duclos, Mémoires, Tome II, de 1935 à 1939. Jacques Duclos. Editions Livre Club Diderot. pp.154, 155.)

[16] Le Figaro, 2 octobre 1938.

[17] Tel Paul Baudouin, directeur de la Banque d’Indochine.

[18] Le S.N.I. compte alors 110.000 adhérents.

[19] Marcel Paul, Vie d’un « Pitau ». Pierre Durand. Editions Temps Actuels. pp. 94 à 97.


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