Les mouvements sociaux confrontés à la crise écologique (actes du séminaire ATTAC, AITEC, Alternatives Économiques, Amis de la Terre, CADTM, CCFD, CFDT-FGTE, CGT, Confédération Paysanne, CRID, FNE, FSU, Global Chance, Greenpeace-France, Politis, Solidaires)

dimanche 10 juin 2007.
 

Actes du Séminaire organisé le 24 mars 2007 par ATTAC, en collaboration avec plusieurs organisations.

Objectif du séminaire

Ce séminaire s’est donné pour objectif la confrontation entre des mouvements orientés vers la réduction des inégalités sociales, des inégalités Nord-Sud, des inégalités entre hommes et femmes d’une part et la crise écologique d’autre part.

En quoi cette crise modifie-t-elle les stratégies, les priorités, les alliances ?

La crise écologique représente une menace pour l’ensemble du genre humain.

L’existence même des sociétés est aujourd’hui menacée du fait de l’activité humaine, de plus en plus enchaînée à des systèmes de production et de consommation sacrifiant la nature et le travail à la marchandisation généralisée et à la toute- puissance de la technique. Il ne s’agit plus seulement d’une crise se manifestant par des conflits internes aux sociétés (sociaux, militaires, politiques), mais d’une crise globale. Si dans ses effets, elle ne fait pas a priori le tri entre les classes sociales et les pays, elle les affecte de façon très différenciée, ajoutant aux inégalités sociales les inégalités environnementales. Et si les dégradations écologiques appellent à une conscience et une responsabilité individuelle, ce sont bien des choix globaux de production et d’organisation sociale qui sont au coeur de cette crise. Le capitalisme à dominante financière, en semant l’illusion d’une création possible de richesses par la magie des marchés financiers, pousse à son paroxysme le mépris du travail et de la nature.

Les mouvements sociaux, dans leur diversité, sont pris au dépourvu face à ces enjeux et aux changements de représentations qu’ils impliquent.

Pour plusieurs raisons. D’abord, « la question sociale » n’a pas traditionnellement inclus la dimension écologique : les revendications sociales se sont surtout construites autour du travail, de la propriété, du paupérisme, des inégalités et de la redistribution. Les limites physiques à la croissance et souvent même la finalité sociale de la production sont passées au second plan. Ensuite, le caractère global de la crise écologique, joint à la démission des États face aux intérêts à court terme des firmes transnationales, exige à présent des mouvements sociaux un élargissement de leurs projets et de leurs luttes. Car ce mode de développement productiviste, étendu à l’ensemble du monde, loin de réaliser la promesse d’un progrès pour l’ensemble de l’Humanité, menace l’équilibre écologique de la planète et ruine les valeurs d’égalité, de justice et de solidarité. De nombreux mouvements écologistes s’interrogent eux-mêmes sur la question sociale, et notamment dans sa dimension Nord-Sud.

Les limites à la croissance infinie des richesses supposent des choix démocratiques, seuls remparts contre des formes autoritaires et inégalitaires de gestion des raretés. Voilà pourquoi nous devons ensemble pouvoir répondre à la question suivante : comment « croiser » et faire converger les campagnes contre le développement prédateur et polluant, les mouvements à finalité sociale, les mouvements paysans pour une autre agriculture et les mouvements à finalité directement environnementale ? Il est de notre responsabilité collective d’y parvenir.

Plénière d’ouverture

Interventions

Geneviève Azam (Conseil scientifique d’Attac)

Ce séminaire a été proposé au conseil d’administration d’Attac par le groupe « Ecologie-société » du Conseil scientifique. Il a été élaboré en association avec des partenaires du mouvement social et du mouvement écologiste. Il a pour but d’ouvrir des réflexions et actions communes à la hauteur des défis qui sont devant nous.

1 - La crise écologique est une crise globale

La crise écologique est globale dans un sens premier car elle concerne l’ensemble de la planète et met en jeu la possibilité future de sociétés humaines. Les dérèglements climatiques, dont les causes anthropiques ne sont plus sérieusement contestées, en sont une expression emblématique. Tout comme la réduction de la bio-diversité. Cette globalité de la crise révèle à quel point des politiques globales, à l’échelle internationale, sont absolument nécessaires pour retourner le mouvement de dégradation accélérée de nos écosystèmes.

Cette crise est globale également dans le sens où elle engage nécessairement la responsabilité de tous les échelons des organisations sociales, états, collectivités territoriales, jusqu’aux pratiques individuelles. Aucun de ces échelons, du global au local ne saurait être négligé. Prenons le cas de l’eau. Il est nécessaire de définir au niveau global un « contrat mondial de l’eau », un droit international d’accès à l’eau et une protection de la ressource, et au niveau des états un service public de l’eau assurant l’égal accès de tous et pouvant prendre des formes différenciées, une véritable politique de l’eau favorisant les techniques de production économes, notamment dans l’agriculture. Au niveau des individus, cela suppose la promotion d’une nouvelle culture de l’eau, au lieu d’une surconsommation irresponsable.

La globalité de cette crise engage non seulement l’organisation des structures matérielles des sociétés mais également les représentations, le paradigme dominant fondé sur la possibilité de croissance infinie des richesses matérielles, sur l’inépuisabilité des ressources ou leur substitution toujours possible grâce aux progrès techniques, sur une vision de la nature comme réservoir inerte de ressources à s’approprier. Ce sont ces représentations qui doivent aussi être modifiées. Or un changement de paradigme d’une telle ampleur ne peut être décrété, il se construit et impose la mobilisation de tous les échelons de la société pour être approprié.

La globalité de la crise engage l’ensemble des mouvements sociaux : mouvements syndicaux, mouvements de solidarité et notamment de solidarité Nord-Sud, mouvements de consommateurs, mouvements écologistes. En effet, dire que la crise est globale ne signifie en rien qu’elle serait anonyme. Il existe des responsabilités particulières dans sa genèse et dans son accélération. Elle a des effets discriminants : ce sont les catégories sociales les plus démunies et les plus précarisées, les sociétés les plus pauvres qui subissent déjà les effets de ces dérèglements. La crise écologique est aussi la conséquence du mouvement d’appropriation sans limites des biens communs de l’humanité et en particulier de la nature comme res communis et de choix productivistes qui assurent la domination du travail et de la nature au profit du capital (sous sa forme privée ou étatisée comme ce fut le cas dans les pays « socialistes »).

Cette crise n’est pas non plus fatale : ce que l’action des hommes, pris dans des rapports sociaux particuliers et dans des représentations particulières, souvent d’ailleurs portés par des espoirs d’émancipation, l’action des hommes doit pouvoir le défaire en créant un nouveau champ d’émancipation humaine qui ne saurait se réaliser contre la nature, mais avec l’intégration de l’idée de limite (comme possibilité retrouvée de choix collectifs qui rendent à nouveau possibles les idéaux de justice et de solidarité).

2 - Attac est confrontée à la crise écologique

Attac n’est pas une association écologiste, dans le sens où les questions liées à l’environnement ne constituent pas le coeur de sa formation. Elle s’inscrit même plutôt dans la tradition des mouvements sociaux qui ont fait de la question sociale une question prioritaire. Toutefois, dans la mesure où les politiques néolibérales et la globalisation financière ont accéléré la crise écologique, Attac a été directement confrontée à cette crise.

Citons quelques exemples parmi tant d’autres :

· La privatisation accélérée des biens communs (eau, vivant, connaissance) est un axe essentiel du programme néolibéral. Avec l’accord ADPIC dans le cadre de l’OMC, ou encore avec les directives européennes, sont définis de nouveaux droits de propriété intellectuelle : le vivant, les semences sont transformés en « matières biologiques » appropriables. Le coeur même de la nature, sa capacité à se reproduire, tout comme la connaissance entre dans le champ de l’accumulation capitaliste et des stratégies financières des firmes. Les OGM sont emblématiques de ce mouvement : leur refus s’appuie à la fois sur la question sociale (ruine des paysans pauvres et de l’agriculture paysanne, contrôle de l’alimentation mondiale par quelques firmes semencières) et la question environnementale (biodiversité, santé).

· La globalisation financière accélère la déterritorialisation des activités et la négation de territoire et de ceux qui les habitent et y travaillent. Les délocalisations provoquent l’allongement des circuits de production et de consommation et l’explosion des transports, la déconstruction des services publics et notamment des services publics de proximité déstructurent les territoires en désertifiant les zones rurales et en créant des ghettos urbains à la périphérie des villes, la spéculation immobilière et l’expansion urbaine (au lieu de la densification) détruit l’espace urbain et rend difficile toute politique de transports collectifs, les délocalisations permettent se débarrasser des industries polluantes et permettent le dumping social et environnemental.

· La globalisation favorise une explosion des risques industriels et environnementaux. En matière de risques industriels, la domination de logiques financières au détriment de logiques industrielles, les concentrations et fusions conduisent à faire cohabiter des cultures d’entreprises qui n’ont rien en commun. L’histoire singulière des entreprises est oubliée, ainsi que les savoir-faire, notamment en matière de sécurité. Les fusions contribuent à constituer des « entreprises-réseau » avec un empilement de sous-traitantes, favorisant la dilution des responsabilités. L’explosion de l’usine AZF à Toulouse, après celle de Bhopal en Inde en sont des manifestations exemplaires. De même, la priorité accordée à la finance est à l’origine du développement sans précédent des paradis fiscaux qui hébergent des flottes sous pavillon de complaisance et qui échappent à toute réglementation : 65% de la flotte mondiale navigue ainsi et 50% du pétrole transporté. L’histoire du Prestige est édifiante : la société propriétaire était basée au Liberia, le pavillon était des Bahamas, l’armateur était une société grecque, le certificat de navigation a été délivré par une société américaine après une inspection à Dubaï, l’affréteur était une société immatriculée en Suisse et filiale du groupe russe Alfa, l’équipage était roumain et philippin et les officiers grecs, le pétrole était russe, chargé en Lettonie en direction de Singapour !

· Enfin, la concurrence exacerbée sur des marchés déréglementés légitime les choix d’urgence qui privent de réflexion sur les finalités, comme c’est le cas pour les OGM, et enferment les populations dans la menace de la dépendance alimentaire. Le seul horizon est la valeur pour l’actionnaire : tout va bien tant que les cours en Bourse se portent bien. La course à la réduction des coûts engage dans un même mouvement une économie prédatrice du travail et de la nature : le travail précarisé, désocialisé, déréglementé est une simple ressource renouvelable et jetable, tout comme la nature.

3 - Le séminaire

Et pourtant, nous savons bien que souvent, sur le terrain, apparaissent des contradictions entre des revendications sociales parfaitement légitimes (souvent autour de l’emploi et avec des effets à court ou très court terme) et des revendications écologistes, ellesmêmes légitimes. Ces dernières apparaissent souvent comme à plus long terme, donc plus difficiles à s’approprier, alors que les effets de la dégradation de l’environnement sont déjà là.

Il s’agit de mettre à plat ces contradictions, de les faire apparaître, sans les masquer, de les formuler pour les dépasser. En effet, il s’agit aussi pour nous de ne pas succomber à l’instrumentalisation de ces contradictions, aux divisions qui en résultent, car ces contradictions sont celles du capital lui-même, qui pour poursuivre son expansion institue une société de prédation totale de la nature et des hommes, Son horizon est toujours plus le très court terme, ce faisant il sape non seulement les possibilités d’émancipation humaine mais les possibilités mêmes d’une vie humaine sur la planète. Le dépassement de ces contradictions, l’enrichissement de nos résistances et des alternatives que nous proposons est un enjeu politique et démocratique essentiel.

Benjamin Dessus (Global Chance)

Il s’agit de sortir des contradictions par le haut. A cette fin, quel rôle peut jouer l’expertise indépendante ?

Plutôt que de vous faire un discours général sur la question je vais tenter d’apporter un éclairage sur la question à travers deux exemples.

Le premier exemple est celui d’un rapport au Premier ministre de l’époque, Lionel Jospin, sur l’avenir du nucléaire en France.

En 1999, Lionel Jospin commande un rapport sur la prospective économique de la filière nucléaire. Après beaucoup de tergiversations, un trio est désigné : René Pellat, Haut Commissaire à l’énergie atomique, Jean Michel Charpin, Commissaire au Plan, et moi même, de Global Chance. Les conditions sont a priori réunies pour qu’il n’en sorte rien. Comment s’y prendre en effet pour ne pas se contenter d’échanger des arguments de café du commerce entre un tenant du nucléaire, Pellat, un supposé opposant, moi, et une sorte d’arbitre comptable, Charpin, pour finalement ne dire que des banalités ?

Après un premier round d’observation, c’est une proposition méthodologique de Global Chance qui permet d’avancer sur la base suivante : plutôt que de débattre de façon stérile sur l’impératif de poursuivre le nucléaire ou d’en sortir, fabriquons des scénarios diversifiés jusqu’en 2050 représentant les diverses positions, avec plus ou moins de besoins d’électricité et plus ou moins de nucléaire pour la produire (de 80% à zéro en 2050). Une fois ces scénarios écrits on s’engage à chiffrer leur coût sur des bases de données communes et reconnues. La proposition est adoptée par mes deux collègues. Cela permet de déplacer le débat des choix vers les conséquences économiques et environnementales de ces choix.

Comme les partenaires se surveillent étroitement pour établir les bases de données économiques de chaque filière, il en résulte une certaine confiance dans les résultats trouvés, qui n’ont été finalement été critiqués sérieusement par personne. Du coup on a progressé sur la connaissance factuelle des conséquences économiques et environnementales des différentes stratégies. En particulier, par exemple, cela nous a permis de faire consensus sur deux points qui étaient loin d’être évidents : ce qui coûte le moins cher, de loin, et quelles que soient les filières de production électrique, c’est de faire des économies d’électricité, non seulement globalement, mais aussi au kWh. Quant aux divers scénarios de production, à besoins égaux, ils se tiennent dans un mouchoir de poche. On ne peut donc pas s’abriter derrière l’argument économique et financier pour décider en la matière.

Le deuxième exemple concerne l’ouverture d’une mine de charbon en Bourgogne, avec, d’un côté, un discours sur l’emploi local dans une région sinistrée avec les annonces de départ de nombreuses entreprises et la contribution de cette mine à l’indépendance énergétique de la France et, d’un autre, un discours sur la préservation de l’environnement local et les émissions de CO2 engendrées par la combustion du charbon.

Peut-on proposer des éléments de convergence ?

D’abord quelques éléments factuels indiscutables :

· Oui, l’ouverture d’une mine à ciel ouvert pose des problèmes graves d’environnement local : destruction du paysage, transports, incertitude sur la réhabilitation, etc.

· Oui, la combustion du charbon provoque l’émission de polluants locaux (NOX, SOX, etc.) et de CO2 : pour une tep brûlée cette émission est de 4,1 tonnes de CO2, contre 3,1 pour le pétrole et 2,4 pour le gaz naturel.

· Mais en même temps, oui, selon toutes les projections des énergéticiens, le charbon restera une source majeure d’approvisionnement mondial d’énergie, en particulier pour la production d’électricité pour plusieurs raisons : abondance, dissémination géographique des réserves et faiblesse des coûts de l’électricité produite à partir de cette ressource. Aujourd’hui, d’après l’AIE, l’électricité de base (un fonctionnement continu presque toute l’année) produite avec du charbon est la moins chère (4,5 ct$ contre 5,2 ct$ le kWh pour le nucléaire). Mais dès qu’on sort de la base, l’écart se creuse au bénéfice du charbon (pour 3000 heures 9,7 ct$ pour le charbon et 13,5 pour le nucléaire) sauf si la valeur du CO2 évité atteint une valeur très élevée (150 dollars la tonne). Il est donc très probable que les grands pays, Chine, Inde, Etats Unis etc. détenteurs de réserves très importantes de charbon les utiliseront.

· Oui, l’ouverture d’une mine de charbon et l’installation d’une centrale sont porteurs de plusieurs centaines d’emplois pérennes sur une quarantaine d’années.

· Oui, enfin, l’argument du renforcement de l’indépendance énergétique de la France grâce à cette opération est justifié puisque l’ensemble de l’opération s’effectue sur le sol national alors que dans le cas du nucléaire, contrairement au discours officiel, la France est totalement dépendante de l’uranium importé.

Il faut donc y regarder de plus près.

Première remarque, si le charbon doit rester pour le siècle qui vient une ressource majeure, il est de la plus haute importance de le produire et de l’utiliser dans les meilleures conditions d’environnement local et global : les pays industrialisés, dont la France, ont évidemment une responsabilité importante dans la mise au point des technologies les plus performantes sur ces différents points et leur transfert aux pays émergents.

La deuxième remarque concerne la place éventuelle d’une centrale à charbon de forte puissance dans le contexte français caractérisé par une pléthore de centrales adaptées au fonctionnement en base (les centrales nucléaires). On sait par contre que l’on va manquer à court terme d’outils de production de pointe pour des durées de fonctionnement de 2500 à 3500 heures pour lesquelles le nucléaire est particulièrement mal adapté (pour des raisons techniques et économiques). La comparaison de la solution charbon proposée doit donc s’effectuer avec celle d’une centrale gaz à cycle combiné, solution la plus économique et la moins émettrice de CO2 actuellement disponible (dans la mesure où il n’existe pas de solution électricité renouvelable de substitution d’électricité de pointe garantie à court terme).

A partir de ces constats factuels on peut tenter de dresser une première image des bases d’une issue positive pour les différents partenaires à partir des deux questions suivantes :

· Peut-on imaginer une opération de démonstration exemplaire « d’extraction propre et sûre » du charbon et la construction d’une centrale à haute performance (rendement, filtrage des polluants locaux, etc.) ?

· Peut-on envisager des « compensations » des émissions de CO2, en l’absence de perspectives raisonnables, à assez court terme, de captage stockage à l’échelle nécessaire du CO2 produit par la centrale (il n’existe en effet aucun puits de pétrole épuisé à proximité et les autres sites envisageables demandent encore de longues recherches pour être validés) ?

En effet, si cette installation présente des bénéfices locaux (création d’emplois pérennes indépendance énergétique), elle se traduit aussi par un excès de production de CO2 par rapport à une situation de référence (par ex le gaz) et donc par une dette vis-à-vis de la collectivité. On pourrait donc creuser l’idée d’une compensation rendant au moins neutre cette opération en termes d’émissions, avec un partage de la charge entre la région, l’Etat et l’exploitant (dont une part de sa production sera vendue hors de France) qui sont tous bénéficiaires de cette opération :

1. Au niveau régional par un programme d’économie d’énergie dimensionné pour compenser les émissions de CO2 supplémentaires engendrées par la part d’électricité de cette centrale (utilisée pour la pointe d’hiver) consommée en France. Un programme de maîtrise de l’énergie régional de l’ordre de 10%, portant principalement sur l’habitat et les transports, parfaitement accessible, serait suffisant pour assurer cette compensation.

2. Au niveau national par l’engagement ou l’accélération d’un programme de recherche et développement et éventuellement de démonstration partielle de la possibilité de captage stockage sur le site bourguignon.

3. Au niveau industriel par la perception d’une redevance au kWh vendu sur des bases à déterminer.

Mais on peut aussi aller plus loin : peut-on, sans ouvrir la mine de charbon, et donc sans créer de problèmes d’environnement local, satisfaire aux préoccupations d’emploi, d’indépendance énergétique et de lutte contre les émissions de CO2 apparues à propos de ce projet ? Le programme régional d’économie d’énergie proposé pour compenser la dette CO2 crée par l’opération charbon peut il répondre à cette question ?

Oui, manifestement, sur la question de l’indépendance énergétique car il est strictement équivalent de ce point de vue de produire une unité supplémentaire d’énergie sur le sol français ou d’en économiser une unité supplémentaire. Reste alors à apprécier les conséquences sur l’emploi local d’un tel programme régional d’économie d’énergie. On serait probablement surpris, si l’on faisait cette analyse, de constater qu’il est porteur d’un nombre d’emplois locaux pérennes du même ordre que celui du projet minier.

Cet exemple montre qu’il n’est pas impossible de faire cohabiter les exigences a priori contradictoires des mouvements sociaux et environnementaux, à condition de renoncer à nier un certain nombre d’éléments à caractère factuel, à reformuler les questions en débat, à élargir le périmètre de réflexion géographique et partenarial et à mettre les décideurs économiques et financiers publics et privés devant leurs responsabilités à la fois sociales et écologiques.

C’est en cela que l’expertise indépendante peut se révéler utile si elle permet de déminer le terrain et d’éviter les faux débats. C’est essentiel puisque l’on sait bien que l’alliance objective du mouvement social et du mouvement écologique ne sera pas de trop pour triompher des intérêts financiers qui se cachent bien souvent derrière des discours convenus sur l’emploi et/ou l’environnement.

Vous pouvez prendre connaisance de l’entièreté des Actes du séminaire sur le site d’ATTAC


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