Le mouvement s’élargit et se durcit dans les lycées, part dans les facultés

dimanche 9 décembre 2018.
 

Après Tolbiac et la Sorbonne, vers un blocage de l’Université Toulouse Jean-Jaurès dès jeudi ?

En plein mouvement des Gilets jaunes et des lycéens, les étudiants de l’université Jean-Jaurès annoncent qu’ils organiseront une première assemblée générale jeudi 6 décembre 2018.

Quelques mois après le blocage qui a paralysé l’université Jean-Jaurès à Toulouse et alors que le mouvement des Gilets jaunes et celui des lycéens battent leur plein à Toulouse et partout en France, le syndicat de l’Union des étudiant(e)s de Toulouse (UET) annonce qu’une première assemblée générale va se tenir jeudi 6 décembre 2018 sur le campus de l’université Toulouse Jean-Jaurès, situé dans le quartier du Mirail.

« Contre la hausse des frais d’inscription »

Le syndicat UET explique :

« Cette AG est organisée à l’appel de l’UET, de l’Unef et du syndicat Solidaires et s’inscrit dans les revendications qui ont été celles de notre mouvement de contestation puis de blocage du printemps dernier, notamment la sélection instaurée à l’entrée de l’université. De plus, un projet de loi vise à augmenter les frais d’inscription de plusieurs milliers d’euros pour les étudiant-e-s non-ressortissant-e-s de l’Union Européenne.

Et l’organisme étudiant d’ajouter : « De nombreux rapports ayant fuité montrent que cette mesure raciste masque en réalité la volonté d’augmenter en dernière instance les frais d’inscription pour tout le monde. Cette attaque d’ampleur s’inscrit dans la continuité de la loi ORE et de Parcoursup, et une logique d’élitisation et de sélection sociale que nous avons combattue au printemps dernier. À tout cela s’ajoute le contexte social que nous connaissons ». « Discuter collectivement »

Pour l’heure, il n’est pas question de blocage de l’université Jean-Jaurès, dont la dernière occupation a engendré de grosses dégradations dans trois bâtiments du campus.

L’UET indique que ce premier appel à se rassembler en AG « est un moyen de pouvoir discuter collectivement de nos revendications ».

Néanmoins, l’idée de faire converger un potentiel mouvement étudiants vers ceux des Gilets jaunes et des lycéens sera forcément dans les têtes de ces étudiants, les mêmes qui espéraient cette convergence au printemps dernier…

Lundi 3 décembre, le même syndicat étudiant a d’ailleurs appelé les étudiants à se joindre à la manifestation des lycéens organisée à Toulouse mardi 4 décembre. Le syndicat UET n’écarte pas d’ailleurs la possibilité qu’un blocage du campus puisse être proposé lors de cette première AG de jeudi.

Mardi, des cours annulés à la Sorbonne

Cette hypothèse est d’autant moins farfelue que mardi 4 décembre 2018, en même temps que les lycéens manifestaient partout en France, les premières opérations de blocage de campus ont eu lieu en France.

Comme l’a expliqué France Info mardi, les cours ont été annulés mardi à l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, suite à un blocage du campus. Ce blocage est d’ores et déjà reconduit mercredi et jeudi.

Tolbiac bloquée mercredi et jeudi

Toujours à Paris, les étudiants de Tolbiac (un campus de l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne,ndlr) réunis en Assemblée générale, ont voté à la majorité le blocage de leurs locaux à partir de mercredi 5 décembre au matin. Nos confrères de France Info indiquent :

L’élément qui a déclenché la colère des étudiants est la hausse des frais d’inscriptions pour les étudiants étrangers, mais certains d’entre eux lancent également un appel à la convergence avec le mouvement des « gilets jaunes ».

Plus d’une centaine de lycées bloqués en France, des manifestations réprimées dans plusieurs villes

Source : https://www.liberation.fr/france/20...

le léger parfum d’insurrection dans lequel baigne la France depuis samedi a pu aider à motiver les troupes. « Il y a beaucoup de lycées qui ne se mobilisent jamais en temps normal, c’est un signe très positif » se félicite auprès de Libération Louis Boyard, le président de l’Union nationale lycéenne (UNL), syndicat qui a appelé à cette mobilisation. Un nouvel appel est lancé pour vendredi. « Nous avons écarté les blocages tous les jours, car cela ferait s’essouffler le mouvement trop vite. »

Il est à ce stade difficile d’établir une cartographie de la situation. Cette dernière est par exemple tendue dans les académies de Toulouse, Marseille et Créteil, selon le ministère de l’Education nationale. A des degrés divers : lycées complètement bloqués, barrages filtrants… Par endroits, comme à Montpellier, ce sont les proviseurs eux-mêmes qui, par précaution, ont fermé leur établissement, de peur de débordements.

A la mi-journée, le ministère ne déplorait pas de « violence en interne » au sein des établissements. Mais les événements ont pris une tournure spectaculaire devant certains lycées, comme Jean-Pierre-Timbaud à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), avec des poubelles et au moins un véhicule incendiés, ainsi que des affrontements entre jeunes et policiers, selon des images de France Bleu Paris. Sept personnes ont été interpellées, d’après une source policière à l’AFP.

Violente répression policière dans plusieurs villes

A Orléans, les forces de l’ordre ont bouclé l’accès au centre-ville, où se trouvent trois gros lycées : Pothier, Jean-Zay et Benjamin-Franklin. Les établissements ont été fermés par précaution par les proviseurs, inquiets des débordements. Libération a assisté à des scènes rarement vues à Orléans : des poubelles en feu, ainsi que des courses-poursuites entre manifestants et forces de l’ordre.

188 lycées bloqués dans toute la France d’après le ministère de l’intérieur

Lors de son audition à la commission des lois de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a indiqué que 188 lycées avaient été bloqués dans toute la France. Deux adolescents ont été grièvement blessés.

D’après le ministère de l’Education nationale, à Paris, sept lycées font aujourd’hui l’objet de barrages filtrants. C’est par exemple le cas des lycées Charlemagne (4e arrondissement) et Jules Ferry (9e arrondissement). « Il y a eu dix tentatives de blocage ce matin dans la capitale. Tout s’est déroulé dans une ambiance très calme et il n’y a eu aucun incident », précise le rectorat de Paris. En Île-de-France, des lycées sont également perturbés à Gagny, Aubervilliers et Chelles. Dans le Val-de-Marne, plusieurs établissements sont également mobilisés, comme les lycées Christophe-Colomb et Montaleau à Sucy, Pablo-Picasso à Fonteney, Romain-Rolland à Ivry, et Guillaume Appolinaire à Thiais.

À Créteil, on dénombre 20 établissements perturbés, dont deux totalement bloqués. Dans l’académie de Montpellier, cinq établissements sont perturbés, un est même entièrement fermé. Dans celle d’Aix-Marseille, pour le moment, six lycées sont totalement bloqués, cinq partiellement. Dans l’académie de Bordeaux, au moins 17 lycées sont perturbés. La mobilisation est également très forte du côté de Toulouse, où une quarantaine d’établissements sont perturbés. Des revendications très variées

Tout est parti de l’appel de certains syndicats lycéens classés à gauche, l’Union nationale lycéenne (UNL) en tête, appelant les élèves à se mobiliser contre Parcoursup, la réforme du bac et du lycée et la réforme de la voie professionnelle. « Cela faisait très longtemps que les lycéens ne s’étaient pas autant intéressés à nos appels à manifester, expliquait vendredi Louis Boyard, le président de l’UNL au Figaro. D’habitude, ils n‘ont aucun espoir de faire bouger les lignes. Là, ils sentent qu’ils peuvent profiter du ras-le-bol général des « gilets jaunes » pour se faire entendre ». Les lycéens revendiquent le droit d’être reconnus comme « une entité qui mérite de se faire entendre », et qui « souffrent aussi beaucoup de nombreuses réformes du gouvernement ».


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