Quand l’élite socialiste adopte la pensée libérale, méprise les scientifiques qui la dénoncent et récolte ce qu’elle a semé (message de Pascal Marchand, universitaire)

lundi 11 juin 2007.
 

Réponse à l’article Douze remarques sur les résultats de ce 10 juin 2007, premier tour des législatives

Depuis quelques années, des sociologues et psychologues attirent l’attention sur la domination de la pensée libérale, individualiste et psychologisante. De nombreux travaux scientifiques internationaux en attestent, preuves expérimentales à l’appui. Il n’est pas simple de les résumer et de les diffuser, mais certains d’entre nous s’y essaient parfois. C’est une tâche très risquée, car une lecture rapide et quelque peu sectaire peut amener à de véritables contresens. Ce n’est pas nouveau : on raconte que Guy Bedos a été agressé après son sketch « vacances à Marrakech », qui avait été apprécié ... des racistes ; Pierre Bourdieu s’est fait traiter de macho après « la domination masculine » (voir aussi son accueil dans les banlieues, telle que la montre le film « la sociologie est un sport de combat » de Pierre Carles).

Non, la pensée de gauche n’est pas facile : elle demande l’effort intellectuel d’analyser les déterminations sociales complexes des conduites humaines. La pensée de droite est plus facile : elle s’en tient à une psychologie (de comptoir) des gens et à des déterminations simplistes. A l’heure où les médias réduisent la politique à des affrontements de people (voir la question de l’infotainment) et des slogans simplistes, faut-il s’étonner du succès de la pensée de droite ?

Le dire, ce n’est pas l’accepter. Mais quand on se trouve dénoncé, de façon grossière et outrancière comme sur ce blog, par des militants qui disent mener le même combat, on se dit que le libéralisme a même gagné l’élite socialisante, que le débat est définitivement brouillé et que les électeurs de gauche, intelligents et cultivés, ne peuvent décidément plus se retrouver dans la superficialité et la courte vue de leurs dirigeants.

Non les électeurs de gauche ne sont ni cons, ni incultes. Il sont, soit gagnés par la pensée libérale envahissante et ils préfèrent l’original à la copie, soit fidèles à une certaine idée de la gauche et ils vont la chercher là où elle existe encore. On peut se satisfaire du maintien du PCF à près de 5 %, de la stabilisation de l’extrême gauche et de la progression du parti socialiste de 24,11 à 28,5%. Et une analyse plus détaillée peut effectivement attendre le second tour, le troisième et ceux qui suivront.

Pascal Marchand


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