Présidentielles 2007 : l’extrême droite en embuscade

dimanche 7 mai 2006.
 

Nous n’avons pas publié hier par plaisir l’article de Libération sur des expressions politiques communes à Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Une campagne trop personnalisée, aseptisée, médiatisée, "tout sourire" de la gauche, laisse toute la place à l’extrême droite comme seule force porteuse d’une critique du libéralisme et de "solutions" à la crise. D’ailleurs, médias et sondages ont installé au même moment Royal Sarkozy en favoris et Jean Marie le Pen en "troisième homme".

Depuis une vingtaine d’années, la progression de l’extrême droite est constante. Cette menace sousestimée était redécouverte au soir des élections par commentateurs et dirigeants politiques qui l’expliquaient comme une résurgence indigne due aux mouvements d’humeur et de bêtise d’un peuple ingouvernable.

Avant même le 21 avril 2002, de graves semonces auraient dû alerter la gauche sur ses difficultés à incarner au pouvoir une alternative aux dégâts du libéralisme. Dés les régionales de 1998, le FN obtientle plus grand nombre d’élus de son histoire (275 conseillers régionaux). Aux municipales de 2001, le FN conserve des villes comme Marignane ou Orange avec 60% des voix, là où il les avait arrachées en 1995 dans des triangulaires avec à peine 35%.

Depuis le 21 avril 2002, l’extrême droite se maintient à un haut niveau et la gauche n’a pas repris sa base électorale populaire. Aux européennes de 2004, le score cumulé de Le Pen et De Villiers frôle les 20%. Aux régionales, le FN obtient 16,5% au premier tour, atteignant près de 20% dans une dizaine de régions et se maintenant dans 17 sur 21 ; pire, les bons résultats de la gauche sont obtenus avec une abstention record des classes populaires (plus de 45% chez les ouvriers en 2004 contre 28% en 2002).

Nous savons tous comment l’extrême droite fait du balayeur immigré à la fois la figure du capitalisme financier et le bouc émissaire pour les victimes de celui-ci. Or, en l’absence de solution concrète à la déstructuration de la société républicaine par le libéralisme, ce simplisme d’analyse et de solution proposé par l’extrême droite marche de plus en plus.

Une enquête IFOP publiée le 21 avril 2006 conclut que 35% des personnes interrogées trouvent que l’extrême droite répond à leurs préoccupations et enrichit le débat politique. Les études annuelles commandées par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (rapport 2006) montrent une banalistion galopante de la xénophobie. Le nombre de personnes qui jugent le nombre d’étrangers trop important en France serait ainsi passé de 42% en 2002 à 56% aujourd’hui. L’approbation du droit de vote des étrangers aux élections locales aurait régressé de 50% en 2002 à 43% en 2005. Quant au nombre de personnes se déclarant racistes, après 25% en 2002, il atteint un record absolu en 2005 avec 33%.

Dans ces conditions, les orientations débattues lors de la dernière Convention nationale de PRS en faveur d’une Union des forces anti-libérales au sein de l’Union des gauches sont plus que jamais d’actualité.

Ces deux exigences ne sont pas contradictoires. Elles sont au contraire intimement liées. Il n’y aura pas d’Union populaire sur une orientation bobo-blairiste. Il n’y aura pas plus d’hégémonie de la gauche des ruptures pour changer la gauche si celle-ci ne s’inscrit pas dans le cadre d’une union sans exclusives contre la droite.


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