Présidentielles 2007 : étude comparée des discours Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy dans Libération

samedi 6 mai 2006.
 

" Ségo versus Sarko. A un an de la présidentielle, tous les météorologues de la politique sont formels : ce sera elle contre lui. Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ne demandent que cela. La députée des Deux-Sèvres comme le ministre de l’Intérieur se sont même mutuellement désignés comme le (la) meilleur(e) adversaire. A douze mois de l’échéance, Libération s’est livré à un premier comparatif d’échantillons de programme que les deux protagonistes ont livré lors de réunions publiques ou par médias interposés. Etrangement, ils ne se distinguent pas encore franchement. Comme s’ils puisaient leurs inspirations aux mêmes sources et n’avaient pas encore suffisament muri pour laisser parler leurs différences.

Le parti

Ségolène Royal : « Mon prochain livre sera compatible avec la motion du PS. Mais je ne vais pas la réciter. Ma parole sera libre. »

Nicolas Sarkozy : « Président de l’UMP, je veux rester un homme libre. Libre de penser, de proposer, d’imaginer, de débattre. »

La politique

S. R. « Il va falloir imaginer de nouvelles militances, une nouvelle éthique, des engagements partagés, de nouveaux visages [...] et sans doute un nouveau mouvement. »

N. S. « Il faut changer en profondeur notre façon de faire de la politique, de vivre de la politique, de parler de politique et de porter nos convictions politiques. »

Le travail (1)

S. R. « Nous devons rééquilibrer le rapport salarié-employeur en offrant la sécurité au salarié tout en donnant aux entreprises l’agilité dont elles ont besoin pour s’adapter aux évolutions de la conjoncture. »

N. S. « L’enjeu, c’est la simplification de notre contrat de travail [...], un contrat qui serait [...] plus souple pour l’employeur et plus protecteur pour le salarié. »

Le travail (2)

S. R. « [Il faut] des salariés motivés, bien formés et bien payés. C’est comme cela que les parents pourront bien élever leurs enfants avec des valeurs et des repères. »

N. S. « Je crois dans le travail, le mérite, l’effort, la récompense, l’autorité et une certaine forme de fermeté. »

La famille

S. R. « La famille et l’autorité parentale sont des valeurs à conforter. »

N. S. « Je crois profondément en la famille. »

La réussite

S. R. « Il est nécessaire de donner aux jeunes le sens de l’effort et de la réussite. »

N. S. « Il faut redonner à la France et aux Français le goût de réussir et de la réussite. »

L’immigration

S. R. « Sur la discrimination positive, est-ce qu’il faut des quotas ? Ce peut être un grand sujet de débat national. »

N. S. « Il appartient au gouvernement de fixer, en fonction des besoins de l’économie et de nos capacités d’accueil, le nombre de personnes admises à s’installer en France. »

La rupture

S. R. « Je crois que je peux battre Nicolas Sarkozy. Il dit qu’il veut faire la rupture, je suis la rupture. »

N. S. « La rupture avec nos conformismes est nécessaire. Est-ce qu’on bouge ou est-ce qu’on reste immobile ? [...] Seul le changement permettra l’avènement d’une France plus juste. Voilà pourquoi j’ai proposé la rupture. »

Cette étude comparative entre les discours de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal ne prend pas en compte toutes les orientations qu’ils défendent actuellement. Ceci dit, nous constatons tous un même type de credo de communication cherchant à personnaliser en insistant sur des mots ratissnt large dans l’opinion : morale, tradition, effort, réussite, famille, travail, nouveau, liberté vis à vis des partis.

Tony Blair avait réussi ainsi électoralement mais les syndicats ont été considérablement affaibis, les traditions politiques de la gauche anglaise ont explosé, en politique étrangère la Grande Bretagne s’est alignée sur les Etats Unis. Surtout, le gouvernement travailliste a écrasé les couches populaires pour le plus grand profit des capitalistes britanniques et du capitalisme financier transnational. Résultat : lors des dernières municipales, le parti travailliste a terminé troisième derrière les conservateurs et les libéraux ; quant à l’extrême droite elle a réussi une percée fulgurante dans les quartiers populaires. Le compte rendu des premiers résultats de ces élections par AP ne laisse aucun doute sur ce bilan : " Dans les quartiers les plus pauvres d’Angleterre, le BNP a enregistré des gains sans précédent" ; "cette progression illustre le mécontentement de la classe ouvrière blanche"...


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