La promotion du FN/RN par les grands médias.

mercredi 5 avril 2023.
 

Beaucoup de gens ne se donnent pas la peine de comprendre comment les journalistes ont donné une grande visibilité médiatique aux Le Pen sans qu’ils ne s’en aperçoivent.

Premier article

Les chaînes télé déroulent le tapis rouge devant Marine Le Pen

par Frédéric Lemaire, mardi 19 mars 2019

Source : Acrimed https://www.acrimed.org/Les-chaines...

Depuis le début de l’année, les représentants du Rassemblement national (RN) se bousculent aux portillons des chaînes d’information en continu. Sur la période allant du 1er janvier au 17 mars 2019, on ne dénombre pas moins de 161 invitations sur BFM-TV, Cnews, France Info ou LCI, soit plus de deux apparitions par jour en moyenne. A elles seules, BFM-TV et CNews comptent pour 131 invitations (voir notre décompte en annexe). Cette omniprésence des représentants du parti d’extrême-droite s’accompagne d’un traitement médiatique tout en complaisance à l’égard de Marine Le Pen. À longueur d’émissions spéciales sur « la dynastie Le Pen », d’interviews bienveillantes, de commentaires élogieux, la présidente du Rassemblent national (RN) bénéficie d’une couverture d’une complaisance sans égale. Retour sur cette édifiante séquence de promotion médiatique.

Dès la mi-janvier, BFM-TV célébrait en fanfare la rentrée politique de Marine Le Pen avec une émission spéciale, promue à grands renforts de bandes-annonces. Au programme, « une grande enquête » sur « un feuilleton politico-familial qui passionne les Français depuis plus d’un demi-siècle, la dynastie Le Pen », avec « des secrets, des pardons et des trahisons ». Bref on l’a compris, rien ne sera épargné aux téléspectateurs, dans ce que Samuel Gontier décrit comme une « entreprise de dépolitisation parfaitement menée, à force d’anecdotes insignifiantes et d’exégèses psychologisantes [1]. »

Le soir même sur le plateau de BFM-TV, les commentaires donnent le ton : « Il y a ce côté Dallas et Dynastie, les séries américaines », commente ainsi Olivier Beaumont du Parisien. Et d’évoquer « un clan qui s’est toujours invité dans le foyer des Français. » Invité certes, mais par qui ? Pour le présentateur Bruce Toussaint, l’histoire des Le Pen est « une saga incroyable », qui est « à la fois une histoire de famille et un pan de notre histoire politique. » Rien que ça. La diffusion de cette émission spéciale tombe d’ailleurs à point nommé : « Marine Le Pen qu’on disait carbonisée par la dernière élection présidentielle […] est en train de tirer profit de la crise des gilets jaunes ». Une affirmation sans appel, sur la foi de sondages prédisant un score élevé pour le Rassemblement national. Et constituant vraisemblablement une raison suffisante pour dérouler le tapis rouge à sa dirigeante [2].

Une autre séquence s’ouvre le 17 février. Alain Finkielkraut est invité sur BFM-TV par Apolline de Malherbe, en réaction aux insultes proférées la veille à son encontre, en marge d’une manifestation de gilets jaunes. Au cours de cet entretien, il délivre un satisfecit à la présidente du Rassemblement national : « Qui a dénoncé immédiatement les attaques dont j’ai été l’objet ? Marine Le Pen. » Pour lui, le RN ne figure pas parmi « les vrais fauteurs de haine ». D’ailleurs, ce serait « une incroyable paresse de pensée que de revenir sans cesse aux années 1930 et au bon vieux Front national de papa ».

Cette invitation a été l’amorce d’une nouvelle salve de commentaires complaisants à l’égard du Rassemblement national [3]. Sur le plateau de « BFM Story », l’éditorialiste Anna Cabana est catégorique : au lieu de parler d’antisémitisme d’extrême-droite, on ferait mieux de parler d’un antisémitisme d’extrême-gauche. La preuve ? « Quand on discute avec Alain Finkielkraut de ce qui s’est joué pour lui […] il vous parle des zadistes, il vous parle des gauchistes ». On ne peut pas reprocher à Anna Cabanna de ne pas avoir de suite dans les idées : le lendemain, elle invite Marine Le Pen à un entretien chaleureux et complaisant sur i24. L’occasion pour la présidente du RN de pontifier sur l’« antisémitisme islamo-gauchiste » qui serait le « danger le plus flagrant, le plus évident aujourd’hui ».

En mars, c’est LCI qui prend le relais. La chaîne d’information en continu y va, elle aussi, de sa soirée spéciale sur le « renouveau » de la dirigeante du Rassemblement national. Dès le journal de 17h, la présentatrice annonce la couleur : « Elle est jugée volontaire, capable de prendre des décisions et de comprendre les problèmes quotidiens. L’image de Marine Le Pen s’est considérablement améliorée auprès des Français. [4] ». A 18h, David Pujadas annonce quant à lui « un retour en grâce ». Des affirmations à nouveau appuyées à grand renfort de sondages.

Au sommaire de cette soirée, surprise ! Un « grand document » sur « le roman vrai d’une dynastie politique », avec les « confidences et confessions de trois générations Le Pen ». Avec originalité, LCI marche dans les pas de BFM-TV. Pourquoi au juste cette émission spéciale ? Le chef du service politique de TF1 et LCI s’explique : « Parce qu’on est à quelques semaines d’une élection, les européennes, où, selon toute vraisemblance, la formation politique de Marine Le Pen va réaliser un score très important. » La même logique est à l’oeuvre que sur BFM-TV : des sondages annoncent un résultat favorable pour le RN, il est donc urgent de lui ouvrir tous les micros.

Le service public n’est pas en reste. « L’émission politique » du 14 mars sur France 2 constitue le dernier épisode en date de cette séquence de promotion médiatique. Un extrait relayé avant l’émission annonçait déjà la couleur : Thomas Sotto, interrogeant Marine Le Pen… sur son amour pour ses chats. Un échange passionnant qui n’a pas manqué de susciter l’ironie voire l’indignation sur les réseaux sociaux. L’émission est à l’avenant : pendant plus de deux longues heures, Marine Le Pen occupe l’antenne. Le résultat ? C’est Nathalie Saint-Cricq, cheffe du service politique de France 2, qui en parle le mieux dans son debriefing : « globalement, elle est hyper dédiabolisée ». Et en détail, cela donne cette tirade édifiante :

« Moi, je l’ai trouvée assez efficace, j’ai trouvé qu’elle avait travaillé […], qu’elle était dans le constat ce qui lui permet plus facilement d’arrondir les angles. Elle n’est pas contre les riches, elle est pour les pauvres. Elle aime bien les bons gilets jaunes, mais elle défend aussi les policiers. Tout est de la faute du gouvernement. Donc pendant toute la première partie on a eu quelqu’un d’assez consensuel et qui était dans le constat et finalement son constat, on pouvait le partager, et c’était une sorte de constat mainstream . Après les choses se sont un peu plus gâtées avec Nathalie Loiseau et avec Matteo Renzi parce que là, on n’était plus dans le constat on lui demandait des solutions […] et là ça a patiné un petit peu plus mais globalement, elle est hyper dédiabolisée et elle a travaillé et elle n’est plus excessive comme elle pouvait l’être avant, ni pas très professionnelle. »

En résumé donc : une belle séquence d’« hyper dédiabolisation » offerte en direct et à une heure de grande audience par le service public.

***

Depuis janvier, les chaînes d’information en continu font la chronique annoncée du triomphe de Marine Le Pen. Ils décrivent, sur la foi de sondages, tantôt une « résurrection », tantôt une « reconquête » en vue des élections européennes. Emissions spéciales à l’appui, ils évoquent des Français « fascinés » par la famille Le Pen. Tout est bon pour expliquer le succès annoncé de l’extrême-droite. Pour certains commentateurs, les mobilisations de gilets jaunes auraient profité au Rassemblement national – alors même que les obsessions migratoires de Marine Le Pen n’apparaissent pas dans les revendications exprimées par les gilets jaunes.

Cette séquence, qui prend des allures d’auto-hypnose médiatique, a un effet performatif - lorsqu’est annoncée sur tous les tons et registres la « dédiabolisation » du RN. Elle fonctionne également comme une forme de prophétie auto-réalisatrice, en écrivant à l’avance la « dramaturgie » des élections européennes comme un « match » entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Et en écrasant, sur les plateaux télévisés, toute alternative à ce duel sous le brouhaha médiatique.

Frédéric Lemaire (avec Pauline Perrenot et Florent Michaux)

Annexe : les représentants du Rassemblement national dans les radios et télévisions

Nous avons effectué le décompte des invitations de représentants du RN dans les radios et chaînes de télévision du 1er janvier au 17 mars 2019, sur la base de la liste des interventions médiatiques recensées sur le site du RN.

Les médias recensés sont : BFM-Business, BFM-TV, C8, CNews, Europe 1, France 2, France 24, France 3, France 5, France Bleu, France Culture, France Info, France Inter, I24, LCI, LCP, Paris Première, Public Sénat, Radio Classique, RCF, RFI, RMC, RT, RTL, Sud Radio, TV5 Monde. On compte un total de 233 invitations médias sur 76 jours, soit une moyenne de 3 invitations par jour sur l’ensemble des médias concernés. Ce palmarès est largement dominé par BFM-TV (71) et CNews (60) y compris en comparaison avec d’autres chaînes d’information en continu (14 pour LCI). Les invitations sont réparties de la manière suivante pour les quinze premiers médias : (Voir graphique sur le site)

Deuxième article

Le Pen et les médias, de Jean-Marie en 2002 à Marine en 2017

par Mathias Reymond, jeudi 21 mars 2019

Source : Acrimed https://www.acrimed.org/Le-Pen-et-l...

Nous publions ci-dessous un extrait du livre « Au nom de la démocratie, votez bien ! » co-édité par Agone et Acrimed et en vente sur notre boutique. L’occasion de revenir sur l’évolution du rapport aux médias des Le Pen (et réciproquement).

Ce serait prêter trop de pouvoir aux médias que d’expliquer les résultats électoraux du Front National (et désormais du Rassemblement National) par leur rôle. Professeur à l’Institut français de presse, Arnaud Mercier rappelle par exemple que, « en 1986, au moment où le Front national obtint presque 10% des voix aux législatives et fait entrer 35 députés au Parlement grâce au scrutin proportionnel, le procès en « éfénisation » des médias cibla François Henri de Virieu producteur présentateur de l’Heure de Vérité, émission politique phare de l’époque. Il avait invité trois fois en 18 mois Jean-Marie Le Pen. Donc il aurait puissamment aidé le FN à entrer à l’Assemblée nationale. Peu importe qu’il a déjà eu 11% des voix aux Européennes de 1984, que ce vote exprime une radicalisation d’une partie de l’électorat de droite traditionnel très hostile aux socialistes au pouvoir depuis 1981, que le scrutin proportionnel donne par essence un poids électoral plus fort à ce parti, la médiatisation de son leader serait le facteur clé de son succès électoral. » [1]

Autrement dit, les médias ont certes un pouvoir de résonance, mais ils ne sont pas – de cette manière du moins – les agents électoraux du FN. La montée de l’extrême droite en France et ailleurs en Europe trouve ses racines profondes dans les crises successives du capitalisme et dans les désastres sociaux qu’elles causent. Et on ne peut nier la responsabilité des partis « de gouvernement » dans cette longue et progressive ascension. Par leur surdité ou par leur ignorance, par leur éloignement du peuple ou par leur enfermement, les élites ont fait le lit du FN.

Toutefois, cette évidence n’exempte pas totalement de leurs responsabilités les médias dominants et leurs tenanciers. Dans un article consacré à la relation délicate qu’entretiennent médias et FN, Henri Maler et Julien Salingue esquissent quelques explications [2]. Tout d’abord, la dépolitisation, en privilégiant le jeu plutôt que les enjeux politiques, sert les défenseurs du « poujadisme » : « Une telle focalisation sur les questions qui préoccupent le microcosme médiatico-politique, et non sur les problèmes dont les politiques sont censés s’occuper, accréditent une version politicienne de la politique, qui en détourne de larges fractions de la population (en particulier dans les classes populaires) et contribue à légitimer le discours « anti-système » du Front national. »

Ensuite, le traitement médiatique des « affaires » tel que nous le vivons à chaque séquence électorale (dernier exemple, la saga familiale de François Fillon lors de l’élection présidentielle de 2017) n’est pas pour rien dans la publicité faite au FN. Non pas que les révélations ne soient pas souhaitables, mais l’absence de mise en perspective de ces « affaires », en dehors de tout cadre institutionnel, alimente le slogan « tous pourris ».

Enfin – et surtout – la mise en scène, parfois outrancière, souvent caricaturale, de thèmes chers au FN, faite par les médias, rend stérile toute discussion ou analyse. La promotion de sujets comme l’insécurité ou l’immigration, en délimitant le périmètre des réponses apportées, légitiment les thèses du FN. La réalité n’est qu’effleurée et les médias exercent ainsi leur vrai pouvoir : celui de circonscrire le débat et de dicter l’agenda. L’agenda politique (conjointement avec le pouvoir politique), mais aussi l’agenda médiatique (avec son lot de « faits divers » pour mieux faire diversion et ses « buzz » à répétitions). Entre 2002 et 2017, beaucoup de choses se sont passées. Tout d’abord le FN a remporté les élections européennes de 2014, et, dès 2016, la quasi-totalité des sondages l’annoncent au deuxième tour de l’élection présidentielle. Mais surtout, Marine Le Pen n’est pas Jean-Marie Le Pen.

Si la carrière médiatique de Jean-Marie Le Pen fut marquée par plusieurs propos sulfureux dont les médias firent grand écho, le rapport aux médias du Front National a profondément changé en 15 ans. Contrairement à sa fille, Jean-Marie Le Pen fut celui dont on pouvait se moquer mais qui ne faisait pas rire. Celui que l’on invitait sur un plateau, mais que l’on évitait dans les coulisses. Et pour illustrer cette évolution, il suffit de se replonger dans une soirée de septembre 1995. Sur TF1, l’animateur Patrick Sébastien propose une émission d’un goût douteux, « Osons », dans laquelle un sketch fait polémique : grimé en Jean-Marie Le Pen, il chante « Casser du Noir » sur l’air du succès de Patrick Bruel « Casser la voix ». Ensuite, Jean-Marie Le Pen rit au court de l’émission devant la vidéo qu’Olivier de Kersauson visionne avec lui à son domicile. Le Parisien publie une page blanche pour appeler au boycott, Libération titre « TF1 a osé la télé nausée », les associations antiracistes attaquent l’animateur, la justice le condamne… Il était interdit de rire de Le Pen avec Le Pen.

Une vingtaine d’année plus tard la fille du leader frontiste est invitée partout [3]. Elle plaisante avec les saltimbanques et les journalistes. Sur Canal Plus par exemple, elle est accueillie par Yann Barthès dans une émission où l’on plaisante avec l’invité [4]. Entre deux publicités et trois reportages divertissants, Marine Le Pen s’amuse sur le plateau. Pourtant l’animateur a prévenu : « On va décrypter votre communication, des choses marrantes, ce qui n’est pas toujours évident au Front National, et puis des choses un peu moins marrantes. » [5] Confrontée à des séquences la raillant, elle se laisse aller à quelques éclats de rire, et même à des larmes de joie. Le public applaudit pendant que Yann Barthès « se marre ».

Sur Europe 1 aussi, dans une séquence célèbre (27 mars 2017), Marine Le Pen rit aux larmes pendant plus de dix minutes, en écoutant (et regardant) Nicolas Canteloup faire une série d’imitations. Les journalistes et l’humoriste qui entourent la candidate du FN se tordent de rire à ses côtés. Cette séquence cocasse et inattendue n’aurait pu se produire avec son père. Et se serait-elle produite que la presse et les commentateurs s’en seraient indignés en accusant Canteloup de servir la cause frontiste.

Marine Le Pen a réussi là où son père a échoué (ou plutôt « voulu échouer ») : rendre le Front National fréquentable avec l’aide des médias. On le voit, à travers ses exemples, de 2002 à 2017, la dédiabolisation – lente et progressive – fut une coproduction.

Mathias Reymond

Troisième article

la responsabilité des médias dans la montée du FN

(2015)

Source : le club de Mediapart. La revue du projet https://blogs.mediapart.fr/edition/...

Candille* Le congrès du Front national à Lyon, fin novembre, l’a encore montré : le FN bénéficie d’une couverture médiatique impressionnante – et tout particulièrement Marine Le Pen – et de plus en plus décomplexée. Pour de nombreux média et de nombreux journalistes, le FN est devenu un parti comme les autres. Au point d’oublier de regarder ce qu’il en est réellement du prétendu « virage social » ou de la « normalisation » de ce parti, qui reste bien ancré dans les idées d’extrême droite.

Une surexposition médiatique de plus en plus évidente

Comment doit-on traiter le FN ? En parler, ne pas en parler, inviter ses responsables sur les plateaux télé, les boycotter ? Si les directions des rédactions n’ont pas beaucoup d’états d’âme, c’est aux journalistes de poser ces questions.

Le Lab d’Europe 1, qui a recensé chaque mois les interviews matinales télé et radio des politiques depuis septembre 2013, révèle que Marine Le Pen et Florian Philippot sont les deux personnalités les plus présentes sur les antennes. La présidente du FN a eu droit à presque une interview matinale par semaine. Elle comptabilise 56 apparitions contre 51 pour son numéro deux. Durant la campagne électorale des municipales, le CSA a haussé le ton en rappelant à l’ordre les chaînes audiovisuelles : trop de place était accordée au Front National. BFM-TV était en particulier pointé du doigt, avec 43 % du temps de parole donné aux amis de Marine Le Pen. Les chaînes généralistes ne semblaient pas faire mieux : 50 % sur Canal plus, 29 % sur France 3…

Cette exposition médiatique serait-elle donc responsable de la montée électorale du FN ? Peut-on raisonnablement penser, a contrario, que si les média ne parlaient pas du FN, il disparaîtrait de la scène politique ? L’analyse serait un peu courte. Ce sont en effet principalement les difficultés économiques, la paupérisation d’une grande partie du salariat, l’absence d’espoir de changements, qui font le terreau des idées d’extrême droite. La longue crise du capitalisme met durement à l’épreuve les solidarités. Elle développe les réflexes de repli sur soi, nationaux ou communautaires.

Des idées banalisées, une dé-diabolisation orchestrée

Le problème n’est pas tant d’inviter Marine Le Pen et ses amis, mais plutôt de réfléchir à la façon dont on fait son métier de journaliste. Lorsqu’on traite la politique, les problèmes sociaux, les faits divers en stigmati¬sant les immigrés, les chômeurs, les fonction¬naires nantis ou les musulmans, ne soyons pas étonnés que cela donne du corps aux idées du FN et surtout les banalise. Les Unes du Point, dignes de Minute – les articles intérieurs sont souvent moins caricaturaux – sont à ce titre éloquentes. Ainsi, des couvertures racoleuses sont-elles régulièrement placardées dans les kiosques : « Les Assistés : comment la France les fabrique ? » ; « La France des tire-au-flanc » ; « La France des enfants gâtés » ; « Le spectre islamiste » ; « Cet Islam sans gêne ».

La liste n’est hélas pas exhaustive. Éloquents aussi, sont les débats télévisés où Marine Le Pen et les responsables frontistes peuvent allégre¬ment développer leurs thèses sans qu’aucune contradiction ne leur soit apportée de la part des journalistes en plateau. David Pujadas, lors de l’émission « Des paroles et des actes » du 22 mai 2014, a choisi d’aborder les questions européennes par le biais de l’immigration, thème obsessionnel de Marine Le Pen. Il ne resta que trente minutes aux autres partici¬pants pour développer leurs conceptions de l’Europe économique et sociale, soit cinq minutes chacun ! Déjà le 10 avril, le présentateur de l’émission avait obtem¬péré face au refus de Marine Le Pen de dialoguer avec Martin Schulz, président du parlement européen. Au grand dam des journalistes de la chaîne publique.

4) Commentaire Hervé Debonrivage

La visibilité donnée par le FN par les grands médias a trois fonctions :

1) Neutraliser La France Insoumise en soulignant par exemple le caractère soi-disant sociale des mesures avancées par le FN/RN.

2) Brandir comme épouvantail le FN/RN pour faire voter une partie de l’électorat pour Macron

3) En cas de défaite de LRM faire arriver au pouvoir le FN/RN pour éviter la prise de pouvoir par LFI. Il est bien évident que la grande bourgeoisie entre Mélenchon et Le Pen choisi Le Pen.

Mais cette stratégie de complicité entre les grands médias et le FN/RN est toujours brouillée notamment lors de l’approche de la campagne électorale officielle. On voit alors le FN/RN se plaindre d’être maltraitée par les médias et inversement les journalistes se plaindre d’être maltraités « par le FN/RN.

Voir par exemple l’article du Figaro :

« Entre le FN et les médias : le bras de fer permanent »

http://www.lefigaro.fr/elections/pr...

La même mascarade a lieu juste avant et juste après chacune des élections.

Pendant tout ce temps, LFI est largement invisibilisée sans évidemment l’être à 100 %.

Il est bien évident que sans la mise en place dune contre stratégie efficace de terrain, La France Insoumise n’a aucune chance d’arriver au pouvoir.

D’une manière analogue, après une supère promo de Macron par les grands médias pour le faire lire, la petite campagne de brouillage de la connivence est en marche en septembre 2017.

Par exemple, on peut lire alors dans le Parisien :

« Les journalistes sont un problème », Emmanuel Macron agacé par les médias ».

http://www.leparisien.fr/politique/...

Il est bien évident que toutes les « âmes simples » (pour reprendre une expression de l’écrivain Georges Duhamel), tombent dans le piège et ne détectent pas les manipulations.

Annexe :

Visibilité comparée entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon sur Internet par le relevé du nombre d’occurrences

les différentes données ont été prises sur des jours différents en utilisant le navigateur Internet Explorer est le moteur de recherche Google et Bing.

Ces nombres n’ont qu’une valeur indicative mais montrent la disproportion des chiffres obtenus.

Marine Le Pen

Google. 89,1 millions–91 millions–89,9 millions. 96,7 millions. Avec lemonde.fr : 14 millions Avec BFM TV : 1,56 millions Avec France Culture 1040 000 Bin Il 6,93 millions

Jean-Luc Mélenchon 16,4 millions –16,2 millions ; 9,2 millions ; 11,1 million Avec lemonde.fr Environ 300 000 Avec BFM TV : 891 000 Avec France Culture 451 000

Hervé Debonrivage


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