Acte 23 : journalistes indépendants pris à partie, blessés, interpellés... c’est l’état de droit macronien

jeudi 2 mai 2019.
 

- 3) RSF dénonce des atteintes à la liberté d’informer

- 2) deux journalistes indépendants arrêtés à Paris ce 20 avril 2019

- 1) Gaspard Glanz, le journaliste «  à tuer direct  »

Acte 23 : 90000 manifestants pour l’acte 23 selon Policiers en colère

3) RSF dénonce des atteintes à la liberté d’informer

https://www.lejdd.fr/Societe/gilets...

Plusieurs journalistes ont été pris à partie, blessés ou interpellés, alors qu’ils couvraient l’acte 23 des Gilets jaunes samedi. Des atteintes à la liberté d’informer, selon le Syndicat national des journalistes et Reporters sans frontières.

Plusieurs journalistes ont été pris à partie par les forces de l’ordre lors de l’acte 23 des Gilets jaunes, samedi. La mobilisation hebdomadaire a été tendue : à Paris, 227 personnes ont été interpellées et 178 placées en garde à vue. Parmi elles, deux journalistes indépendants, dont Gaspard Glanz, fondateur de l’agence Taranis News, et Alexis Kraland. Et ce malgré l’attirail permettant de reconnaître leur profession : caméra, brassard "presse" et carte de presse. Ces deux journalistes se sont fait connaître pour leur couverture des mouvements sociaux comme Nuit Debout ou les manifestations contre la loi travail.

Les journalistes Gaspard Glanz et Alexis Kraland interpellés

Plusieurs vidéos dévoilent l’arrestation, brutale, de Gaspard Glanz. Casque "TV" sur le crâne, il a été mis a terre puis menotté dans l’après-midi par les policiers, place de la République à Paris, selon un vidéaste du Figaro. Ce dernier explique que son collègue a subi, au même moment, un violent coup de pied d’un policier.

Selon Checknews, qui a interrogé le parquet, Gaspard Glanz a été placé en garde à vue pour "participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations" et "outrage sur personnes dépositaires de l’autorité publique". Un photojournaliste, témoin, explique que Gaspard Glanz venait d’avoir une "petite embrouille" avec les forces de l’ordre, après avoir évité un projectile.

Dimanche en début d’après-midi, le journaliste semblait toujours en garde à vue.

Un autre reporter indépendant, Alexis Kraland, a été arrêté samedi, cette fois-ci à la gare du Nord. Sur Twitter, il confie avoir été gardé en garde à vue pendant huit heures. Selon ses dires, les forces de l’ordre l’auraient embarqué parce qu’il refusait de donner sa caméra, considérée comme une "arme par destination". Il aurait reçu un coup de matraque à la main.

n le fouillant, les policiers auraient également trouvé un reste de cannabis sur lui. Le parquet, de son côté, indique à Checknews que le journaliste a été arrêté pour "participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations".

Plusieurs journalistes blessés par des tirs des policiers

Certains journalistes ont été blessés par des tirs des forces de l’ordre, malgré là aussi les brassards permettant de les identifier.

A Paris par exemple, Tristan Goldbronn, le rédacteur en chef de Radio Parleur, une radio qui couvre particulièrement les luttes sociales, raconte s’être "fait renverser et matraquer par des CRS, parce [qu’il] voulai[t] enregistrer une interpellation". Clément Lanot, journaliste reporter d’images pour l’agence LinePress, dit avoir été visé par un tir de LBD. Les protections qu’il portait lui ont évité une blessure. L’AFP indique aussi que deux de ses collaborateurs ont été blessés.

D’autres reporters ont été blessés à Toulouse, où de nombreux heurts ont eu lieu pendant la journée. Le site Actu Toulouse a rapporté qu’un de ses journalistes, Frédéric Scheiber, avait été blessé au genou par un tir. Plus tard, il aurait été "délibérément gazé par la bombe lacrymogène d’un officier".

Kévin Figuier, photojournaliste et rédacteur indépendant, dit avoir été blessé au mollet et au dos par une grenade de désencerclement, sans savoir si l’impact était ou non intentionnel.

Reporters sans frontières et le Syndicat national des journalistes s’indignent

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et l’organisation Reporters sans frontières ont réagi en dénonçant chacun des "atteintes à la liberté d’informer". "Qu’est-ce qui justifie d’interpeller des reporters, si ce n’est pour les empêcher de travailler ? Ne bafouez pas l’état de droit Christophe Castaner ! Préfecture de police, respectez la liberté d’informer !", s’est insurgé le SNJ sur Twitter.

2) Gilets jaunes : deux journalistes indépendants arrêtés à Paris ce 20 avril 2019

https://www.bfmtv.com/police-justic...

Le photographe Alexis Kraland et le journaliste Gaspard Glanz ont été placés en garde à vue pour "participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations".

"Sombre bilan à l’issue d’une nouvelle journée de manifestations des gilets jaunes." Ce samedi, au terme de la 23e journée de mobilisation des gilets jaunes, Reporters Sans Frontières a déploré l’interpellation de deux journalistes indépendants qui couvraient les manifestations à Paris, "alors qu’ils étaient clairement identifiés Presse". "L’information est un droit !", rappelle l’association qui défend la liberté de la presse.

Le Syndicat national des Journalistes est également monté au créneau, invitant le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner à "ne pas bafouer l’Etat de droit" et la préfecture de police de Paris à "respecter la liberté d’informer".

Alexis Kraland et Gaspard Glanz

Le premier, Alexis Kraland, photojournaliste indépendant, a été arrêté dans la matinée dans l’enceinte de la gare du Nord où les forces de l’ordre réalisaient de nombreux contrôles préventifs en amont de la manifestation. Contacté par nos confrères de CheckNews, il raconte avoir été approché des policiers pour un contrôle alors qu’ils suivaient de loin des gilets jaunes qui se dirigeaient vers le métro.

"Ils ont directement montré de l’intérêt pour ma caméra. Ils m’ont demandé de leur donner, mais j’ai refusé en leur disant que j’étais journaliste, que c’était mon matériel et que je ne leur donnerai que si j’étais en garde à vue. Ils se sont énervés", raconte le photographe de presse qui a été placé en garde à vue pour "participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations".

D’après les informations du site de Libération, Gaspard Glanz, fondateur de l’agence Taranis News, habitué des manifestations, a quant à lui été arrêté place de la République dans l’après-midi. Sur plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on aperçoit le jeune homme équipé d’un casque siglé TV mis à terre par les forces de l’ordre. D’après plusieurs témoins, l’interpellation de Gaspard Glanz serait intervenue après plusieurs échanges tendus et agressifs avec les forces de l’ordre, certains évoquant "un doigt d’honneur" du journaliste en leur direction.

Contacté par CheckNews, le parquet de Paris a confirmé que Gaspard Glanz avait été placé en garde à vue pour "participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations", ainsi que pour "outrage sur personnes dépositaires de l’autorité publique".

1) Gaspard Glanz, le journaliste «  à tuer direct  »

Source : https://www.humanite.fr/gaspard-gla...

Suite à une vidéo dévoilant des agents de police grimés en reporters lors d’une manifestation, le journaliste de Taranis News est la cible de menaces sur les réseaux sociaux.

« À tuer direct. Nous sommes en France ou pas  ? Les anciens auraient pris le fusil depuis longtemps  »  ; «  C’est sa gueule de con qu’il faut diffuser, avec à la clé une prime à celui qui lui explosera  »  ; «  Y a pas une balle perdue pour ce fils de pute  ?  » Ces menaces et ces insultes, qui, tour à tour, peuvent prendre un caractère homophobe ou xénophobe, sont actuellement proférées en quantité sur la page Facebook dénommée «  Soutien aux forces de l’ordre  ». Elles visent toutes Gaspard Glanz, 29 ans, journaliste et gérant depuis 2012 de la société de production Taranis News.

Le jeune homme fait ses premiers reportages en suivant le mouvement des zones à défendre, puis en se concentrant sur la question des réfugiés. Caméra au poing, il filme la route des Balkans et les différentes étapes de ce qui se trame à Calais, entre 2014 et fin 2016. Ses reportages agacent. Le 26 octobre dernier, à l’heure du démantèlement du bidonville de Calais, Gaspard se fait interpeller et est placé en garde à vue par des policiers en possession d’une photo de lui. On lui signifie une interdiction de séjour dans l’ensemble du Pas-de-Calais dans le cadre de son contrôle judiciaire jusqu’au 2 mars dernier. Le jeune journaliste est accusé par la préfecture d’avoir dérobé un talkie-walkie à un agent de police pendant une précédente manifestation de soutien aux exilés. Lui affirme que le fonctionnaire a fait tomber sa radio. Le procès de Gaspard vient d’être reporté au 7 juin. Rien à voir, cependant, avec les menaces dont il fait aujourd’hui l’objet. Du moins en apparence. L’un des policiers crache sur l’objectif de sa caméra

Tout commence en avril 2016, pendant le mouvement contre la loi El Khomri. Gaspard a l’habitude de prendre des images en tête de manifs, à Paris. Alors que l’une d’elles donne lieu à des affrontements avec les forces de police, il repère un homme équipé comme tout bon reporter habitué à ce genre de situation particulièrement tendue. Mais il ne l’a jamais vu auparavant. Il se dirige vers lui. L’homme lui soutient qu’il est journaliste. Gaspard n’en croit pas un mot. Pour lui, c’est un policier planqué. Les mois passent. Gaspard revient dans la capitale, au mois de février dernier, pour suivre le mouvement qui agite les lycées parisiens. Il retrouve l’homme rencontré au mois d’avril. Deux comparses l’accompagnent qui lui maintiennent, eux aussi, qu’ils sont journalistes.

Puis vient le 19 mars dernier. Lors de la Marche pour la justice et la dignité, à Paris, Gaspard est avec des confrères du Monde et de StreetPress. Les personnes qui, depuis le mois de février, se présentent à lui comme journalistes sont là, une fois encore, sur un trottoir. Gaspard ne va pas tout de suite à leur rencontre. Ses confrères dialoguent tranquillement avec eux. Les hommes avouent alors sans vergogne qu’ils sont des policiers grimés en journalistes. Gaspard décide de les filmer. Il demande à un bénévole d’Amnesty International de l’accompagner. «  Devant Amnesty, vous maintenez que vous êtes journalistes  ?  » leur lance-t-il. L’un d’entre eux tente un «  je n’ai jamais dit ça…  » tandis que l’autre assène deux coups à Gaspard et crache sur l’objectif de sa caméra. C’est dans la boîte. Le 20 mars, le site Taranis News diffuse la vidéo dénonçant une atteinte à la convention de Genève de 1987, qui fait du métier de journaliste une profession protégée et qui interdit à quiconque de se faire passer pour tel.

Les réactions ne se font pas attendre. «  Une balle dans la tête. Une bonne balle entre les deux yeux. J’vous garantis qu’il n’y aura plus jamais aucun problème avec lui  », écrit, vers 17 heures, un internaute dans les commentaires de la vidéo reprise sur la page Facebook «  Soutien aux forces de l’ordre  ». L’auteur de ces lignes se présente sur sa page personnelle en uniforme de la gendarmerie. Des centaines d’appels au meurtre ou au lynchage

«  J’ai déjà été menacé suite à certains reportages, indique Gaspard. Ça a été le cas, de la part de membres de groupuscules d’extrême droite, après la diffusion de vidéos sur Calais. Mais que ça vienne aujourd’hui de policiers est particulièrement inquiétant.  » Les avocats de Gaspard demandent immédiatement que soient retirés du site les commentaires haineux à l’encontre du journaliste. Mais, pour les administrateurs du géant des réseaux sociaux, ces propos «  n’enfreignent aucun de (leurs) standards  ». Jusqu’à aujourd’hui, les centaines d’appels au meurtre ou au lynchage de Gaspard Glanz continuent d’être consultables en ligne. D’autres menaces lui sont encore parvenues par mail et sur d’autres réseaux sociaux.

Le jeune homme n’entend pas en rester là. Il s’apprête à porter plainte contre Facebook pour «  complicité d’appel à la haine et menace de mort  », contre l’auteur des coups portés et du crachat sur sa caméra pour «  violence par personne dépositaire de l’autorité publique  » et aussi contre les auteurs des différents commentaires, facilement identifiables à partir de leurs profils Facebook. «  Je ne souhaite pas devenir un martyr, explique Gaspard. Mais j’ai l’impression qu’on a franchi un cap dangereux. Les gens sont habitués à voir des journalistes prendre des coups de la part d’agents de sécurité ou de militants comme ceux de la Manif pour tous. Ces brutalités sont devenues banales.  » Le journaliste y voit les stigmates d’une société de plus en plus violente et segmentée. «  Ça ne sent pas bon…  », prévient-il en s’inquiétant du résultat des prochaines élections présidentielles.

Emilien Urbach


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