Rapport de l’IPBES : alerte mondiale sur la biodiversité

dimanche 12 mai 2019.
 

La plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a produit un rapport de 1800 pages fait par 150 expert·e·s de 50 pays différents sur l’état de la biodiversité dans le monde. Après une semaine de négociations à Paris, les représentant·e·s des 130 États membres en ont produit un « résumé des décideurs » de quarante pages. Et celui-ci est alarmant.

C’est officiel, nous assistons à la disparition accélérée des espèces. Ce que l’on appelle la « sixième extinction de masse ». En bref, 1 million d’espèces soit 1 sur 8 sont en danger d’extinction à court terme. La disparition de la biodiversité est 1000 fois supérieure au taux naturel d’extinction des animaux. Plus globalement ce sont notamment 40% des amphibiens, 33% des coraux, 25% des mammifères et 13% des oiseaux que nous risquons de voir disparaître d’ici quelques décennies.

Pour 30% des impacts, il s’agit du changement d’usage des milieux naturels (déforestation pour palmier à huile et élevage intensif, extraction minière) et pour 23% de sur-exploitation des ressources (pêche, chasse). Enfin, le changement climatique, les pollutions et le plastique (dont le volume a été multiplié par dix dans les océans depuis 1980) interviennent pour 14 % dans cette extinction à grande échelle. Un modèle de production et de consommation insoutenable

Les expert·e·s de l’IPBES mettent principalement en cause un modèle de production et de consommation insoutenable. Le commerce international a été multiplié par dix. En 50 ans, la production agricole mondiale a triplé mais la dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale. Les insectes disparaissent, notamment du fait de l’usage massif des pesticides, alors que 75% des cultures ont besoin d’être pollinisées par leurs soins. L’agriculture productiviste fait partie des facteurs majeurs de déclin de la biodiversité mais le soutien financier des pays de l’OCDE à un type d’agriculture potentiellement nocif pour l’environnement monte à 100 milliards $ par an. Les financiers ajoutent leur petite touche personnelle : 68 % des capitaux étrangers allant aux secteurs du soja et de la viande bovine amazonienne transitent par des paradis fiscaux.

C’est donc tout un système économique reposant sur le libre-échange, la compétitivité et la concurrence qu’il faut changer. Les scénarios de l’IPBES montrent qu’il est possible de changer de trajectoire et mettent en avant la nécessité de « réformes fondamentales des systèmes financier et économique mondiaux ». En effet, en plus de détruire le vivant, la raréfaction des ressources naturelles et leur inégale répartition « alimentent l’instabilité sociale et les conflits ». Les experts dénombrent « plus de 2 500 conflits en cours » pour l’accès aux ressources fossiles, à l’eau, à la nourriture ou aux terres.

La France représente 10% de la biodiversité mondiale. Mais Macron est le roi des tartuffes en la matière. Il applaudit les accords internationaux climaticides : CETA, JEFTA, etc. Il encourage la déforestation par l’importation d’huile de Palme en soutenant l’usine Total de La Mède. Il soutient les grands projets inutiles qui détruisent les espaces de biodiversité et les espèces protégées (GCO Strasbourg, EuropaCity, Montagne d’Or en Guyane, etc.) Il refuse d’interdire le Glyphosate et prolonge la possibilité de produire en France et d’exporter des pesticides interdits dans l’Union européenne. Et, cerise sur le gâteau, crée des comités théodules à ajouter à la soixantaine existante et annonce un « référendum » d’ici 2020. Toujours plus inventif pour repousser le temps des actes…

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Pour l’heure aucun pays européen n’a formulé d’engagements qui respectent une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre compatible avec l’Accord de Paris. Alors, comment imaginer des règles ambitieuses pour préserver la biodiversité ? Aucun des 20 objectifs précédemment définis pour 2020, qui visent une vie « en harmonie avec la nature » d’ici 2050, ne sera atteint d’après les rédacteurs du rapport. Mais ceux-ci ne font pas de préconisations chiffrées. Les États qui se retrouveront, fin 2020, à Kunming, en Chine, pour la 15e conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique devront fixer ensemble des objectifs mesurables. L’urgence est à changer radicalement de modèle économique, nos modes de production et de consommation. Nous pensons que libéralisme et écologie sont incompatibles, ce rapport scientifique en est la preuve.

La France insoumise a une proposition essentielle : l’application de la règle verte, norme supérieure à toutes les autres, qui impose de ne pas prélever sur la nature plus de ressources renouvelables que ce qu’elle peut reconstituer, ni de produire plus que ce qu’elle peut supporter. De ce principe doivent découler tous les autres, sinon l’espèce humaine comptera elle aussi parmi les espèces menacées.


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