Un étudiant frappé à l’intérieur de la Pitié-Salpêtrière lors du 1er-Mai

lundi 20 mai 2019.
 

Amadou, âgé de 23 ans, a reçu des coups dans la résidence du Crous où il habite, et qui est située dans l’enceinte de l’hôpital parisien.

Les images de l’interpellation de manifestants le 1er mai sur un escalier menant à un service de réanimation de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière ont créé la polémique, attisée par les propos du ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. En évoquant une « attaque » en marge du défilé parisien, le ministre de l’intérieur s’est retrouvé sous le feu des critiques, le contraignant vendredi à un mea culpa. Lire aussi Incidents à la Pitié-Salpêtrière : un repli chaotique, plus qu’une « attaque » délibérée

Pourtant, cette affaire peut en cacher une autre, rapporte Mediapart. Le site d’information a enquêté sur une vidéo, diffusée le 3 mai sur Révolution permanente, site Internet d’un courant du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), qui montre quatre policiers à moto, poursuivre et frapper Amadou, un étudiant de 23 ans habitant la résidence du Crous située dans l’enceinte de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Le 1er mai, intrigué par l’agitation en bas de l’immeuble, Amadou raconte être descendu voir ce qui se passait, tout comme son frère, Sadio, présent ce jour-là, et une autre étudiante, Olivia. Ils assistent aux incidents devant le service de réanimation, qui fait face à leur résidence, lorsqu’un cordon de CRS venant du boulevard de l’Hôpital lance une charge contre les manifestants.

« On regardait la manifestation à l’extérieur mais soudain des CRS se sont mis en bloc à l’entrée et ont chargé, d’un coup, a expliqué Olivia à Mediapart. Les CRS sont venus pour me frapper. J’ai reculé en répétant que je n’étais pas manifestante. Ils m’ont dit : “Vas-y, dégage !” » A contresens de la charge de CRS, des policiers des brigades de répression de l’action violente motorisées (BRAV-M) s’avancent eux aussi vers les manifestants.

Une enquête ouverte

Pris au milieu, Amadou repart vers la résidence. Dans une vidéo de 49 secondes, filmée par Loïc, un étudiant qui « habite dans la cité universitaire et observait la scène sans participer à la manifestation », on voit quatre policiers poursuivre et rattraper Amadou dans le hall et lui asséner des coups de matraque. « Je leur ai dit à plusieurs reprises : “J’habite ici.” J’avais mes papiers, les clés de ma chambre et j’étais prêt à tout leur montrer. Mais ils n’étaient pas là pour dialoguer, ils ne voulaient que la violence », a-t-il raconté à Mediapart. Il parvient à leur échapper dans les escaliers, suivi par Loïc et les policiers, qui finissent par abandonner.

Sadio, le frère d’Amadou, a lui aussi croisé le chemin des quatre policiers et a été frappé. Son médecin lui a accordé trois semaines d’arrêt pour des blessures à un coude et un genou.

Selon Mediapart, la Préfecture de police de Paris a saisi l’IGPN et une enquête est ouverte. La mère d’Amadou aurait souhaité qu’il porte plainte, en vain. « J’ai subi des contrôles au faciès en banlieue, donc je ne suis pas vraiment étonné, a-t-il dit. Ce n’est pas de la résignation mais du dépit… Avec toutes les violences policières qu’il y a, c’est une goutte d’eau dans l’océan. » Son frère Sadio n’a pas non plus porté plainte.


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