Déclaration politique d’Ensemble

samedi 29 juin 2019.
 

Adoptée au Collectif nationale des 22 et 23 juin 2019

Les élections européennes du 26 mai 2019 ont marqué une nouvelle étape de la recomposition du paysage politique français amorcé en 2017.

Dans un contexte global marqué par les tensions entre grandes puissances américaines, chinoises, russes, la mise en œuvre difficile du Brexit, la montée des pouvoirs autoritaires et nationalistes, la participation électorale a été plus forte qu’en 2014, bénéficiant principalement d’une part aux partis centristes et écologistes et d’autre part aux forces d’extrême droite. Pour autant, le taux d’abstention reste particulièrement élevé (plus de 50% en ajoutant les abstentions et les bulletins blancs) et revêt une signification politique : il souligne la persistance d’une profonde crise de la représentation politique.

En France, La République En Marche a réussi à éviter la sanction électorale malgré la mobilisation inédite des Gilets Jaunes et la profondeur du mécontentement social. Le découplage s’accroit entre les mouvements sociaux, aussi puissants soient-ils, et leur traduction électorale. Malgré un score à peine supérieur à 10% du corps électoral, le macronisme s’en trouve re-légitimé et peut poursuivre son offensive de casse sociale tous azimuts. Même si la peur du RN a pu jouer en faveur du vote pour la liste LREM, le résultat de celle-ci traduit aussi que le macronisme s’est trouvé une base sociale.

Le Rassemblement National s’est imposé en tête du scrutin et poursuit son enracinement qui renforce sa capacité de peser et d’exercer le pouvoir notamment à l’échelle locale. Avec le regroupement de toute la droite extrême, qui un de ses buts, son renforcement va encourager une partie de ses adhérents et sympathisants à des comportements plus agressifs.

Ecrasé entre LREM et le RN la droite traditionnelle des Républicains est confrontée à une crise existentielle majeure probablement de longue durée.

Au terme de cette séquence, la politique économique et sociale du gouvernement reste plus que jamais la poursuite des « réformes » de structure néolibérales : sur l’assurance-chômage, les retraites ou les baisses d’impôt ou le service public. Avec une instrumentalisation des migrant-e-s pour désigner un « bouc émissaire » inventé mais commode pour conforter son face à face avec le RN.

2) Le long chantier d’une gauche alternative et pluraliste

Les forces de gauche sortent très affaiblie et éparpillée de cette échéance, même si le total des voix de gauche constitue un potentiel non négligeable. Europe Ecologie, bénéficiant des mobilisations écologistes a su s’imposer sur une ligne très modérée en troisième position, en tête de la gauche il se trouve investi de responsabilités importantes qui n’iront pas sans contradictions.

La France Insoumise, malgré un profil de campagne qui s’est voulu plus ouvert, n’a pas réussi à rassembler l’ensemble des électeurs de Jean-Luc Mélenchon de 2017. Génération-s et le PCF sont confrontés à un profond affaiblissement.

Le Parti Socialiste confirme son affaiblissement. Il adopte un profil unitaire intégrant les nouveaux rapports de force à gauche mais reste marqué par la logique de sa conversion au libéralisme effectuée ces dernières années. La question du rassemblement des forces disponibles pour une gauche alternative, démocratique, sociale et écologique, faisant vivre le pluralisme en son sein est plus que jamais posé.

Mais les débats d’orientation entre logique d’adaptation et logique de rupture au libéralisme et au productivisme n’ont pas disparu au sein de la gauche. Même si aucune force aujourd’hui ne peut prétendre être en capacité de retrouver la confiance des classes populaires. Une phase longue de débats, de recomposition, d’expériences nouvelles, s’ouvre donc probablement devant nous.

3) Marcher sur ses deux jambes

Ensemble !, dans cette situation, se donne comme objectifs d’œuvrer dans deux directions complémentaires :

3a) Favoriser les initiatives de mobilisation et de recomposition

Ensemble ! participe aux initiatives permettant de rassembler et d’impulser des batailles.

• Le combat contre la privatisation d’Aéroport de Paris est l’occasion d’une bataille unitaire rassemblant des associations, des syndicats et forces de gauche. Tout en faisant participer des millions de personnes à la mise en échec du projet gouvernemental pendant les huit mois qui viennent, il est un point d’appui pour populariser la défense des services publics et des biens communs, avec la dimension écologiste. Mené avec le relai de cadres unitaires nationaux, il appelle à la constitution, dans les départements, les quartiers, les villes, de collectifs unitaires pour la défense de services publics. Sur un plan politique plus global il peut renforcer l’exigence d’un contrôle démocratique sur un outil de la transition, la politique des transports.

• Le soutien aux mouvements des gilets jaunes dont les forces vives vont sans doute évoluer, entrer dans une nouvelle phase et se fixer de nouveaux objectifs notamment dans le cadre de l’Assemblée des assemblées prévue du 28 au 30 juin, avec aussi la Marche vers Paris pour le 14 juillet. Les discussions de ce mouvement, pour aboutir à des exigences de type législatif, se traduiront par une présence dans nombre de batailles municipales.

• Le combat prioritaire contre la politique économique et sociale de Macron passe par la construction d’une mobilisation et d’une alternative sur le chômage, la précarité et la lutte contre la pauvreté. Nous ne pouvons laisser ce terrain aux seules associations caritatives ou d’action sociale si nous voulons retrouver le lien avec les catégories les plus exploitées et les quartiers populaires.

• Ensemble sera présent pour le soutien aux luttes et associations féministes et lgbti en faveur de la PMA, pour les droits des femmes et contre l’homophobie.

• Travailler à l’unité des mouvements antiracistes et des mouvements de soutien aux migrants sont des priorités dans la période à venir.

• Le thème de l’écologie et du réchauffement climatique est porté par des mouvements dynamiques, en particulier chez les jeunes. Ensemble ! doit y contribuer, en apportant nos propres analyses : la défense de la planète n’est pas compatible avec les politiques néolibérales ; changeons le système, pas le climat !

• Ensemble soutient également toutes les initiatives visant à faire converger et dialogues acteurs sociaux et politiques pour ouvrir de nouvelles pistes et de nouveaux outils dans la perspective d’un front social et politique associant sur un pied d’égalité syndicalistes, militants-e-s associatif-ve-s, citoyen-ne-s engagé-e-s et militant-e-s politiques. Ensemble soutient les différents appels parus au lendemain des européennes : appel « Sursaut », appel « Big bang », appel « Convergeons…

L’appel « Big Bang » appelle à une réunion le 30 juin visant à rassembler les secteurs associatifs, syndicaux, intellectuels… et un arc de forces allant du NPA à la gauche d’EELV en passant par la France insoumise, ayant en commun la volonté de reconstruire un projet de transformation sociale, écologiste et démocratique

3b) Réouvrir le chantier de l’élaboration stratégique

Parce qu’un projet éclaire et aide à construire les objectifs présents, vouloir être utile au rassemblement des forces de transformation sociale et écologique, c’est savoir de quelle société on veut et quels moyens sont nécessaires pour y parvenir.

Ensemble décide de poursuivre le travail d’élaboration sur la stratégie et le projet qu’il porte, tel que cela a été engagé depuis le CN d’avril 2019 et amorcé avec la contribution « Ouvrons le débat stratégique ».

Ces enjeux seront débattus au cours d’une prochaine Assemblée Générale de notre mouvement qui pourrait avoir lieu début 2020 ; celle-ci est d’ores et déjà préparée par un texte diffusé à l’issue de ce CN, l’appel aux contributions, et l’organisation du calendrier et des débats lors du prochain CN de septembre.


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