Première étape : Clémentine Autain réunit son « big bang » pour régénérer la gauche

mardi 9 juillet 2019.
 

Clémentine Autain, Big bang, maxi flop

2) Clémentine Autain a lancé son « big bang » : « Il n’y a pas de caporalisation possible »

Source : https://www.nouvelobs.com/politique...

C’est un peu la naissance d’un pont. D’une passerelle entre les forces de gauche, le mouvement social et la société. C’est du moins l’idée que s’en fait Clémentine Autain. Après avoir livré une critique sévère de la ligne populiste et du style de Jean-Luc Mélenchon dans la foulée des élections européennes, la députée de La France insoumise a lancé ce dimanche, au Cirque Romanès à Paris, ce qui ressemble à un nouveau mouvement. Son nom : le « big bang ».

« Ceci n’est pas un cirque », commence-t-elle en riant. Devant un peu plus de 500 personnes rassemblées sous le chapiteau surchauffé, l’élue de Seine-Saint-Denis a appelé dans un discours combatif à construire une alternative au duel entre La République en Marche d’Emmanuel Macron et le Rassemblement national de Marine Le Pen. Mais dans une gauche laminée aux dernières européennes, où seuls les écologistes d’EELV ont surnagé avec leurs 3 millions de voix (13,48 %), la construction de cette alternative ne pourra se faire, dit-elle, qu’en respectant toutes les traditions de la gauche.

« Il n’y a pas de force hégémonique qui puisse dire “tout le monde derrière moi”. Il n’y a pas de caporalisation possible », affirme la députée Autain. La critique vise Jean-Luc Mélenchon bien sûr, qui a échoué dans sa tentative d’imposer l’hégémonie de La France insoumise sur toute la gauche. Mais aussi Yannick Jadot, aujourd’hui tenté de faire cavalier seul depuis sa percée aux européennes.

Sous le chapiteau, à deux pas de la Porte Maillot, on croise plusieurs figures de la gauche alternative : le leader du NPA Olivier Besancenot, la sénatrice EELV Esther Benbassa, le porte-parole de Generation·s Guillaume Balas ou encore l’ex-député socialiste Laurent Baumel. On croise aussi des représentants du mouvement social, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez ou la porte-parole d’Attac Aurélie Trouvé, mais aussi des intellectuels, les économistes Julia Cagé et Thomas Piketty, le philosophe Etienne Balibar, le politologue Paul Ariès. Clémentine Autain : « Ce qui est en cause, c’est la ligne politique de La France insoumise »

A l’exception notable de Sergio Coronado, candidat aux dernières européennes, aucun élu ou cadre de La France insoumise n’avait en revanche fait le déplacement. Depuis qu’elle a critiqué dans « l’Obs » le style de Jean-Luc Mélenchon et sa ligne politique axée sur le clivage peuple-élites, Clémentine Autain est devenue l’ennemi intime des « insoumis ». Il y a quelques jours, un cadre de LFI tançait auprès de « l’Obs » : "« Clémentine est toujours dans l’incantation, elle a un agenda personnel, mais son big bang c’est du réchauffé. »"

Dans une note de blog, Mélenchon a d’ailleurs déploré « une formule politique archaïque » : « Je suis en désaccord complet avec sa proposition de retour aux formules politiques du passé qui ont échoué. »

Clémentine Autain se défend pourtant d’exhumer de vieilles recettes. « On n’est pas là pour faire une union de la gauche à la papa, on veut créer des ponts », explique sa camarade communiste Elsa Faucillon. Minoritaires dans leurs partis, les deux quadragénaires ne veulent pas simplement « brandir » le mot gauche mais le « remplir », à l’heure où Jean-Luc Mélenchon ne se réfère plus à ce mot qu’il estime vidé de son sens. « Si on rompt avec la gauche, il faut dire avec quoi on rompt. Avec l’égalité ? avec la démocratie ? Avec la transition énergétique ? Ce n’est pas une affaire de tambouille, ce mot implique de se positionner sur le fond », assure Autain. Et d’asséner : "« Si on passe notre temps à s’insulter, c’est l’avenir qu’on insulte. »"

A la rentrée, les deux élues lanceront une plateforme collaborative et organiseront trois réunions à Limoges, Montpellier et Rennes, consacrées chacune à une problématique : écologie, travail, démocratie. « Il faut des big bang partout », conclut Autain. Une assemblée générale de ce nouveau mouvement se tiendra en décembre.

Rémy Dodet

1) Première étape : Clémentine Autain réunit son « big bang » pour régénérer la gauche

La députée La France insoumise a convié des élus, des syndicalistes et des associatifs, dimanche 30 juin 2019 à Paris.

Ils veulent se retrouver. Et, pourquoi pas, construire ensemble une nouvelle offre politique. Les députées Clémentine Autain (Seine-Saint-denis, La France insoumise, LFI) et Elsa Faucillon (Hauts-de-Seine, Parti communiste français, PCF) réunissent leurs soutiens et leurs amis dimanche 30 juin à Paris au Cirque Romanès (16e).

Des représentants de toute la gauche sont attendus, d’Olivier Besancenot (Nouveau Parti anticapitaliste, NPA) à l’écologiste Noël Mamère (en message vidéo) en passant par Guillaume Balas, le bras droit de Benoît Hamon au sein de Génération.s. Par ailleurs, deux collectifs ayant lancé des appels dans le même sens (Gauche : un sursaut nécessaire [1] et Convergeons ! [2]) seront également présents.

Des acteurs associatifs et syndicaux sont aussi conviés comme Philippe Martinez, patron de la CGT, ou Aurélie Trouvé, la dirigeante d’Attac. Des artistes et des intellectuels soutiennent cette initiative tels les écrivains François Bégaudeau et Patrick Chamoiseau, ainsi que le philosophe Etienne Balibar.

L’une des tables rondes annoncées revêt une importance particulière. Il s’agit d’un débat stratégique entre les tenants de la gauche, du populisme et de l’écologie, animé par des représentants de trois revues de la gauche critique : Le vent se lève, Regards (dirigé par Clémentine Autain et Elsa Faucillon) et Politis.

« Ce triptyque n’a jamais été posé comme cela. On doit se nourrir des uns et des autres. On pense que ces trois points sont irréconciliables ? On va montrer que c’est faux », avance Clémentine Autain qui se réclame de la « gauche écologiste et populaire ».

Une forme de « front populaire »

Cette réunion est partie d’une tribune publiée dans Le Monde au lendemain des élections européennes. Plus d’un millier de signataires soutenaient l’initiative de Mmes Autain et Faucillon et demandaient « un big bang (…) nécessaire pour construire une espérance capable de rassembler et de mobiliser ». Les initiatrices ajoutaient : « Le pire serait de continuer comme avant, de croire que quelques microaccords de sommet et de circonstances pourraient suffire à régénérer le camp de l’émancipation, que l’appel à une improbable “union de la gauche” à l’ancienne serait le sésame. »

En clair : il n’est pas question d’un accord au sommet ou « une soupe de logos », mais une forme de « front populaire » alliant forces associatives, syndicales, politiques, mais aussi citoyens lambda. Une formule qui a un certain succès à gauche puisque Jean-Luc Mélenchon (LFI) comme Fabien Roussel (PCF) et David Cormand (Europe Ecologie-Les Verts, EELV) appellent, avec des nuances parfois importantes, à des solutions similaires.

Les « insoumis » snobent ostensiblement cette initiative que certains considèrent soit « fractionnaire », soit obsolète.

En revanche, aucun socialiste n’est prévu au programme. Les camarades de Clémentine Autain, dans leur immense majorité, brillent également par leur absence. Les « insoumis » snobent ostensiblement cette initiative que certains considèrent soit « fractionnaire », soit obsolète, la comparant aux collectifs antilibéraux qui ont fleuri au début des années 2000. Une référence qui ne dérange en rien Clémentine Autain : « Plusieurs initiatives ont réussi après des premiers échecs. On ne garantit pas le succès, mais nous avons une responsabilité à lancer cette dynamique et une énergie à déployer. »

Prise de position pas appréciée

Dimanche 23 juin, lors de son discours à l’assemblée représentative de LFI, Jean-Luc Mélenchon a renvoyé cette initiative à la « gauche mondaine », sans toutefois la nommer : « [La France insoumise] est une force, un point d’appui. Aucune simagrée, aucune autoflagellation de convenance tant à la mode dans la vieille gauche officielle mondaine ne viendra jamais l’abattre. »

Il faut dire que Clémentine Autain a été la première et la seule « insoumise » à adresser des critiques claires et publiques sur la ligne et la stratégie de son mouvement, après le score calamiteux des élections européennes (6,3 % des suffrages). Une prise de position qui ne fut pas appréciée dans les rangs mélenchonistes. Mais la nature des réponses a varié selon l’interlocuteur. Ainsi, le député de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière a voulu rétorquer sur le fond et entamer un débat avec Clémentine Autain. Ce à quoi ils sont parvenus pendant quelques jours.

M. Corbière défendait ainsi un retour aux fondamentaux du mélenchonisme, exprimé selon lui lors de la campagne présidentielle de 2017. Il est « dubitatif » sur l’initiative de dimanche. « Je ne vois pas quelle va être la finalité… On se parle déjà, on mène des batailles communes [avec le reste de la gauche politique, syndicale et associative] comme sur la privatisation d’Aéroports de Paris ou à l’Assemblée nationale. »

Pour une ligne « populiste et humaniste »

Le député de Seine-Saint-Denis, qui défend, de son côté, une ligne « populiste et humaniste », souhaite abandonner la référence au mot « gauche », vide de sens selon lui. Il estime que le clivage doit se faire sur les questions démocratiques, la souveraineté du peuple et la question des institutions.

« Lors de la présidentielle, nous avions une singularité, celle d’un mouvement qui veut redonner le pouvoir au peuple. Il faut retrouver cela. C’est le seul moyen de convaincre les abstentionnistes. Le débat doit s’engager chez nous », reconnaissait-il début juin. Mais la crise interne à LFI et les multiples départs de dirigeants ont empêché qu’un tel débat ait lieu.

Dimanche, il ne faut pas s’attendre à un règlement de compte interne à la gauche. Les participants veulent, au contraire, « construire des ponts » entre eux. « Il y a urgence. Nous sommes dans une course de vitesse. Le paysage se cristallise autour de deux pôles : ceux de La République en marche et du Rassemblement national. On doit donner une impulsion contre cela », explique Clémentine Autain.

Un constat partagé par Stéphane Peu, député (PCF) de Seine-Saint-Denis et signataire du texte paru dans Le Monde. « La première vertu de cette rencontre, c’est que tous les militants engagés en politique, syndicalement ou dans les associations, se retrouvent. Ça fait du bien ! Et c’est important vu la situation du pays et le résultat des élections où sont arrivés en tête le mondialisme financiarisé et le nationalisme », affirme M. Peu, qui veut « rassembler la gauche ». Il ajoute : « On ne parlera pas depuis un parti, c’est transversal. Les propositions doivent émerger de la société. »

Pour les organisateurs, la réunion au Cirque Romanès n’est qu’une première étape. D’autres rendez-vous thématiques et « délocalisés » auront lieu hors de Paris, autour de l’écologie, du travail et de la démocratie. Le début d’une longue marche.

Abel Mestre

• Le Monde. Publié hier à 09h57, mis à jour à 08h44 :


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