Examens scolaires français : la vraie nature de l’« élitisme républicain » ?

dimanche 14 juillet 2019.
 

A l’heure du clap de fin pour les examens scolaires, une note d’information récente de la DEPP, portant sur les résultats de la session 2018 du Diplôme national du brevet, apporte un éclairage cru sur les réalités très socialement marquée de notre école de « l’égalité des chances » et de « l’élitisme républicain ».

En cette fin d’année scolaire marquée par les épreuves retardées du diplôme national du brevet et l’admission aux baccalauréats, il est bon de revenir sur la Note d’information de la DEPP n° 19.17, parue en mai dernier, qui analyse la session 2018 du Diplôme national du brevet (DNB)[1].

Tout est dit dès le chapeau de la note : la taux de réussite est en baisse de 1,7 point par rapport à 2017, et, surtout, « la série présentée au DNB est très marquée socialement et scolairement, tout comme la réussite à l’examen ».

Très concrètement, les chiffres parlent d’eux-mêmes. « En termes de réussite, 97 % des enfants issus d’un milieu très favorisé réussissent leur examen contre 79 % des enfants issus d’un milieu défavorisé, soit près de 20 points d’écart ».Voilà donc où nous en sommes en 2018, dans l’école de l’égalité prétendue des chances : un écart de réussite de 20% entre les collégiens issus d’un milieu très favorisé et ceux issus d’un milieu défavorisé.

Mais l’inégalité est partout, et pas seulement dans le taux de réussite. « 63 % des candidats de la série professionnelle ont du retard dans leur scolarité lorsqu’ils se présentent à l’examen. C’est le cas de 12 % des candidats de la série générale". Le retard scolaire, qui est le révélateur du redoublement, lui aussi est scolairement réparti, selon que les élèves se présentent en série générale ou en série professionnelle. On atteint là un écart record de plus de 50%.

Déterminants scolaires et sociaux se renforcent : « Dans la série professionnelle, plus de la moitié des candidats proviennent d’un milieu social défavorisé ; ce n’est le cas que de 33 % des candidats dans la série générale ». Et les déterminants sociaux sont les plus significatifs, puisque, à série égale, on constate un écart significatif dans la réussite comme dans l’obtention de mentions : « Quelle que soit la série présentée, les élèves de milieux très favorisés réussissent mieux que les autres : l’écart entre leur taux de réussite et celui des élèves issus d’un milieu défavorisé est de 17,3 points en série générale, et de 12,8 points en série professionnelle. De surcroît, parmi les candidats en série générale, 72 % des enfants de cadres décrochent une mention « Très bien » ou « Bien », contre 33 % des enfants d’ouvriers ».

On s’interroge de manière continue sur la meilleure manière d’évaluer notre système éducatif. Les données officielles de la dernière session de l’examen de fin de scolarité obligatoire sont, de ce point de vue, riches d’enseignement. On peut y lire en effet comme un concentré de la logique ségrégative de notre système éducatif prétendument porteur d’égalité. L‘élitisme républicain y apparaît pour ce qu’il est : socialement inégalitaire et discriminant. Ce n’est pas la suppression annoncée de l’ENA qui changera la donne. C’est dès le début, de bas en haut, que l’enseignement scolaire mériterait une refondation véritable porteuse d’équité sociale et scolaire. Il n’est pas sûr qu’on en prenne le chemin.


[1]https://cache.media.education.gouv....


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