Le Cachemire, zone géopolitique sensible entre Chine, Inde et Paskistan

vendredi 23 août 2019.
 

Le Cachemire est, depuis la partition de l’Inde coloniale en 1947, une zone de tensions entre l’Inde et le Pakistan, sous le regard de la Chine.

L’Etat du Jammu-et-Cachemire comprend la vallée du Cachemire, à majorité musulmane, le Jammu, une zone à majorité hindoue, et le Ladakh, à majorité bouddhiste. Au moment de l’indépendance, le Jammu-et-Cachemire était un Etat princier peuplé essentiellement de musulmans mais dirigé par un maharajah hindou. Le Pakistan, qui se conçoit comme la terre d’accueil des musulmans de l’Inde, le convoite et orchestre une offensive armée qui sera à l’origine de la première guerre indo-pakistanaise en 1947. Le cessez-le-feu qui la clôt en 1949 instaure une ligne de contrôle, l’actuelle frontière de facto entre les deux pays.

L’Inde, se considérant victime d’une agression, porte l’affaire devant le Conseil de sécurité de l’ONU, qui ordonne le retrait des troupes pakistanaises et l’organisation d’un référendum au Cachemire indien. Le Pakistan refuse et crée avec les territoires conquis une nouvelle province, l’Azad Cachemire (le Cachemire libre). Au lieu de consulter par référendum la population, l’Inde lui accorde alors un statut privilégié grâce à l’article 370 de sa Constitution, qui octroie un haut degré d’autonomie à l’Etat.

New Delhi continuera de nourrir de fortes suspicions envers les Cachemiris musulmans. Le pouvoir indien n’aura de cesse de tenter d’intercéder dans la politique locale pour garder la main – et éviter l’indépendance. Les aspirations à l’autodétermination qui prennent leur essor dans les années 1980 se nourrissent de ces ambiguïtés politiques. Un mouvement de protestation, le Tahrik, conduit en 1989 au boycottage des élections générales. Les groupes séparatistes et islamistes sont de plus en plus populaires dans la jeunesse. Le Pakistan promeut par le biais de ses services secrets une mouvance islamiste propakistanaise, qui recycle une partie des combattants issus de la lutte contre l’occupant soviétique en Afghanistan. Delhi y répond en mettant en œuvre des mesures d’exception pour gérer directement l’Etat et donner une large marge de manœuvre aux militaires et paramilitaires. Déployés en masse, ceux-ci multiplient les abus, sous forme de tortures, de détentions abusives et de violences. Fin des protections juridiques

Les groupes djihadistes les plus radicaux intensifient leurs actions et mènent des attentats-suicides – comme l’attentat de Fort rouge à Delhi en 2000, celui d’octobre 2001 à l’assemblée de Srinagar, qui fit 40 morts, et enfin celui du 13 décembre 2001 dans l’enceinte du parlement indien (15 morts). L’Inde masse ses troupes sur sa frontière occidentale avec le Pakistan, dans un face-à-face qui va durer jusqu’en octobre 2002.

L’abrogation de l’article 370, une promesse de longue date du parti au pouvoir, le BJP (Bharatiya Janata Party), est présentée par le gouvernement indien comme le moyen de rompre le cercle vicieux de la radicalisation pour permettre une relance économique. Mais elle signifie aussi la fin des protections juridiques dont bénéficiaient les Cachemiris – leur faisant craindre une vague de colonisateurs hindous.

Le Pakistan, qui revendique le territoire du Cachemire indien, a qualifié d’« illégale » la décision de New Delhi, puis décidé de rappeler son ambassadeur en Inde et de suspendre le commerce entre les deux pays. La Chine, qui soutient les revendications d’Islamabad, contrôle l’Aksai Chin, que les Indiens considèrent comme faisant partie de l’Etat de Jammu-et-Cachemire, mais qui est séparé de celui-ci par une ligne de contrôle héritée de la fin des hostilités entre l’Inde et la Chine en 1962. Mais Pékin fait aussi valoir qu’en affectant un territoire, le Ladakh, à l’ouest de sa ligne de contrôle avec l’Inde, cette décision va « affecter la stabilité des relations entre les deux pays ».

Brice Pedroletti


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