L’Amazonie, le G7 et les marionnettes

jeudi 29 août 2019.
 

Au caractère traditionnellement absurde des G7, tenant à l’écart entre la démonstration de puissance dont ils sont censés être le théâtre et la vacuité des déclarations qui en ressort, s’ajoute, dans le cas présent, un aspect sinistre. Car à Biarritz, les 24 et 25 août, les représentants des pays réunis en sommet (États-Unis, Allemagne, Japon, Canada, France, Italie et Royaume-Uni) joueront leur comédie à un moment où une partie du monde, centrale pour l’avenir de l’humanité, est en train de brûler : l’Amazonie, où les départs d’incendies se multiplient, symbolisant non seulement les méfaits de la déforestation, mais aussi, plus généralement, l’inertie des « grands » de la planète face à la catastrophe écologique en cours.

Ce sommet intervient par ailleurs à un moment où, plus que jamais, les « craquements » économiques du monde deviennent « assourdissants », comme l’explique Martine Orange, dans une analyse où il est question des menaces de récession en l’Allemagne et dans la zone euro, de l’essoufflement de la croissance américaine, de l’escalade des tensions entre la Chine et les États-Unis, du ralentissement chinois, de l’accroissement du dérèglement des marchés financiers, des risques liés au Brexit, etc.

En réponse à cette situation alarmante, il est vraisemblable que les « amis » du G7 n’infléchiront en rien leur mode de fonctionnement néolibéral. Un exemple, celui de l’Allemagne, souligné par Romaric Godin : confronté à une contraction de PIB, Berlin a indiqué n’avoir aucune intention de remettre en cause sa politique d’austérité budgétaire, malgré les dangers que ce choix fait peser sur l’économie du pays.

C’est donc du côté de la communication que peuvent venir les seules surprises de ce sommet. Quel dirigeant sera le plus au centre de la photo ? Emmanuel Macron, qui a rencontré en amont Vladimir Poutine et Boris Johnson en bilatéral, et qui, aujourd’hui, assume le bras de fer avec Jair Bolsonaro sur l’Amazonie et le Mercosur ? Ou Donald Trump, qui saura, à n’en pas douter, user de sa diplomatie-de-noms-d’oiseaux pour mieux provoquer des réconciliations de façade ? En matière de spectacle, les uns comme les autres pourraient avoir intérêt, pour couronner le tout, à ce que des débordements aient lieu dans les manifestations en marge du sommet, dans les rangs des anti-G7. Quoi de mieux, en effet, que des images de voitures brûlées pour détourner l’attention des égoïsmes nationaux et se présenter en défenseur de l’ordre et de la sécurité dans un monde que l’on a soi-même contribué à détraquer ?


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