À Bobigny, un procès politique comme les autres pour La France insoumise

lundi 23 novembre 2020.
 

Les 19 et 20 septembre 2019, 6 personnes dont 4 parlementaires de La France insoumise seront jugées à Bobigny concernant le déroulement des perquisitions au siège du mouvement. Un procès politique, qui vient s’ajouter à ceux de Gilets jaunes, de syndicalistes ou encore de militant·es écologistes qui se déroulent depuis des mois. La preuve qu’il ne fait pas bon être opposant à Emmanuel Macron.

Un procès "spectacle"

Pour rappel, le 16 octobre 2018, le parquet de Paris, directement dépendant de l’exécutif, lance une entreprise sans précédent contre des représentant·es d’un des principaux mouvements politiques d’opposition. 17 perquisitions simultanées se déroulent ce jour-là, au domicile de Jean-Luc Mélenchon, de ses ancien·nes assistant·es parlementaires, mais aussi au siège de La France insoumise et du Parti de Gauche. Une centaine de policiers est mobilisée afin de saisir, entre autres, le contenu intégral des téléphones et ordinateurs en chaque lieu.

Ce dispositif hors norme, réservé aux affaires de grand banditisme, est alors justifié par des accusations fantaisistes d’une élue d’extrême-droite, Sophie Montel, concernant les assistant·e·s parlementaires européen·nes de Jean-Luc Mélenchon et sur le compte de campagne (pourtant validé par la commission) de l’élection présidentielle de 2017.

1 an après, ces deux enquêtes restent sans nouvelles. Surprise, c’est donc bien la perquisition au siège de La France insoumise qui donnera l’occasion au procureur d’organiser un procès « spectacle » à Bobigny les 19 et 20 septembre prochains. Pour cela, les médias s’en donnent à cœur joie et participent volontiers à ce coup de force judiciaire. Des images tronquées et soigneusement choisies sont diffusées en boucle pour démontrer « l’inacceptable rébellion » des insoumis·es lors de cette perquisition. Des comptes-rendus des auditions ou des convocations à la presse sont également relayés grâce à de malencontreuses « fuites ».

À travers ce procès, c’est l’image de La France insoumise qui cherche a être attaquée comme celle de ses représentant·es en instrumentalisant la justice afin de les discréditer politiquement. Une technique d’abord utilisée contre les leaders populaires en Amérique latine et qui est maintenant présente sur les 5 continents. C’est le « lawfare » (faire la guerre par la loi), dénoncé dans une tribune signée à l’origine par plus de 200 personnalités à travers le monde. Un rassemblement est également organisé les 19 et 20 septembre afin de dénoncer ces procès politiques contre des opposant·es.

Utiliser la justice pour nuire à des opposants politiques ? Le lawfare

Macron : la dérive autoritaire

Le procès de Bobigny n’est pas un cas isolé, l’offensive sans précédent orchestrée contre La France insoumise rentre dans une stratégie plus globale de criminalisation des opposant·es à la politique d’Emmanuel Macron.

Le mouvement des Gilets jaune y fut tout particulièrement confronté : les milliers d’interpellations « préventives » et gardes-à-vue, les contrôles judiciaires ou encore les atteintes aux droits et libertés individuelles en témoignent. En janvier 2019, le Canard enchaîné dévoile par exemple les consignes explicites du parquet de Paris pour « ficher » les Gilets jaunes même si « les faits sont ténus » ou encore pour prolonger volontairement leurs gardes à vue afin d’amoindrir les futures mobilisations. La méthode choisie par le gouvernement pour faire taire les Gilets jaunes est sans équivoque : durcir le ton pour museler l’opposition. Dans cet objectif, les différentes lois répressives, notamment contre le droit de manifester sont venues alimenter l’arsenal autoritaire du pouvoir.

C’est par les mêmes procédés que les syndicalistes et militant·es écologistes subissent régulièrement une répression judiciaire cinglante et particulièrement sévère.

Nouvel exemple le 11 septembre 2019 lorsque 8 activistes et 1 vidéaste sont jugé·e·s au Tribunal de Paris, dans la 16ème chambre, réservée aux affaires terroristes.

Pourquoi ? Pour avoir dénoncé l’inaction climatique du gouvernement en participant aux décrochages de portraits du Président dans plusieurs mairies parisiennes. Des actions non violentes qui ont généré, dans de nombreux cas, un arsenal répressif démesuré : perquisitions, gardes à vues, interrogatoires et procès hors norme. 57 personnes ont ainsi été convoquées au tribunal pour « vol en réunion ». Rassemblement de soutien à Paris lors du procès des activistes pour le climat

Pour justifier ces dérives, Nicole Belloubet, ministre de la Justice, a réfuté tant bien que mal l’existence de toute justice politique en France, niant interférer dans les décisions du parquet afin de défendre Emmanuel Macron. Difficile à croire tant les faits lui donnent torts. La dépendance du parquet vis-à-vis de l’exécutif est d’ailleurs régulièrement pointée du doigt par diverses organisations dont le syndicat de la magistrature ou la Cour européenne des droits de l’homme.

Parce que ce procès prend place dans une longue série d’abus de la répression et de la violence contre les oppositions sociales, écologistes et syndicales qui ont valu à la France des mises en cause à L’ONU et à la Cour de justice européenne, le procès de Bobigny sera l’occasion pour La France insoumise de dénoncer toutes les victimes du macronisme autoritaire.


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