Des villages aux grandes villes, partout dans le monde, mobilisation inédite pour le climat

jeudi 26 septembre 2019.
 

Relativement peu suivies en France les manifestations ont été impressionnantes à Berlin et à Londres.

Plus de quatre millions de personnes, des jeunes en majorité, ont manifesté, vendredi 20 septembre, pour le climat, dans le monde. Au total, « 5 800 actions dans 163 pays, 73 syndicats, 820 associations de la société civile ou encore 3 024 entreprises » engagés dans ce mouvement de grève pour le climat, selon le bilan quantitatif présenté par l’ONG internationale 350.org, même si aucun comptage global n’a encore été réalisé. Soit bien plus que lors du dernier rendez-vous massif du 15 mars, quand la jeune lycéenne suédoise Greta Thunberg annonçait des manifestations dans 1 659 lieux différents et 105 pays. Commentant de New York les mobilisations de ce vendredi, l’égérie suédoise a déclaré : « Nous avons montré ce que nous pouvons faire, et c’est maintenant à eux [aux dirigeants] de montrer ce qu’ils peuvent faire. »

Il s’agit, pour 350.org, de « la plus grande mobilisation jamais enregistrée ». Des petits villages aux grandes agglomérations, sur tous les continents, des jeunes ont marché, criant leur inquiétude face à l’urgence climatique et leur colère face à l’inaction des gouvernements.

« Aucune mesure concrète »

Commencées en Asie, les manifestations ont été particulièrement réussies en Australie, avec près de 400 000 personnes, mais aussi des milliers de manifestants au Japon, en Inde, aux Philippines, au Pakistan ou encore en Thaïlande. La jeunesse africaine a elle aussi défilé, avec 5 000 personnes en Afrique du Sud, mais aussi des centaines de lycéens à Kampala, en Ouganda.

L’Allemagne remporte la palme du pays qui a le plus mobilisé, avec 1,4 million de marcheurs. La manifestation a été très suivie à Londres, avec 100 000 personnes dans les rues. Les jeunes se sont mobilisés aussi au Portugal, en Turquie, aux Pays-Bas, en Grèce, en Italie…

En France, 350.org annonce 40 000 manifestants dans plusieurs villes, soit quatre fois moins qu’en mars. Mais les 9 400 jeunes parisiens, selon un décompte indépendant par le cabinet Occurrence pour plusieurs médias, n’en étaient pas moins enthousiastes et incisifs dans leurs slogans – « Quand on sera grands, on voudrait être vivants » –, et maniant l’humour – « Papy, c’est quoi un bonhomme de neige »… Pour cette première manifestation « scolaire » de la rentrée, la dénonciation du président Emmanuel Macron et du gouvernement est restée une tendance lourde. « Le kérosène, c’est pas pour les avions, c’est pour brûler les idées de Macron » recueillait un franc succès.

« 5 000 manifestations dans 200 pays, cela montre bien que les jeunes en ont marre qu’on ne les écoute pas, qu’aucune mesure concrète n’est prise face à l’urgence climatique. On a entre seize et dix-huit mois pour agir », résumait Marie Chureau, militante de Youth for Climate, étudiante en droit à l’université de Nanterre. A Paris, une grande manifestation était prévue samedi. D’autres initiatives suivront la semaine prochaine, de Juneau en Alaska à Suva dans les îles Fidji, de Novossibirsk en Russie à Lima au Pérou…

Rémi Barroux

• Le Monde. Publié le 22 septembre 2019 à 09h54, mis à jour à 17h23 : https://www.lemonde.fr/planete/arti...

Devant la porte de Brandebourg, à Berlin, une foule immense pour le climat

Déçus par le « plan vert » d’Angela Merkel, les Allemands ont défilé massivement, vendredi, dans plus de 500 villes allemandes.

Environ 100 000 personnes à Berlin selon la police ; 270 000 selon le mouvement Fridays for Future. En prenant connaissance de ces chiffres, Lena « n’en revien[t] pas ». C’est en février que cette lycéenne de 16 ans a pour la première fois séché les cours pour manifester contre le réchauffement climatique, un vendredi, au pied du ministère allemand de l’économie. Elle était venue avec sa meilleure amie, elles étaient les seules de leur classe à être là et elles n’avaient rien dit à leurs parents. « Ce jour-là, on était peut-être 500 ou 1 000. Et déjà, ça m’avait semblé pas mal », se souvient-elle. Vendredi 20 septembre, c’est avec une dizaine d’amis, sa mère, sa tante et un cousin qu’elle s’est mêlée à la foule immense rassemblée devant la porte de Brandebourg, à l’appel de Fridays for Future.

Quelques mètres plus loin, Ulla Bahr, elle, assure qu’elle n’est « pas du tout surprise » de voir tant de monde. Cette jeune retraitée a constaté dans son entourage, « plutôt conservateur et assez peu écolo », que l’avenir de la planète « est devenu un sujet de conversation quotidien » ces derniers mois. Elle situe le « tournant » à l’été 2018, lors duquel une « sécheresse historique » a frappé l’Allemagne. Elle-même n’avait jamais manifesté jusque-là contre le réchauffement climatique. Mais, vendredi, cela lui a paru « évident », à la fois parce que c’était une « journée mondiale de mobilisation » et parce que le gouvernement présentait son « plan climat » et qu’il lui semblait « important de venir lui mettre la pression ».

Négocié jusqu’à la dernière minute après dix-neuf heures de difficiles tractations à la chancellerie, ce plan, à vrai dire, ne semblait guère susciter d’espoir parmi les manifestants. De sorte qu’en découvrant son contenu sur leur smartphone, beaucoup exprimaient davantage d’indifférence que de colère. A l’instar de Peter Lange, venu avec sa fille de 8 ans : « Je ne suis pas déçu étant donné que je n’attendais rien », explique ce cuisinier pour qui « la seule mesure intéressante » est l’augmentation des taxes sur les vols intérieurs en Allemagne.

« C’est historique »

Agée d’une cinquantaine d’années, Monika, elle, n’a suivi que d’un œil distrait les annonces du gouvernement. A ses yeux, de toute façon, « l’essentiel ne se joue plus là », dit-elle en pointant du doigt le Reichstag, siège du Parlement fédéral, à 100 mètres derrière elle. « Les lois, les subventions, les taxes, c’est très bien, mais le plus important, c’est les comportements des gens, c’est à chacun de nous de changer nos modes de vie et de consommation », dit-elle.

« Impressionnée » par cette marée humaine, cette électrice écologiste est convaincue que « quelque chose d’important » est en train de se passer. « Quand je vois tous ces jeunes, ça me rappelle les immenses manifestations contre le nucléaire et pour la paix auxquelles on participait dans les années 1980 », dit-elle, avant d’ajouter : « Et voir ça, ici, porte de Brandebourg, presque trente ans après la chute du Mur, qui passait juste là, devant nous, je ne sais pas quoi vous dire. Il y a un élan, une prise de conscience. Je suis fière de cette jeunesse… Oui, ça me touche énormément… »

Au total, 1,4 million de personnes ont défilé dans plus de 500 villes allemandes, vendredi. « Nous n’avons jamais été aussi nombreux, à Berlin et en Allemagne. C’est historique. Je suis bouleversée », a commenté Luisa Neubauer, principale figure de Fridays for Future outre-Rhin, sur Twitter. Qualifiant de « désastreux » le plan de Mme Merkel, le mouvement a prévenu le gouvernement : « Nous ne nous arrêterons pas tant que vous ne prendrez pas cette crise au sérieux. »

Thomas Wieder (Berlin, correspondant)

• Le Monde. Publié le 21 septembre 2019 à 09h47 : https://www.lemonde.fr/planete/arti...

A New York, les jeunes se mobilisent massivement pour conjurer la peur de la crise climatique

Plus de 250 000 manifestants, selon les organisateurs, ont défilé à Manhattan, vendredi, pour faire pression sur les dirigeants, à la veille d’un sommet de l’ONU pour le climat.

« Les grandes foules me rendent anxieuse, mais le changement climatique encore plus. » Comme sa pancarte le suggère, Jane Gosden s’est fait violence pour descendre dans les rues de New York, vendredi 20 septembre, lors de la journée de mobilisation mondiale contre le dérèglement climatique. A ses yeux, il s’agit désormais, ni plus ni moins, de « sauver son futur, celui de [sa] génération et des suivantes », même si elle craint « qu’il ne soit déjà trop tard ». Alors, la jeune femme de 35 ans a pris son courage et son écriteau à deux mains et, pour la première fois de sa vie, s’est mêlée aux manifestants.

Ils étaient 250 000, selon les organisateurs, et 60 000, selon la mairie, à défiler dans le sud de Manhattan pour arracher aux dirigeants des mesures drastiques contre l’envolée des températures. En grande partie des jeunes, encouragés par les autorités de la ville, qui avaient donné leur bénédiction aux élèves souhaitant sécher l’école. Leurs slogans, comme ceux brandis dans un millier d’autres villes américaines, rivalisaient de bons mots : « Les dinosaures eux aussi pensaient avoir du temps », « Les océans se lèvent et nous aussi », « Ne laissez pas la génération Z être la dernière » ou encore « Don’t be a fossil fool » – jeu de mots entre énergies fossiles (fossil fuels) et idiot (fool).

Si New York se transforme, l’espace de quelques jours, en capitale mondiale de la lutte contre le changement climatique, c’est qu’elle doit accueillir, lundi 23 septembre, un sommet exceptionnel sur le climat à l’ONU en présence d’une soixantaine de chefs d’Etat et de gouvernement. « Nous allons forcer les dirigeants à nous écouter. Le changement arrive, qu’ils le veuillent ou non », s’est exclamée, à la fin de la manifestation, l’iconique Greta Thunberg, sous des salves d’applaudissements dans un Battery Park bondé.

« Notre maison est en feu »

La jeune Suédoise, qui a lancé le mouvement des grèves scolaires du vendredi (« Fridays for Future ») à l’été 2018, est arrivée aux Etats-Unis fin août, après avoir traversé l’Atlantique à bord d’un voilier neutre en carbone. Devant les milliers de jeunes qu’elle a inspirés, elle a réitéré son appel à l’action : « C’est une situation d’urgence. Notre maison est en feu, et ce n’est pas seulement celle des jeunes, mais notre maison à tous. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. »

Ce dérèglement climatique, ils se disent toujours plus nombreux à le ressentir. A l’image de Beckett, Cody et Fritz, âgés de 12 et 13 ans, qui remarquent qu’à New York les étés sont de plus en plus chauds – « il fait d’ailleurs 28 °C aujourd’hui » – et que la neige se raréfie l’hiver. « On est désormais touchés chaque année par des cyclones, qui font des ravages tant pour les vies humaines que pour l’agriculture », complète Maria Zuniga, 16 ans, venue de Caroline du Nord, un Etat dont les côtes ont été secouées par l’ouragan Dorian, début septembre.

Parfois, les effets de la crise environnementale affectent jusqu’à leur santé. « En 6e, on m’a diagnostiqué des palpitations cardiaques, résultant de la pollution de l’air, qui est très forte là où je vis, à Los Angeles », témoigne Kevin Pastel, intervenu à la tribune à la fin de la marche. « Moi, je souffre d’asthme, un mal qui affecte particulièrement ma communauté latino-américaine », ajoute Isabella Fallahi, habitante de l’Indiana. Comme elle, Zaria Feliax, une lycéenne new-yorkaise de 17 ans, observe que le changement climatique « touche plus durement les personnes de couleur, parce que ce sont les plus pauvres ».

« On va bientôt voter »

Selon un vaste sondage réalisé par le Washington Post et la Kaiser Family Foundation, 86 % des adolescents et des jeunes adultes américains considèrent que les humains sont en train de modifier le climat de la planète, et 70 % estiment que ce dérèglement climatique leur causera du mal, ainsi qu’à l’ensemble de leur génération.

Mais ce sujet, qui figure désormais parmi leurs principales préoccupations, « n’est pas pris au sérieux par les politiques », regrettent Louis Couillard, 22 ans, et trois amis québécois, qui ont rejoint New York en onze heures de train depuis Montréal, où ils sont les porte-parole du mouvement Fridays for Future. « Les dirigeants doivent arrêter de faire des beaux discours et agir dès aujourd’hui pour parvenir à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici à 2030, comme le préconise le GIEC », le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

Alors, pour conjurer leur peur, une partie de ces jeunes a décidé de s’engager. « Aujourd’hui, les dirigeants n’écoutent pas la science et ne nous écoutent pas. Mais ils finiront par le faire car on va bientôt voter », promet Rose Houck, 17 ans, qui a rejoint l’association Alliance for Climate Education afin de sensibiliser les jeunes au changement climatique et de les pousser à agir. Lors de l’élection présidentielle de 2020, elle choisira le candidat qui prendra la question climatique, « sa priorité numéro 1 », le plus au sérieux.

Tous en sont convaincus, leur mobilisation aura un impact politique. « Je pense que cette mobilisation pourra déboucher sur des avancées, comme l’avait fait le mouvement pour les droits civiques », assure Zaria Feliax. « La voix des jeunes porte plus que celle des adultes car ils incarnent le futur », juge Oliver Utne, 33 ans, qui espère qu’un candidat comme Bernie Sanders (sénateur démocrate du Vermont) pourra éviter une réélection de Donald Trump.

Pour que les politiques aient peur du pouvoir des jeunes

Depuis plusieurs mois, les jeunes Américains, notamment le Sunrise Movement – un mouvement né en 2017 –, ont contribué à installer le climat comme un sujet majeur du débat public aux Etats-Unis. Ils ont convaincu la chaîne CNN de diffuser sept heures de débat en direct sur la crise climatique, une émission à laquelle ont participé dix candidats à la primaire démocrate. Ils ont également réussi à faire débattre une partie de la classe politique sur l’idée d’un « Green New Deal », un plan qui exhorte le gouvernement à financer des mesures environnementales et sociales très ambitieuses.

« On va continuer à faire grandir le mouvement afin que les politiques non seulement soient conscients du pouvoir des jeunes, mais également qu’ils en aient peur », prévient Varshini Prakash, directrice et cofondatrice du Sunrise Movement. Pour cela, elle appelle les jeunes à « se mobiliser massivement », en signant des pétitions, en faisant du porte-à-porte et en votant, s’ils en ont l’âge, « pour évincer les candidats qui soutiennent encore les énergies fossiles ».

« Toutes les demandes des jeunes activistes du climat sont-elles raisonnables ?, s’interroge Dan Lashof, directeur du think tank américain World Resources Institute, dans une note de blog. Probablement pas, mais ce qui est encore moins raisonnable, c’est de reléguer les jeunes dans l’avenir dégradé que nous leur destinons du fait des politiques climatiques lamentablement inadéquates mises en place par les générations précédentes. »

Audrey Garric (New York, envoyée spéciale)

• Le Monde. Publié le 21 septembre 2019 à 05h45, mis à jour à 08h41 : https://www.lemonde.fr/planete/arti...

En Afrique aussi, les jeunes prennent leur place dans la mobilisation mondiale pour le climat

Le désinvestissement des énergies fossiles fait partie des principales revendications portées par les organisations de la société civile du continent.

L’Afrique n’est plus invisible sur la carte mondiale de la mobilisation pour le climat. L’appel à participer à la grève mondiale, ce vendredi 20 septembre, a été relayé dans vingt-cinq pays du continent. Des marches y sont également prévues, le lendemain, en écho à la manifestation organisée à New York en marge du sommet convoqué par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutteres, du 21 au 23 septembre pour demander aux pays d’accroître leurs efforts contre le changement climatique.

« Les jeunes seront devant car c’est de leurs vies qu’il s’agit. Ils prennent conscience que la crise climatique va bloquer leur avenir si les gouvernements n’agissent pas comme ils le devraient », expose Landry Ninteretse, coordinateur du mouvement 350.org pour l’Afrique. « 182 événements sont prévus à travers le continent. C’est trois fois plus que lors de notre dernière mobilisation du 25 mai à l’occasion de la journée de l’Afrique. Cela donne de l’espoir ».

350.org est une campagne mondiale contre la poursuite de l’exploitation des énergies fossiles. Le mouvement parti des Etats-Unis, il a dix ans, se diffuse progressivement sur tous les continents. Trois bureaux ouverts à Cotonou, Johannesburg et Nairobi assurent le relais en Afrique. Son nom fait référence au seuil de 350 parties par million (ppm) de concentration de CO2 dans l’atmosphère défini comme dangereux par plusieurs scientifiques. La concentration actuelle dépasse 400 ppm.

De « grands projets inutiles »

La pauvreté et le manque d’accès à l’électricité qui touchent encore plus de la moitié de la population ne peuvent justifier que l’Afrique construise ses capacités énergétiques sur les ressources les plus polluantes en particulier le charbon. « L’Afrique dispose d’un potentiel d’énergies renouvelables tout à fait suffisant pour satisfaire ses besoins. Nous ne voulons pas être le dernier eldorado des multinationales du pétrole et du charbon qui par leurs projets portent atteinte à notre santé, au climat et à la biodiversité. Nos gouvernements doivent entendre ce message », poursuit le militant écologiste.

Comme en Europe ou aux Etats-Unis, quelques « grands projets inutiles » menés contre la volonté des populations locales symbolisent désormais ce combat. Ils s’appellent Bargny au Sénégal, Lamu au Kenya, San Pedro en Côte d’Ivoire, Virunga en République démocratique du Congo ou Kasese en Ouganda. « Il faut fermer la centrale à charbon de Bargny construite au milieu de villages de pêcheurs qui n’ont que la mer pour gagner leur pain. Le discours qui consiste à dire que nous pouvons polluer parce que nous sommes pauvres et pas responsables du réchauffement climatique n’est plus acceptable. Le Sénégal a signé l’accord de Paris qui donne à chaque pays sa part de responsabilité même si elle est différenciée », rappelle Mamadou Barry, directeur de l’ONG locale Action solidaire international et membre de 350.org.

De grandes voix du continent appellent aussi les dirigeants à abandonner cette attitude qui consiste à dépeindre l’Afrique comme la grande victime du dérèglement climatique tout en menant des politiques qui ne peuvent qu’alimenter la catastrophe. Dans une tribune publiée le 12 septembre par le magazine américain Time, Graça Machel, l’ancienne ministre de l’éducation du Mozambique, exhorte les responsables africains « à être plus volontaires dans le développement des énergies renouvelables. A refuser d’être les récipiendaires passifs d’une aide extérieure assortie de conditions ».

« Une question de survie »

« Les leaders politiques doivent écouter la société civile et les militants de la cause climatique », poursuit-elle, en dénonçant également « la responsabilité des multinationales de l’énergie, des bailleurs et des investisseurs qui font pression pour continuer à financer des projets fossiles en Afrique ». Au cours des cinq dernières années, plus du tiers des nouvelles découvertes de gisements de gaz et de pétrole ont eu lieu en Afrique subsaharienne, selon l’Agence internationale de l’énergie.

Le cyclone Idai qui a balayé le Mozambique au début de l’année, faisant plus de 600 victimes, rayant quasiment de la carte Beira, l’une des principales villes du pays, a une nouvelle fois montré la violence des catastrophes naturelles dans les pays dépourvus de moyens pour s’y préparer et en réparer les dégâts. « Les conséquences du dérèglement climatique sont une question de survie pour des millions d’Africains. Nous sommes la région du monde la plus vulnérable. Qui mieux que nous pouvons plaider pour la justice climatique ? », s’interroge Landry Ninteretse, en rappelant le sort des populations en majorité rurales, dont les revenus de subsistance sont déjà affectés par l’élévation des températures et l’instabilité des régimes pluviométriques.

Sur le point de rejoindre New York, le Mauritanien Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies contre la désertification, ne peut que lui donner raison : « Les jeunes Africains devraient être les premiers à s’inquiéter et à se mobiliser pour le climat. Ils sont la nouvelle génération qui va souffrir de ces quantités excessives de gaz à effet de serre que nous avons laissé s’échapper dans l’atmosphère. Nulle part dans le monde autant d’hommes dépendent autant d’une fine couche de terre et de la pluie pour les nourrir. »

Laurence Caramel

• Le Monde. Publié le 20 septembre 2019 à 17h26 :


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