Hong Kong : les manifestants retranchés dans un campus, un policier blessé par une flèche

jeudi 21 novembre 2019.
 

Un policier hongkongais a été blessé dimanche 17 au mollet par une flèche tirée par un manifestant lors de violents heurts autour d’un campus de la péninsule de Kowloon, devenu ces dernières heures la principale base arrière de la contestation pro-démocratie.

L’ex-colonie britannique traverse depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, une contestation qui a atteint cette semaine de nouveaux sommets de violence.

- Les médias officiels chinois ont plusieurs fois averti que l’armée chinoise, qui compte des garnisons dans la région semi-autonome, pourrait intervenir pour mettre au pas la contestation.

- Le président chinois Xi Jinping lui-même a adressé cette semaine sa mise en garde la plus claire à ce jour, en affirmant que la mobilisation qui secoue Hong Kong depuis juin menaçait le principe « un pays, deux systèmes » qui avait présidé à la rétrocession.

Les manifestants ont promis de poursuivre lundi 18 les opérations de blocage afin d’« étrangler l’économie » de la place financière hongkongaise qui est désormais en récession.

La ville a déjà été la semaine dernière paralysée par les actions en tout genre, alors que

- des cols blancs manifestaient pendant leur pause déjeuner

- et que des radicaux vêtus de noir utilisaient des catapultes contre la police, ou s’emparaient des arcs et des flèches dans les facs de sport.

« Besoin d’une base »

Dimanche 17, des centaines d’activistes étaient retranchés dans l’Université polytechnique de Hong Kong (PolyU), à Kowloon, en s’engageant à la défendre de toute tentative de reprise en main par la police, en promettant aussi de continuer à bloquer le Cross Harbour Tunnel, un des trois tunnels routiers desservant l’île de Hong Kong, qui est fermé depuis mardi.

Nous avons besoin « d’une base pour entreposer notre matériel et nous reposer la nuit, avant la bataille du lendemain matin », a expliqué un étudiant de 23 ans de la PolyU se faisant appeler Kason.

- Ils ont lancé des cocktails Molotov sur les véhicules surmontés de canons à eau quand ils s’approchaient et lancé des pierres avec une catapulte artisanale du toit de l’université, empêchant la progression des forces de l’ordre sur des rues jonchées de débris.

- Un journaliste de l’AFP a même vu sur un toit faisant face à la police un détachement d’archers masqués armés d’arcs de compétition et flanqués de guetteurs utilisant des jumelles.

Des photographies diffusées par la police montraient une flèche plantée dans le mollet d’un membre d’une équipe travaillant à la communication des forces de l’ordre, et déployée près de la PolyU. Le policier a été hospitalisé.

« Scène d’émeutes »

La police a dénoncé une utilisation d’« armes létales » et qualifié le campus de « scène d’émeute ». Une condamnation pour participation à une émeute est passible de dix ans de prison.

En se repliant ainsi sur une « base » à défendre, les manifestants font de nouveau étalage de leur capacité d’adaptation.

La contestation s’est intensifiée lundi dernier avec des opérations continues de blocage d’universités et de quartiers périphériques, en application d’une nouvelle stratégie baptisée « Eclore partout » (Blossom Everywhere), qui consiste à multiplier les actions pour éprouver au maximum les capacités de la police.

Conséquence, un blocage général des transports en commun, qui a considérablement compliqué la tâche des employés allant au travail, et qui a entraîné la fermeture des écoles et de nombreux centres commerciaux, et d’innombrables heurts entre avec la police.

Un tract posté sur un forum préconisait pour lundi 18 « une action à l’aube », laissant entendre que les blocages pourraient durer : « Levez-vous tôt, visez directement le régime, étranglez l’économie pour accroître la pression » .

Le gouvernement a annoncé que les écoles demeureraient fermées lundi, par mesure de sécurité.

Le mouvement avait débuté en juin sur le rejet d’un projet de loi qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine. Le texte a été suspendu en septembre mais la mobilisation avait entretemps considérablement élargi ses revendications pour demander le suffrage universel ou encore une enquête sur les violences policières. Des soldats chinois dans la rue pour participer au nettoyage

La détermination des manifestants s’est heurtée ces derniers mois à l’intransigeance des autorités, faisant basculer la région semi-autonome dans une spirale de violence.

Deux personnes ont péri depuis le début du mois.

Dimanche, l’autorité aéroportuaire locale a annoncé une chute du trafic de 13% en octobre par rapport à octobre 2018, avec 5,4 millions de passagers.

Dans la matinée, des dizaines de partisans du gouvernement s’étaient rassemblés pour tenter de déblayer les barricades bloquant non loin de la PolyU l’entrée du Cross Harbour Tunnel, mais des manifestants sont intervenus pour les en empêcher, entraînant de premiers heurts avec la police.

Samedi 16, des soldats de la garnison de l’Armée populaire de libération (APL) installée dans une caserne un peu plus au nord, voisine de l’Université baptiste de Hong Kong, sont brièvement sortis de leur cantonnement pour participer au nettoyage des rues qui avaient été bloquées.

Cette apparition est rarissime, l’armée chinoise faisant normalement profil bas à Hong Kong, mais elle est fortement symbolique : la dénonciation des ingérences chinoises dans les affaires de la région semi-autonomes sont au cœur des revendications des manifestants.

Le gouvernement de Hong Kong a indiqué dans la soirée n’avoir « pas sollicité » l’aide des soldats chinois, qui ont « pris cette initiative eux-mêmes ».


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